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[Fic] La légende des Six samouraïs
Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [01/12/2016] à 23:14

Un vieux personnage est de retour pour ce chapitre. Du coup, je vous invite à jeter un œil au chapitre 6 pour mieux comprendre à quoi les différents persos font référence par moment 😉


Chapitre 34 : Denko Sekka, le match retour



Spoiler :



La nuit fut courte pour Zanji. Cette histoire de visage l’avait perturbé jusqu’au petit matin, l’empêchant de dormir malgré son corps épuisé qui réclamait du repos. Ses camarades avaient trouvé des futons dans une chambre apparemment libre. Dans la pièce, un vague effort de décoration avait été fait avec des inscriptions de soldats sur les murs, destinées à rendre moins monotone le petit espace carré taillée dans la roche. Une simple fenêtre donnait sur la cour intérieure, ce qui permettait à la pièce d’être alimentée en luminosité. Ce fut d’ailleurs la lumière de l’aube qui réveilla les camarades de Zanji, encore tous assoupis. Les samouraïs se levèrent, pressés par des bruits de pas qui retentissaient déjà dans le couloir. A 6h, la plupart des guerriers étaient déjà debout.


En se joignant à eux, ils aperçurent avec stupéfaction que la salle de réunion de la veille s’était transformée en une gigantesque cantine. Une petite centaine de soldats se tenait sur le vieux tatami, bol de riz en main, dévorant avidement leur ration du matin. Il fallait des forces pour se battre. Alors qu’ils allaient s’installer parmi les soldats avec leur propre repas, le Solitaire Shiranui apparut sur l’estrade du fond de la pièce. Tout le monde se tut : des nouvelles importantes allaient être transmises.


– Bonjour à tous. Hier soir, pendant que vous fêtiez les bonnes nouvelles venues des Rizières, le commandement a pris des décisions. Le Maître Moine, le Spadassin D'un Pays Lointain, l’Envoyée Des Six Samouraïs et moi-même avons décidé d’agir dès maintenant. Dès aujourd’hui, d’ici quelques heures, nous allons marcher sur les Rizières aux côtés de nos camarades.


Il n’y eut pas d’agitation dans la salle, la La Troupe Exilée dans son ensemble s’y était préparée. Fini l’entraînement, les petites actions dans les villages, cette fois c’était la vraie guerre qui commençait.


On termina tranquillement son bol de riz un peu partout, avant de partir pour la réserve. L’arsenal de la troupe était considérable. La base dans laquelle ils avaient trouvé refuge était en fait une caserne de soldat bien avant les évènements d’il y a 10 ans, un relais local Shiranui oublié par les Shien. En plus de leur katana de service, les soldats qui y vivaient avaient pu récupérer les armes oubliées dans ce repère. Le groupe, d’une dizaine de personnes au départ, avait petit à petit gonflé en retrouvant les soldats éparpillés dans le royaume. A l’heure de quitter ces murs, ils étaient plus d’une centaine.


Il devait être 11 heures lorsque l’ensemble de la troupe fut prêt. A la surprise des samouraïs, la petite armée ne se dirigea pas vers la cour extérieure où se trouvait la sortie. Au lieu de cela, les soldats s’engouffrèrent dans une pièce au plus profond du repère, dans le flanc de la montagne. Il y avait là une pente douce qui descendait visiblement au pied de a montagne.


– Elle mène à un village situé en contrebas, leur expliqua t-on. Même les chevaux peuvent passer, si on les fait descendre avec précaution. Ce passage ne peut s’ouvrir que de l’intérieur.


Les samouraïs acquiescèrent. Il y en eut pour une demi-heure de descente environ. La pente était abrupte, et uniquement éclairée par les torches des soldats. Il était très facile de glisser en contrebas et de se blesser. Après cette première épreuve, le groupe parvint enfin à rejoindre la sortie. Celle-ci était dissimulée de l’extérieur par un gros rocher en pierre, qui devait être poussé par plusieurs hommes en même temps. On s’activa, et la voie fut dégagée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Derrière ce rocher, on pouvait apercevoir le commencement d’un petit village, qui à vue d’œil devait être doté d’une cinquantaine d’habitants.


Quelle ne fut pas la surprise de ces locaux lorsqu’ils virent une centaine de soldats et leurs montures surgir du flanc de la montagne. Les artisans qui travaillaient dans la rue principale en restèrent bouche-bée, incapable de continuer à travailler pendant plusieurs minutes. On crut d’abord à une invasion Shien, mais de toute évidence ces guerriers ne portaient pas les couleurs du Régime maudit de tous. Qui étaient-ils donc ?


La Troupe Exilée ne s’arrêta pas. Quitter la montagne où ils résidaient depuis tout ce temps était une chose, mais ils étaient encore loin de la région des Rizières. Ils avaient beau se trouver à une altitude qui restait élevée, les pentes se firent progressivement plus douces. Ils n’avaient plus besoin de tenir les chevaux par le harnais, et pouvaient désormais cavaler sur leur dos. Encore une demi-heure plus tard, ils étaient enfin aux pieds des Montagnes, tout au sud de la région.


Ils y trouvèrent l’une des principales routes qui traversaient le royaume entier. Celle-ci se contentait en effet de longer les massifs montagneux et n’osait pas s’en approcher davantage, à cause des hauteurs bien trop difficiles d’accès pour le commun des voyageurs. A l’Ouest, la route menait logiquement vers les Rizières. A l’Est, elle se dirigeait vers les Forêts. Il y avait aussi une troisième voie qui donnait vers le Sud, c’est-à-dire en direction des Plaines et de la capitale.


– C’est ici que nous nous séparons, déclara l’Envoyée Des Six Samouraïs. Les rizières se trouvent à l’Ouest. Moi, j’emmène les samouraïs plus à l’Est.


– Alors qu’il en soit ainsi, souffla le Samouraï Shiranui. Mais, ne tarde pas, Mizuho. La Résistance unifiée va rapidement avoir besoin de ces jeunes guerriers.


La femme hocha la tête. Il y en avait pour un jour, peut être deux. Les centaines de soldats sur place pourraient bien se débrouiller sans eux pendant ce temps. La Troupe Exilée et ses commandants disparut bientôt au loin. Dans la direction opposée, les samouraïs se mirent en marche.


– Maintenant que nous sommes seuls, pourriez-vous nous dire où on va ? demanda Nisashi avec curiosité.


– Nous allons dans un temple situé à la frontière entre les Montagnes et les Forêts. Il y a un certain nombre de choses qui permettront d’achever votre formation.


Elle se tourna plus spécifiquement vers Zanji :


– Tu trouveras les réponses que tu cherches là-bas, comme je te l’ai promis.


Le jeune homme ne répondit rien. Il était à la fois soulagé et inquiet à l’idée d’avoir une réponse, qu’on lui dise enfin à qui il ressemblait tant.


– Mais vous ne pourrez pas rentrer si facilement, continua-t-elle. Il vous faudra battre la gardienne du temple pour qu’elle vous laisse passer. Considérez ça comme un entraînement.


Personne ne répondit. Les samouraïs étaient encore dans le flou. Ce périple, qui les éloignait du front des rizières, était-il vraiment nécessaire ?


Ils arrivèrent finalement à destination. En s’éloignant quelque peu de la route principale, ils tombèrent sur une bâtisse qui ressemblait à un temple au sommet d’une petite colline. Une femme se tenait devant le temple, épée à la main. Elle portait une armure grise aux reliefs mauves, comme si elle s’était préparée à leur venue. Elle paraissait sérieuse, prête à en découdre avec tous ceux auraient l’intention de violer le sanctuaire. En s’approchant, les samouraïs furent surpris de reconnaître le visage de la demoiselle aux longs cheveux bruns. Il s’agissait de celle qu’ils avaient affronté il y a quelques semaines au Temple des Six, la redoutable Denko Sekka.


– Alors ça y est, tu as jugé qu’ils étaient dignes de venir ici, Mizuho ? lança t-elle en les voyant arriver en contrebas de la colline.


– Leur entrainement a été accéléré par le combat en situation réelle, expliqua l’intéressée. Ils se sont battus contre des officiers Shien dans la région des rizières.


– Hum, je vois, commenta-t-elle. Mais je les ai déjà affrontés il n’y a pas si longtemps, et ils n’étaient clairement pas au niveau…Tu crois qu’en si peu de temps ils sont devenus assez forts pour gagner le droit d’entrer dans le temple ?


– Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir.


La gardienne ricana.


– Bon, toi ! lança-t-elle à Zanji. Tu fus le seul capable de m’atteindre la dernière fois. Et encore, c’était à cause d’un manque de concentration de ma part. Mais je ne me laisserai pas avoir cette fois-ci. Que penses-tu de me ré affronter en solo ?


Avant que le lancier ne puisse répondre, Irou objecta en toussotant.


– Lorsque vous avez affronté cette femme, je n’étais pas parmi vous, rappela-t-il. Je voudrais tenter ma chance face à elle moi aussi.


– Pourquoi pas, accorda Denko. Montre-moi donc ce que tu sais faire !


Le samouraï n’en attendit pas plus pour fondre sur son adversaire aussi vite qu’il le put. Sa vitesse, en revanche, était dérisoire pour Denko Sekka. La femme était capable de se déplacer à une vitesse extrême, si bien que même un œil attentif avait du mal à suivre ses mouvements. Certains disaient qu’elle se mouvait à la vitesse de l’éclair, d’autres insinuaient qu’elle était le tonnerre lui-même. Sans aucune difficulté, elle contourna Irou pour se retrouver dans son dos.


– Par quelle magie ?!


– Il n’y a pas de magie avec moi, juste de la force !


Comme pour illustrer ses propos, elle tenta un puissant coup de katana dans le dos du samouraï. Mais celui-ci, à sa grande surprise, fut en mesure de répliquer avec sa fameuse technique :


Renversement de Situation !


– Les pièges ne fonctionneront pas sur moi ! renchérit-elle en parant la contre-attaque.


Forcée de constater que son attaque avait été un échec, elle fut toutefois contrainte de reculer.


– Comment as-tu pu me voir venir ? Ce n’est pas donné au commun des mortels…


Il sourit.


– Justement, je ne t’ai pas vu. Sache que je suis aveugle. La visière que je porte m‘aide à savoir à peu près ce qui se trouve autour de moi, mais je ne l’utilise pas quand je combats. Non, je me repose sur mes autres sens. Tu vas peut-être trop vite pour être vue, mais je peux t’entendre, te sentir. Et répliquer bien plus vite que tu ne le crois.


– C’était donc ça…Tu es peut-être un peu meilleur que les autres, alors. Mais désolée, ça ne suffira pas. Je n’ai qu’à augmenter la vitesse.


Personne ne vit le coup venir, pas même Irou. En quelques fractions de secondes, la gardienne traversa la dizaine de mètres qui les séparaient et brandit de nouveau son épée sur lui. Avec l’énergie conférée par la vitesse, elle enfonça le dos de l’épée dans le torse du guerrier. Emporté par une telle force, le jeune homme recula de quelques pas en titubant, avant de tomber à genoux, recroquevillé sur le ventre. Il n’était pas blessé, mais en touchant certains points de l’organisme elle l’avait rendu incapable de combattre plus longtemps.


Irou ! crièrent ses camarades en se précipitant auprès de lui.


– Qui est le suivant ? A moins que vous ne vouliez tous venir en même temps ? Si vous êtes moins forts que lui, autant rentrer chez vous dès maintenant…


– Il vaut mieux y aller tous ensemble, suggéra Nisashi. Sans cela, nous n’y parviendront pas.


– Je te rappelle qu’elle m’a défié en solo, rappela Zanji, plus révolté que jamais par la défaite de son camarade. Je vais lui faire ravaler son orgueil !


Il brandit son naginata et entreprit à son tour d’atteindre la dangereuse guerrière. Il n’avait peut-être pas les sens d’Irou, mais son arme disposait d’une portée considérable. Malgré sa vitesse, elle ne s’approcherait pas facilement.


– Je me suis laissée surprendre par ton visage la dernière fois, mais ça ne marchera pas deux fois ! prévint-elle en esquivant en arrière une allonge de naginata.


Le lancier continua d’attaquer, mais semblait visiblement perturbé.


– Mon visage ?


– Ouais. Le même que ce type…Mais je te rassure…


Elle bondit sur lui, sautant par-dessus le champ d’action de son naginata avec une agilité déconcertante.


– …tu ne lui arrives pas à la cheville !


Elle retomba juste devant lui, et accrocha ses mains à ses épaules. En exerçant une pression avec ses mains, elle parvint à le repousser en arrière.


– Tu es faible !


– Tu connais le nom de l’homme à qui je ressemble ? demanda le lancier avec rage.


– Ça se pourrait bien, répondit Denko Sekka, satisfaite de voir la colère monter chez le samouraï.


– Tu vas me le dire…MAINTENANT !!


Il s’était à nouveau jeté sur elle, avec sa lance braquée dans les airs, à la verticale.


– Il faudra me BATTRE !


Elle courut également vers lui à toute vitesse. Tout se passa en quelques fractions de secondes. Denko esquiva sur la gauche la lame, qui retomba au sol quelques secondes plus tard dans un grand fracas. A ce moment, elle se dit que c’était fini, qu’il ne pourrait plus répliquer car son naginata s’était enfoncé dans le sol, qu’elle n’avait plus qu’à lui asséner le coup de grâce. Mais l’impensable se produisit. Alors qu’elle contournait le samouraï, leurs regards se croisèrent. Les yeux pleins de détermination de Zanji la toisèrent, alors qu’elle tentait de se glisser derrière lui. La gardienne en resta bouche-bée. Comment son corps avait-il pu soutenir sa vitesse ? Non, ce n’était pas son corps. Son naginata était resté planté dans la terre, comme elle l’avait prévu. Ses bras et ses jambes n’avaient pas beaucoup bougé non plus durant les quelques dixièmes de secondes qui venaient de s’écouler. Non, il n’y avait que sa tête, son maudit visage qui s’était tourné vers elle. Comme si la volonté du lancier pouvait soutenir sa vitesse.


– Ah…


La tête de Zanji se rapprocha rapidement de la sienne, sans qu’elle n’ait pu le prévoir. Le casque de ce dernier occupa bientôt tout son champ de vision, avant de heurter violemment sa tête. Il lui avait asséné un coup de boule.


– Tchh…


Sous, le choc, ce fut cette fois-ci au tour de la guerrière d’être projetée en arrière. Denko Sekka saignait seulement légèrement du front. En plus d’être rapide, elle était de très bonne constitution.


– Je considère que c’est bon, lâcha-t-elle en s’essuyant la tête. Vous pouvez entrer dans le temple des esprits.


– Le nom, exigea Zanji. Je veux connaitre son nom !


– Tu n’auras qu’à interroger les esprits, railla-t-elle. C’est bien pour ça que vous êtes venus, non ? Allez, suivez-moi à l’intérieur.


Les samouraïs, étonnés, se tournèrent vers l’Envoyée.


– Les esprits ?


– C’est vrai. Il y a quelqu’un qui repose ici avec qui vous devez vous entretenir.



Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [09/01/2017] à 21:05

Attention, le chapitre qui vient porte bien son nom ! Je balance plein d'infos, une partie était peut être obvious mais le reste va clarifier la trame et le background des Six samouraïs…J'utilise aussi deux cartes qui ne sont pas dans la base (noms soulignés), à vous de chercher si vous voulez les visuels 😉


Chapitre 35 : Toute la vérité



Spoiler :



Les portes du temple de l’Esprit s’ouvrirent sous les yeux des Six samouraïs. Il s’agissait d’un sanctuaire gigantesque, comme Zanji et les autres n’en avaient jamais vu. L’intérieur consistait en effet en une pièce tellement longue qu’on n’en apercevait pas le bout. Le plafond était supporté par deux rangées de piliers rouges parfaitement alignés, qui dessinaient un passage au milieu de la pièce. Il y avait entre chaque pilier ce qui semblait être des tombes, ou tout du moins des sépultures à la mémoire de défunts. Près de chacune d’entre elle figurait une inscription ou un symbole, qui représentait le clan du macchabé.


– Les grands guerriers qui ont combattu partout dans l’empire reposent ici, expliqua Denko Sekka qui les guidait. Mon rôle est de veiller à ce qu’ils reposent en paix.


La puissante guerrière, que l’on surnommait parfois « l’Oracle », avait en effet pour mission de protéger le temple des esprits. Au cours des dernières années, elle avait ainsi repoussé toutes les expéditions Shien qui avaient tenté de s’approcher un peu trop près du lieu sacré.


Denko continua à les guider, jusqu’à s’arrêter devant une sépulture précise. En apparence, elle ne différait pas des autres. On pouvait toutefois distinguer, en regardant d’un peu pus près la tablette funéraire placée là, l’emblème des Six Samouraïs gravé en doré.


– Vous y êtes, commenta t-elle, avant de s’éloigner.


Il fallait laisser les visiteurs partager seuls le moment avec le défunt, c’était sa règle. Mais les samouraïs, qui ne savaient même pas qui reposait dans le tombeau, n’osèrent pas approcher. Ce fut l’Envoyée Des Six Samouraïs qui s‘inclina la première devant la tombe.


– Tu as de la visite, Shinai…murmura-t-elle doucement. Je suis venue te présenter la nouvelle génération.


Presque immédiatement, quelque chose surgit brusquement de la sépulture. C’était de petites flammes bleues qui crépitaient en dansant au-dessus de la pierre tombale. Rapidement les flammes convergèrent au même endroit, formant une flamme plus grosse que les autres. Les contours du brasier, d’abord imprécis, prirent progressivement forme. Ce fut une silhouette humaine qui se dessina. Celle d’un homme vêtu d’une armure de guerre.


Bien que très étonnés, les samouraïs comprirent. Ils avaient déjà vu des flammes bleues similaires sortir de l’Épée-Spectre, son propriétaire le Samouraï Shiranui avait alors prétendu voir l’esprit de son père lui apparaître. La même chose se produisait sous leurs yeux. Un ancien Esprit Des Six Samouraïs, celui de la tombe juste en dessous, se matérialisait devant eux.


– Vous êtes…les Six Samouraïs actuels… ? souffla le fantôme d’une voix lente et grave, qui ne semblait pas humaine.


Tout en s’inclinant devant leur mystérieux ainé, les samouraïs hochèrent la tête.


– Je vois, fit-il. Relevez vous.


Il y eut un court silence, aucours duquel il rscruta attentivement chacun des six jeunes hommes.


– Si Mizuho vous a amené ici, c’est que vous avez déjà fait vos preuves, n’est-ce pas ? Vous serez capable de faire mieux que nous, l’ancienne génération. J’en suis convaincu.


– Vous étiez l’un des légendaires Six Samouraïs d’autrefois ? demanda Zanji.


– Les Six Samouraïs légendaires…C’est comme cela qu’on nous a appelé après nos exploits d’il y a 30 ans. J’en ai fait partie, en effet. Mon nom est Shinai.


Il regarda plus attentivement le visage de son interlocuteur :


– Toi, le lancier…tu dois être Zanji, n’est-ce pas ?


– Comment connaissez-vous mon nom ? demanda brusquement l’intéressé.


– Je te le raconterai tout à l’heure. J’ai beaucoup de choses à vous dire aujourd’hui. Mais avant cela, j’aimerai apprendre à vous connaître. Pouvez-vous simplement me dire votre nom ?


– Je m’appelle Yaichi commença l’archer, qui opta pour une présentation plutôt sobre. C’est un honneur de faire votre connaissance.


– Moi c’est Kamon ! enchaina son voisin dans un style autrement plus décontracté. Ravi de te connaître le vieux !


Kamon, apprends à respecter tes aînés ! beugla le samouraï vert. Veuillez l’excuser. Je suis moi-même Nisashi, l’ainé du groupe.


Irou, se contenta de dire le samouraï suivant qui visiblement n’avait pas pris compte de son conseil.


Son regard croisa alors le dernier des Six samouraïs.


Yariza ? C’est bien toi ?


Cette fois ci, sa voix était tremblante d’émotion. Le samouraï le regardait dans les yeux.


– Oui, père. C’est bien moi.


– Comme tu as grandi…Dire que la dernière fois que je t’ai vu, tu ne marchais pas encore…Je suis si fier de toi mon fils.


Le samouraï ne répondit rien. Pour lui qui n’avait pas l’habitude de montrer ses sentiments, la rencontre produisait un étrange mélange de tristesse et de bonheur.


– J’aimerais vraiment que nous discutions en privé tout à l’heure, mon fils.


– Moi aussi, père. J’ai tant de choses à vous dire.


– Mais pour l’heure, il y a quelque chose que tu dois leur raconter, rappela l’Envoyéeà contrecoeur.


Après tout, c’était la première fois depuis plus d’une décennie que tous les trois étaient réunis. Elle aurait aimé partager ce moment à l’instant avec eux, mais il fallait d’abord que son mari Shinai parle à l’ensemble du groupe.


– C’est vrai, fit-il. Mizuho m’avait prévenu que vous viendriez. Si vous êtes ici, c’est dans un but précis. Je vais vous raconter l’histoire des Six samouraïs, car c’est aussi votre histoire après tout.


Ceux qui étaient derrière se rapprochèrent. Les samouraïs s’assirent en tailleur autour de lui, comme des enfants à qui l’on raconterait un vieux conte. L’Esprit inspira lentement, de façon presque théâtrale.


– Commençons. Tout a commencé il y a environ 30 ans, alors que nous n’étions que des gamins. Nous avions entre 15 et 25 ans, tout comme vous aujourd’hui. Nous vivions chacun dans les diverses régions du royaume.


Les Six samouraïs retenaient leur souffle. Il marqua une première pause, mais reprit rapidement.


Shi En. Kizan. Kageki. Enishi. Mizuho. Et moi-même, Shinai. Voilà les noms de ce qui étaient amenés à devenir les Six Samouraïs légendaires.


– Tu as bien dit…Shien ?!


– J’y viens…A l’époque, il avait été recueilli comme nous tous par un homme de la cinquantaine. Le royaume était déjà en guerre à cette époque. Cet homme voulait nous apprendre à nous battre pour rapporter la paix. Nous, on l’appelait tout simplement l’Ancien.


L’image du doyen de l’Ordre apparut immédiatement à Zanji et aux autres. Ils n’avaient aperçu le vieil homme que brièvement, même pour ceux qui vivaient au Temple des Six depuis plusieurs mois. Après tout, l’Ancien était désormais très vieux et ne sortait que très rarement de son lit. Savoir que c’était lui qui avait autrefois crée l’Ordre des Six et tout apprit à leurs aînés était cependant impressionnant.


– Après beaucoup d’efforts et d’entrainement, nous avons acquis un niveau conséquent…Nous avons alors pu combattre le terrible fléau qui menaçait ce pays.


– Pourtant, les Shien sont toujours là, remarqua Kamon.


– Ce n’était pas les Shien. Ils n’étaient même pas apparus…Non, il s’agissait d’un ennemi venu des terres orientales. On l’appelait l’Envahisseur. Son nom était Sakyo, Swordmaster of the far East. Il était accompagné d’un puissant mage doté de pouvoirs étranges :Kuzunoah, l’Onmyojin. Tous deux étaient à la tête d’une armée gigantesque, prête à envahir notre contrée à tout moment. Avec l’aide du jeune Saga-Shogun Shiranui, nous avons pu les repousser. C’est ainsi qu’il y a 30 ans, les Six Samouraïs ont acquis leur renommé.


– Que sont devenus les samouraïs ensuite ? demanda Zanji, avide de réponses. Dans mon village, tout le monde dénigrait les samouraïs comme s’il s’agissait d’une vieille légende pour enfants. Pourquoi avez-vous soudainement disparu ?


Il y eut un soupir.


– Je vais te répondre, intervint l’Envoyée. Après tout, j’y était aussi.


– Vous étiez l’une des…. ?


– « Mizuho », coupa Irou. C’est le nom de l’Envoyée, je l’ai déjà entendu se faire appeler ainsi. Or, ce nom faisait parti de Six présentés plus tôt. De même pour « Kizan », « Kageki »…ces noms ne sonnent-ils pas familier à vos oreilles ?


– Ah ! cria Kamon. Au Temple, j’ai déjà entendu plusieurs personne appeler le Grand Maître Kizan, en effet !


– De même pour Kageki, conclut Nisashi, ce nom est celui que l’on donnait au Chambellan


– Nous avions trois des Six samouraïs légendaires si proches de nous et nous ne le savions même pas ! s’exclama Yaichi.


L’archer était d’un naturel calme, mais face à une telle annonce il ne pouvait retenir ses émotions, pas plus que ses camarades. C’était comme si la réalité qu’ils connaissaient tous se distordait, que leur vision du monde s’était métamorphosée en un instant.


– Nous attendions de voir si vous en valiez la peine avant d’en parler, expliqua Mizuho. Vous avez fait vos preuves dans les rizières. Vous pouvez donc savoir toute la vérité.


Tous restèrent ébahis, à l’exception d’Irou qui avait compris quelques instant plutôt, et de Yariza. Ce dernier avait ses deux parents parmi les Six samouraïs légendaires, et avait toujours vécu au Temple des Six. Il ne pouvait pas ne pas avoir été mis au courant. Mais il avait gardé le secret pendant tout ce temps.


– Je vais reprendre, prévint sa mère. Vous vous demandiez ce qui était arrivé après le conflit d’il y a 30 ans. Avec le retour de la paix, les hommes n’avaient plus besoin de guerriers. Nous avons donc pris notre retraite et nous sommes installés dans la capitale. Nous nous disions que si le royaume avait besoin de nous, nous serions prêts à les aider de nouveau.


– Mais nous ne pouvions pas deviner que la menace viendrait de notre propre Ordre, ajouta l’esprit de Shinai. Je pense que vous avez deviné de qui il s’agissait.


– Shien…grogna Zanji.


– Oui. C’était lors de cette fameuse nuit. Personne n’a compris. Shi En est apparu devant nous, et annoncé qu’il allait renverser le Saga-Shogun Shiranui et prendre le pouvoir. Lui qui était pourtant le plus puissant de nous Six, qui représentait un modèle pour nous…


– Une bataille très violente s’en est suivi, reprit Mizuho. Il ne nous laissa pas le choix, tout dialogue avec lui fut impossible. Les pertes furent considérables. Kizan y perdit un œil, Kageki y laissa ses quatre membres. L’un d’entre nous, Enishi, choisit quant à lui de rejoindre Shi En dans sa folie et s’allia à lui.


– Ma femme ne pouvait pas se battre, enchaîna l’Esprit Des Six Samouraïs. Elle devait protéger notre fils Yariza âgé de seulement quelques mois, et des civils aux alentours. Je fus celui qui tint tête à Shi En le plus longtemps, laissant aux autres le temps de se replier malgré leurs blessures. Mais ce combat m’a malheureusement couté la vie.


Il y eut un long silence, de nouveau. Les jeunes samouraïs commençaient à comprendre ce qui s’était joué il y a si longtemps. Sa femme reprit :


– Ce fut un véritable traumatisme pour les survivants. Les grands guerriers d’autrefois s’exilèrent dans les profondeurs de la région des Forêts, à l’abri des regards. Là-bas se trouvait une vieille demeure qui nous servit de refuge. Vous la connaissez aujourd’hui sous le nom de Temple des Six. En quelques années, Shi En avait réussi à lever une petite armée à ses ordres, tout en semant le trouble partout autour de lui. Nous étions trop faibles pour faire quoi que ce soit, les Six samouraïs ne pensaient alors plus qu’à une chose : se faire oublier.


– Les Siranui sous-estimèrent la menace. Il y a exactement 10 ans, après 8 années passées à renforcer son influence, Shi En réussit son coup d’Etat et s’autoproclama Grand Shogun. Ce fut le début du régime de terreur que vous connaissez tous.


Les samouraïs déglutirent. Alors c’était vrai, le Grand Shogun Shien avait été un membre de l’Ordre auparavant. Zanji comprenait maintenant ce qui s’était réellement passé. Mais il n’était pas au bout de ses surprises.


– Notre maître, qui se faisait vieux, eut alors une vision. Il vit une lueur d’espoir, une nouvelle génération capable de ramener la paix sur ces terres. Il fallut toutefois attendre 18 ans, soit le présent pour que ses visions se précisent et qu’il puisse vous identifier comme les dignes héritiers de vos prédécesseurs. La suite, vous la connaissez.


– Le Grand Maître vit nous chercher tour à tour, et nous sommes allés nous même dénicher Irou, résuma Nisashi.


– Oui.


Cela faisait beaucoup de révélations à encaisser pour les samouraïs, qui avaient du mal à digérer tout cela. A leurs yeux, plus rien ne serait jamais comme avant.


– A propos, la femme de Shi En a aussi fui à ce moment-là, ajouta Mizuho. Elle s’installa dans un petit village des Forêts à l’écart du Temple des Six. Elle disait avoir assez causé de problème à l’Ordre comme cela, et n’a pas voulu nous rejoindre. Et tout cela alors qu’elle était enceinte…D’après ce que l’on a pu apprendre, elle s’est alors remariée avec un soldat qui habitait là, mais elle mourut tragiquement lors de son accouchement quelques mois plus tard…


Le lancier pâlit.


– L’enfant qu’elle avait eu avec Shi En grandit auprès de son second mari, sans jamais connaître le passé de ses parents biologiques. Tu dois comprendre, désormais. Cet enfant, c’était toi, Zanji.



mbg71
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [09/01/2017] à 21:17

ouah la revelation qui tue



Spoiler :


Spoiler :

Spoiler :

Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [01/04/2017] à 23:07

Allez, c'est reparti 😛

Je ne garantis rien, mais je vais essayer de repartir sur un rythme régulier.


Chapitre 36 : Le père



Spoiler :



– Le Shogun Shien serait…mon père ?


Un silence de plomb s’abattit sur le temple des esprits. Les samouraïs se regardèrent les uns les autres d’un air interrogateur. Aucun d’entre eux n’aurait pensé une telle chose possible, ni même imaginable. Zanji lui-même ricanait :


– C’est ridicule. Vous n’avez aucune preuve de cela. C’est bien trop invraisemblable pour que je vous écoute !


On pouvait toutefois sentir que son rire était gêné, peut-être même forcé. Il paraissait évident que cette annonce ne l’avait pas laissé indifférent, malgré son déni apparent.


– C’est pourtant la vérité, affirma Mizuho avec gravité. La preuve, c’est ton visage. Tu lui ressembles comme deux gouttes d’eau. Te souviens-tu de tous ces gens qui t’ont fait des remarques sur ton apparence ? C’est à Shi En que tu leur faisais penser. Tu ne peux pas le nier, Zanji. Tu es son fils.


En entendant le nom du Shogun haï de tous répété une seconde fois, le rire du lancier se coupa net.


– Je ne vous permets pas, reprit-il, beaucoup plus sérieux. Vous ne savez rien de moi ni de mon passé. Vous prétendez que l’homme qui m’a élevé et qui a sacrifié sa vie il y a 10 ans pour me protéger n’était pas mon véritable père…Comment osez-vous ?!


– Je me doutais que ce serait difficile à accepter, répondit Esprit Des Six Samouraïs. Mais tu dois accepter le passé qui est le tien. Personne ne te le reprochera.


Zanji serra les poings. Il refusait toujours d‘admettre qu’une telle éventualité puisse être vraie. Pourtant, au fond de son cœur, quelque chose avait été piqué à vif. Les propos des deux anciens samouraïs avaient ravivé quelque chose caché au plus profond de son âme, comme s’il pouvait sentir dans leurs paroles une part de vérité qu’il aurait toujours su inconsciemment. Lui qui pensait obtenir toutes les réponses qu’il cherchait en venant ici se retrouvait avec encore plus de questions.


– Vous m’avez gonflé, cracha-t-il. J’attendais mieux de votre part qu’un tissu d’inepties. Si je ne peux rien apprendre de concret ici, je m’en vais.


Il poussa un petit grognement, et se dirigea d’un pas précipité vers la sortie.


Zanji, attends… ! voulut crier son ami Kamon, mais l’Envoyée lui fit signe de le laisser partir.


– Il doit avoir besoin de se défouler, expliqua-t-elle, et c’est bien normal. De telles nouvelles ne s’encaissent pas facilement.


– Alors c’est la vérité ? redemanda Irou, qui commençait à saisir tout ce que cela impliquait.


– Oui, tout cela est vrai. Ce combat est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il n’y a pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. C’est ce que Zanji va devoir reconnaître à présent.


Il y eut un nouveau silence.


– Il va falloir s’arrêter là, intervint Denko Sekka, qui attendait en retrait non loin de là. Les esprits ne peuvent se matérialiser trop longtemps dans notre monde…


– C’est vrai, acquiesça Shinai. Je sens que l’on m’appelle déjà de l’autre côté. Je suis heureux d’avoir fait votre connaissance à tous les Six, et d’avoir pu vous éclairer sur le passé de l’Ordre. Je dois vous quitter pour cette fois-ci, mais nous nous reverrons.


Les flammes bleutées perdirent progressivement en intensité. Celles-ci rétrécirent jusqu’à ne plus mesurer qu’une dizaine de centimètres, et ce avant de se volatiliser complétement. La sépulture redevint calme, comme si rien de tout cela n’avait eu lieu.


– N’oublie pas que tu pourras t’entretenir avec lui seuls à seuls, rappela Mizuho à l’oreille de son fils Yariza


Il acquiesça. En effet, il n’avait jamais connu son père. L’occasion de rattraper le temps perdu s’annonçait enfin.


Elle se tourna ensuite vers le groupe entier :


– Vous avez acquis les connaissances nécessaires pour mener à bien cette mission qui est la nôtre, mais votre formation spirituelle n’est pas terminée.


– Ce sanctuaire est situé à proximité d’une cascade, compléta Denko. C’est un haut lieu dans lequel les grands guerriers pratiquent l’art de la méditation depuis des siècles. Je vais vous y conduire.


– Ce n’est pas ça qui va nous rendre mes explosifs plus…explosifs, râla Kamon.


– Ne sous-estimez pas l’entrainement spirituel, prévint Mizuho. Cela fait partie de la formation des Six samouraïs. Comme la génération précédente, vous devrez trouver l’harmonie dans votre esprit. C’est cette force intérieure qui vous donnera les moyens de dépasser vos limites.


– Je suis moyennement convaincu…protesta le jeune homme.


– Vous avez une heure pour vous reposer, répliqua-t-elle sèchement. Préparez une tenue légère. Ensuite, nous irons au pied de la cascade.


Pendant ce temps, Zanji, traînait devant le bâtiment. Son cœur battait à la chamade : il n’arrivait pas à se calmer. Le samouraï était en effet pris par des sentiments très forts. Il n’aurait même pas su dire s’il s’agissait de colère ou de stupéfaction. C’était dans sa tête le chaos, l’anarchie. Tous les arguments, les souvenirs et les doutes se mélangeaient en un brouillard épais qui l’empêchait de réfléchir. Il essayait de se persuader que toute cette histoire n’était qu’un gigantesque canular, mais il n’y croyait pas lui-même. Il doutait.


– Il faut que je me défoule, souffla-t-il. J’ai besoin de prendre du recul.


Il jeta un œil à son cheval, qui l’attendait tranquillement avec les autres montures au pied du temple. Dès qu’il le vit, il l’enfourcha. Une petite ballade pour se changer les idées, l’espace d’un instant, ne pourrait pas faire de mal. A peine installé sur la selle, il partit au galop le long du petit chemin qui se trouvait là. La route était simple : un sentier en ligne droite qui longeait les flancs escarpés de la région des Montagnes.


L’adrénaline provoquée par la sensation de vitesse soulagea quelque peu Zanji. Le vent lui soufflait au visage sous son casque, le paysage défilait à toute allure devant lui. Il voyait déjà les dernières montagnes s’effacer alors qu’il s’éloignait du temple. Dans sa tête, les questions se retiraient petit à petit.


Soudain, il réalisa que la petite route qu’il avait empruntée en partant était devenue une large voie pavée de plusieurs dizaines de mètres de large. Absorbé dans ses pensées, il avait dévié sans le remarquer sur l’un des axes principaux du royaume, celui qui reliait la région des rizières à l’Ouest et celle des forêts à l’Est. C’était la route qu’il avait emprunté avec ses camarades, en sens inverse, pour aller chercher Irou. Il était d’ailleurs presque arrivé au bout de la route : on voyait au loin les premiers arbres de la Forêt se dessiner.


Zanji hésita. Il se trouvait à la frontière avec sa région natale. N’était-ce pas là l’occasion rêvée d’en savoir plus, de confirmer ou d’infirmer les choses stupéfiantes qu’il avait entendu quelques instants plus tôt ? Ces racines l’attendaient, juste devant.


Mais cela signifiait aussi laisser en plan ces cinq camarades restés dans le temple de l’esprit. En effet, il n’aurait jamais le temps de s’enfoncer dans les forêts et de revenir dans la même journée. En faisant cela, il trahirait ses camarades. Car il le savait, la coopération était l’un des piliers centraux de l’Ordre des Six samouraïs.


– Désolé, mes amis… Mais il s’agit de mon passé. Je dois le faire.


Ce n’était pas la première fois que le samouraï s’en allait en solitaire. Déjà, après l’épisode du combat contre les ninjas, il avait jugé bon de partir sur les traces du Grand Maître sans consulter les autres. Il avait alors rencontré la Résistance seul, même si ses camarades l’avaient retrouvé peu de temps après. Il avait décidé, à la suite de cet épisode, de ne pas recommencer pour que le groupe puisse garder une certaine cohésion. Mais à présent Zanji était forcé de constater que ses vieux démons le rattrapaient. Peut-être que malgré sa bonne volonté, malgré tous les enseignements de l’Ordre, il n’était pas fait pour travailler en équipe.


Le jeune homme donna un petit coup de pied dans le flac de son cheval, et pénétra dans la Forêt. A peine l’orée et les premiers arbres franchis, il le ressentit : son cœur s’apaisait à la vue d’un paysage si familier. Comme à peu près partout dans le coin, son village était en effet encerclé par les bois. Il n’était relié au reste du monde que par l’une des grandes routes pavées qui traversait la région. Zanji savait que s’il y a avait un endroit où il fallait qu’il aille, c’était le village où il avait vécu toute sa vie. C’était en revenant aux sources, là où sa famille s’était formée, qu’il en saurait plus.


Il fallut une bonne heure supplémentaire au lancier pour se frayer un chemin parmi les arbres et arriver sur place. La nuit était déjà tombée. Tout en songeant à ses camarades qui avaient dû prendre conscience de sa disparition, il s’engouffra discrètement dans le village. Il fallait être prudent, car il se trouvait désormais en territoire Shien. Même un samouraï tel que lui serait en difficulté s’il se retrouvait pris par surprise par une horde d’ennemis au milieu de la nuit.


Cela faisait environ deux semaines qu’il avait quitté son village pour intégrer les Six samouraïs. Ça n’avait l’air de rien, mais il avait l’impression qu’il n’était pas revenu depuis une éternité. Une nostalgie le saisit soudain. Il décida d’aller cacher son cheval dans la grange où il s’était entraîné toutes ces années.


En arrivant devant le vieux bâtiment, il constat avec horreur que la porte de devant avait été allègrement enfoncée par des coups de pied répétés. A l’intérieur, il ne restait plus rien : ni le foin, ni les récoltes qu’il avait précieusement collecté durant la moisson. Même ses outils de travail dans les champs, et pire encore, ses quelques effets personnels, avaient disparus. La pièce voisine dans laquelle il dormait avait connu le même sort.


– Les enfoirés…murmura-t-il avec rage, parfaitement conscient de ce qui s’était passé.


Zanji s’en voulut d’avoir pu croire un instant que les Shien auraient laissé sa maison intacte pendant son absence. La piller avait été trop tentant pour des guerriers perfides comme eux. En colère, il invita son cheval à se coucher silencieusement dans le peu de paille qu’il restait, tandis qu’il s’affalait lui-même sur son ancien lit.


Il repensa à ce qui s’était passé la dernière fois qu’il était venu. Déjà, il hésitait entre suivre l’Ordre des Six samouraïs et se battre de son côté. Cette fois-ci, il venait pour autre chose : découvrir son passé. Et il ne pouvait pas se résoudre à attendre plus longtemps.


Dès qu’il eut récupéré un peu, Zanji se dirigea vers la maison de son voisin, l’homme chargé des ravitaillements. Cet homme n’était pas n’importe qui : c’était un ancien ami de sa famille depuis qu’elle s’était installée au village. C’était un homme de condition modeste, mais en qui il avait une parfaite confiance. Il l’avait toujours considéré comme son père, depuis la disparition de ce dernier. Lui seul était le seul en mesure de lui en dire plus sur son passé.


Le lancier entreprit de toquer discrètement à sa porte. Pas de réponse. Il toqua un peu plus fort, quand soudain la porte s’ouvrit. Le quadragénaire apparut dans l’encadrement, encore à moitié endormi.


– Je suis rentré, chuchota le jeune guerrier dans la nuit.


L’homme ouvrit les yeux en grand, surpris de cette visite inattendue. Il regarda discrètement autour de lui, puis le fit rentrer furtivement. Une fois à l’intérieur, il alluma une bougie et invita le samouraï à s’asseoir sur un bout de tapis qui faisait office de coussin. La petite maison n’avait pas changé : c’était une bâtisse de piètre qualité, donc la précarité était à peine cachée par quelques éléments de décoration. Pourtant on s’y sentait à l’aise, car il y avait cet on-ne-sait-quoi de chaleureux dans l’air. Le Ravitailleur fut direct :


– Tu as dû prendre des risques pour venir, Zanji…je me doute bien qu’il y a une raison à cela. Quel bon vent t’amène ?


– Il y a des choses que j’ai besoin de savoir.


– Je t’écoute.


– Je sais que ça a toujours été un peu tabou, mais…S’il te plait, parle-moi de mon père et de ma mère. J’ai besoin de connaître la vérité.


Le paysan hésita longuement. Il jeta un œil dehors. Il n’y avait apparemment personne dehors.


– Alors tu es revenu jusque dans notre petit village seulement pour ces informations…


Zanji répondit par l’affirmative. Son regard ne mentait pas, on pouvait lire la détermination sur son visage. Il ne repartirait pas sans ces informations. Le travailleur des soupira.


– Bon, très bien. Elle ne voulait pas que tu t’encombres avec ce lourd passé, mais il est peut-être mieux que tu saches quelles sont tes racines, après tout.



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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [10/04/2017] à 23:06

Chapitre 37 : La mère



Spoiler :



– Voilà, nous y sommes. C’est ici que se pratiquait autrefois l’Ascétisme des Six Samouraïs. Etes-vous prêts, jeunes combattants ? demanda l’Envoyée qui se tenait debout sur un rocher.


Comme convenu, Kamon, Irou, Nisashi, Yaichi et Yariza l’avaient rejoint au pied de la cascade. Tous avaient revenu un kimono blanc léger, destiné à résister à l’eau omniprésente autour d’eux.


– Bien, votre entrainement spirituel va pouvoir commencer.


– Que faut-il faire ? s’impatienta Kamon, qui n’avait pas l’air séduit par l’exercice.


Elle se contenta de pointer du doigt la cascade. Elle n’était pas immense, peut-être faisait-elle 4 ou 5 mètres maximum. L’eau s’écoulait tranquillement, formant une petite source au pied des roches. L’eau était transparente, laissant entrevoir un sol rocailleux mais parfaitement lisse, dans lequel trempait les pieds nus des guerriers. Tout autour, des rochers formaient une petite crique qui isolait le lieu de l’extérieur. Quelques branches boisées ressortaient ça et là, ce qui rendait le décor plus joli à contempler. On sentait que cet espace était un endroit à part, tant le calme et la prospérité y régnaient.


– Vous allez vous asseoir sous la cascade.


– Et après ?


– C’est tout, fit-elle simplement. Quand vous vous lèverez, vous serez prêts. C’est là la magie de ce lieu.


– J’ai compris ! Il faut lutter contre la pression de la cascade, c’est ça ? lança une fois de plus Kamon, qui s’enfermait dans son rôle de mauvais élève.


Sans attendre de réponse, il alla s’asseoir en tailleur au pied de celle-ci. Ses camarades suivirent rapidement. Pourtant, le samouraï ne ressentit aucune pression. L’eau tiède caressait ses épaules tout au plus, ce qui se révélait au contraire plutôt confortable.


– Mais alors ?


Il se tût. En face de lui, le paysage avait changé. Dos à la cascade, il faisait maintenant face à une scène digne des plus belles estampes. Les rochers grisâtres avaient laissé place à deux berges fleuries, qui s’écartaient le long du cours d’eau né de la cascade. Des fleurs de lotus s’ouvraient majestueusement sur le petit ruisseau qui glissait tranquillement, au loin, sur une pente douce. On pouvait voir des oiseaux aux plumes colorées voleter joyeusement dans le ciel, au-dessus de l’eau. A un moment, il crut même voir un Poisson Volant rebondir le long du courant. Sur les rives, de grands arbres remplis de fleurs de cerisiers recouvraient l’espace de leurs feuilles à droite et à gauche. Sur les branches, des grillons venaient rompre avec le silence qui régnait, composant une petite mélodie harmonieuse aux oreilles du jeune homme.


L’esprit fougueux du samouraï se perdit dans la contemplation de ces magnifiques détails. La végétation était magnifique. Il devait déjà avoir croisé des jardins de ce style au cours de ses pérégrinations, mais n’y avait jamais prêté attention. Kamon réalisa que depuis des années, il ne s’était jamais vraiment arrêté pour prendre le temps. Dynamique, il était toujours à courir après une mission ou un entrainement. Il avait horreur des grandes questions existentielles, comme savoir pourquoi il y avait tant d’étoiles dans le ciel, ou alors se demander ce qu’il pouvait y avoir ailleurs dans le monde, au-delà de la mer. Lorsque quelque chose était ennuyeux ou paraissait trop complexe, il répondait souvent par une blague ou sourire. Mais il constatait maintenant que ce n’était qu’un moyen de contourner la difficulté. Sa vie avait beau être aussi intrépide que l’eau qui chutait de la cascade, des choses pesaient sur son cœur tout comme les lourdes pierres qu’il avait sous les yeux restaient échouées au fond de l’eau. Il voyait clairement devant lui les gros rocher s’amasser sous l’eau translucide. Peut-être était-il temps de les soulever et de voir quels souvenirs elles renfermaient, cachés dans l’ombre.


Forcément, il se rappela en premier de ce jour où son père avait dû céder ses chevaux aux soldats Shien qui étaient venus piller son village. C’était le point de départ de tout, bien entendu. Ces montures représentaient une vie entière de travail pour son père. Ce dernier avait dû trimer dur pendant des années afin de pouvoir les acheter puis les dresser. C’était eux qui assuraient un revenu pour la famille. Pourtant, lorsque les Shien l’avaient extorqué et menacé, il avait dû se soumettre et leur donner les chevaux avec le sourire, sous peine d’être abattu sur place.

Ce jour-là, il abandonna ce qu’il avait de plus précieux après sa famille, d’un air léger. Humilié et désespéré, son père avait fini par noyer son sourire de façade dans l’alcool. Kamon ne le revit plus jamais avec une mine réjouie.


Quelques années après, le respectable dresseur de chevaux était devenu un homme aigre et violent. Au cours d’une dispute qui avait mal tourné il avait même fini par les chasser de la maison, lui et sa mère. C’est à peu près à cette époque-là qu’il était devenu le nouveau sourire de leur famille brisée, tentant tant bien que mal de consoler sa mère. « La souffrance engendre la haine, et la haine ne peut engendrer que plus de souffrance », avait-il conclu. « Seul une bonne blague peut briser ce cycle ».


Kamon soupira. Il venait de découvrir d’où venait son optime légendaire qu’on lui reprochait parfois. En fait, il n’avait jamais cherché à comprendre comment il s’était construit, comment il avait acquis ce trait de caractère. Il avait le sentiment d’un peu mieux se connaître, à présent. Comme quoi s’arrêter un moment et se poser des questions avait parfois du bon. Il regarda devant lui : il avait enlevé la plus grosse, mais il restait encore de nombreuses pierres à déblayer. Comme capté par le rythme de l’eau qui s’écoulait devant lui, il entreprit alors de fouiller son passé un peu plus en profondeur.


– Eh, les gars, j’ai compris le but de l’exercice ! s’exclama-t-il lorsqu’il eut terminé ce long cheminement personnel. Ça doit faire plusieurs heures qu’on est là, mais ça valait le coup ! Rester assis m’a permis de me plonger dans mes tourments et de mettre mes idées au clair. Je me sens renaître, maintenant ! Et vous ?


En finissant sa phrase, il réalisa deux choses : d’une il faisait nuit, et de deux les autres étaient déjà rentrés depuis longtemps. En rejoignant les autres au temple de l’esprit, il apprit que ce qu’il avait vécu était l’essence même d’un art bien connu : la méditation.


Zanji, lui aussi, était confronté à ses souvenirs. A peu près au même moment, le ravitailleur commençait à lui raconter ce qu’il savait.

Le lancier retint son souffle, prêt à en découvrir plus sur ses racines.


– Ta mère était une femme remarquable, commença l’homme. Toujours aimable et soucieuse d’aider autrui. Lorsqu’elle s’est installée dans le village, alors que les gens des forêts se montraient d’habitude hostile envers les étrangers, elle a tout de suite su se faire accepter par la communauté.


Il s’arrêta pour sortir tout doucement une bouteille de saké cachée dans une calle, et commença à les servir tous les deux. Coupe à la main, il reprit :


– C’était aussi une valeureuse guerrière, tu sais ! Elle était toujours prête à se battre pour protéger les habitants. On l’appelait la Guerrière de la Tradition.


– Ma mère était une combattante ?


– Peu de femmes peuvent se targuer de l’être, en effet. Mais crois-moi, c’était une guerrière incroyablement douée. Si elle avait vécu plus longtemps, elle aurait bien pu tenir tête à l’armée Shien. Cependant…


– Je suis arrivé, murmura sombrement le samouraï.


– Tu n’y es pour rien, Zanji. Ce n’est pas parce que ta mère est morte lors de ton accouchement que tu dois te reprocher quoi que ce soit.


– Combien de temps vous êtes-vous connus ? demanda Zanji sans relever. Sa voix tremblait légèrement. Il avala sa coupe de saké d’un coup, mais continuait à serrer fermement le récipient malgré tout.


– Environ six mois entre le moment où elle s’est installée et ta naissance. C’est là qu’elle a rencontré ton père, le Héros de l'Est.


– ….


– Un puissant samouraï de l’extrême orient muni d’une épée. Lui aussi faisait la fierté de notre village, voire de la région toute entière. Il a défendu la dynastie Shiranui jusqu’au bout.


– Ce n’est pas mon véritable père, n’est-ce pas ?


Il y eut un silence. Le villageois soupira.


– Alors tu le savais déjà…


– Dites-moi ce que vous savez, répéta Zanji. J’ai besoin de savoir.


– Peu de gens le savent au village. Mais comme ta mère et moi étions très proches, elle m’a jugé capable de garder ce secret. C’est vrai, la Guerrière de la Tradition ne s’est pas installée seule dans notre village. Tu étais déjà dans son ventre à ce moment-là.


– Alors c’est vrai…murmura le samouraï. Mon père est…


– Elle ne m’en a pas dit plus sur l’identité de ton père biologique. Je n’ai pas non plus cherché à le savoir, car cela ne me regardait pas. Mais ne te méprends pas, Zanji. Même s’il était conscient que vous n’aviez pas le même sang, le Héros de l'Est t’a toujours aimé et traité comme son fils.


– Moi aussi, dit Zanji. C’est lui qui m’a élevé après tout. Je le considèrerai toujours comme mon père. Une petite larme se forma dans le coin de son œil. Il ne pouvait plus contenir ses sentiments.


– Il serait fier de toi aujourd’hui. Et dire que cela fait déjà dix ans…


– Oui. Mon père…je veux dire, le Héros de l'Est, est mort en repoussant les Shien qui voulaient conquérir la région, il y a de cela une décénie. Depuis ce jour, je me suis toujours dit que coûte que coûte, je devrais faire payer sa mort aux Shien en les exterminant jusqu’au dernier. Toutefois…


– Toutefois ?


« Toutefois le Grand Shogun Shien est mon véritable père ».


Voilà ce à quoi il pensait. Mais jamais il n’aurait osé le dire à cet homme à qui les Shien avaient tout pris.


– Non…rien.


L’homme soupira une nouvelle fois, et se résolut à boire son saké à son tour. Cul sec lui aussi.


– Il y a une dernière chose que tu dois savoir sur ta mère, continua-t-il en reposant son verre. Si ta mère n’a pas survécu à ta naissance, c’est en partie parce que l’accouchement a été dérangé.


– Quoi ?!


– Ce soir-là, il y eut un raid Shien. Ils étaient au courant que ta mère, qui faisait figure d’autorité dans la région, était vulnérable. Ils en ont profité pour attaquer le village.


La mine du samouraï se décomposa.


– Ils ont échoué à capturer le village, notamment grâce à l’aide du Héros de l'Est. Mais tout le stress occasionné par l’arrivée de l’ennemi, combiné à la douleur de la mise au monde…je ne crains que ce soit cela qui est causé la mort de ta mère.


– Non….


– Je me suis battu contre eux ce jour-là. A partir de ce jour, le visage de leur général m’a hanté à jamais. Cet homme qui finalement allait parvenir à conquérir la région huit ans plus tard, et qui règne sur ces terres d’une main de fer depuis 10 ans. Celui que l’on appelle Tenkabito Shien.


– C’est Tenkabito qui …. ?


– Il a toujours été la cause de nos malheurs dans la région, conclut tristement l’homme. Depuis la mort de la Guerrière de la Tradition, rien n’a changé.


Zanji se leva brusquement.


– Pas si fort ! cria le ravitailleur. Il y a des veilleurs qui rodent dehors ! Ils pourraient nous entendre…


Il y a encore quelques instants, des larmes culaient sur les joues du lancier. Mais à présent, c’était la colère qui l’emplissait tout entier. La haine de ce régime maudit qui ne lui avait pas pris l’un, mais les deux personnes qu’il avait chéri le plus au monde.


– Tu as raison, répondit-il à voix haute. Les Shien nous prennent tout ce que l’on a depuis des trop longtemps. La dernière fois que je suis venu ici, je suis reparti discrètement à l’aube. Mais maintenant, je ne me cacherai plus : il est temps qu’ils paient. Pour ma mère, pour celui qui malgré tout reste mon père, pour tous les villageois des forêts. Je vais les exterminer jusqu’au dernier. Et Tenkabito est le prochain sur la liste.



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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [03/05/2017] à 00:45

Nous y voilà, la bataille finale de l'arc va commencer !


Chapitre 38 : Le fils



Spoiler :



Il n’y avait plus une once d’hésitation dans le regard de Zanji. Il sentait sa naginata dans son dos, qui ne demandait qu’à être dégainée. Sans attendre davantage, il sortit brusquement de la maison du Ravitailleur. Il se moquait bien de faire du bruit désormais. Au contraire, plus il y aurait de Shien venant à sa rencontre, plus il serait satisfait. Satisfait de faire ressortir cette rage qui bouillonnait en lui.


Il arrivait souvent à Zanji d’être d’humeur changeante. Il ne supportait pas l’injustice ni la cruauté. Tout cela le mettait hors de lui. En véritable tête brulée, il aurait pu déplacer des montagnes si cela avait une chance de faire triompher ses idéaux. Mais aujourd’hui, sa colère allait au-delà de tout ce qu’il avait connu. Sa haine des Shien, qui s’était quelque peu banalisée après tant de combats, était redev*enue aussi forte qu’au premier jour. Les révélations sur sa mère avaient été l’élément de trop. Son cerveau avait temporairement délaissé le cas épineux du Grand Shogun Shien, pour se concentrer sur un autre tâche : se venger de Tenkabito, en anéantissant tous ceux qui se dresseraient sur son passage.


Dehors, l’allée principale du village était calme. Pas de Shien à l’horizon. En tant qu’ancien habitant du village, Zanji savait toutefois que la nuit, il y avait en permanence un ou deux veilleurs qui rodaient quelque part, prêts à semer la terreur. De retour à la grange où l’attendait son cheval, il prit quelques instants pour regarder le bâtiment, et sa maison juste à côté. Il ne put s’empêcher de penser que sans les Shien, les choses auraient pu se passer autrement. Il aurait pu vivre une enfance heureuse ici, entouré de sa mère et du Héros de l'Est. Amer, il serra les dents et enfourcha sa monture, avant de partir au galop. Ils pairaient, ça ne faisait aucun doute.


Alors qu’il allait sortir du village, deux hommes surgirent devant lui. Ils étaient vêtus d’une tenue rouge légère sur laquelle on pouvait reconnaître le blason des Shien. Chacun avait une épée dans sa main, et un fouet dans le dos. Un connaisseur aurait tout de suite constaté que leur équipement était de piètre qualité, mais cela suffisait bien pour châtier le Peuple Opprimé quand le besoin se faisait ressentir. C’était surement les deux veilleurs qui tournaient ce soir.


– Eh le manant, arrête-toi ! beugla le premier avec condescendance.


– Pour sortir à cette heure, il doit vouloir une petite correction…ricana le second en sortant son fouet.


Zanji ne s’arrêta pas. Le visage des veilleurs se décomposa progressivement, au fur et à mesure que lui et son cheval au galop se rapprochaient d’eux à ne vitesse dangereuse. L’un des deux hommes, celui qui avait crié, eu le bon gout de plonger sur le côté. L’autre, pas assez rapide, encaissa la charge du cheval de plein fouet, et finit écrasé sous ses sabots. Le samouraï, qui aurait pu continuer tout droit, fit demi-tour. Il alla à la rencontre du veilleur encore en vie. Ce dernier était comme paralysé. Assis au sol, il regardait Zanji en tremblant, conscient de ce qui allait lui arriver. Il y avait une petite flaque sous ses jambes : avec la peur, il s’était fait dessus.


Le jeune guerrier brandit sa naginata, dont il plaça la lame sur le cou du veilleur.


– Ou se trouve Tenkabito ? demanda-t-il.


– T…Ten…répèta t-il difficilement.


– OU EST-IL ?!


– Tu le trouveras dans l’Enceinte de Château….à l’est d’ici…


Zanji connaissait la forteresse fortifiée dont l’homme faisait référence. Tenkabito avait en effet réquisitionné une bonne partie travailleurs des Forêts pendant de longs mois pour la faire construire. C’était à la fois sa résidence, et le lieu qui symbolisait son pouvoir dans la région. La trouver ne serait pas compliqué : elle était située sur une grande colline, qui lui permettait observer tous les villages aux alentours.


Sa lame était toujours posée sur le cou du veilleur. Ce dernier pleurait maintenant à chaude larme, suppliant implicitement le samouraï de l’épargner. La posture de ce couard, qui avait martyrisé les siens pendant des années sans se poser de question, dégoutait Zanji. On était bien loin de l’image véhiculée par les Shien, celle de l’homme invincible, que rien ne pouvait impressionner. Malgré toute sa colère, Zanji passa son chemin. Il ne frappait pas les hommes à terre. Et puis l’humiliation que ce soldat porterait toute sa vie serait peut-être un châtiment pire que la mort, après tout.


Le samouraï prit la direction de l’est, en partant directement au galop. Il n’y avait pas de temps à perdre. La pluie se mit soudainement à tomber. Les gouttes épaisses se mirent à ruisseler sur son armure, tandis que des flaques de boue se formaient petit à petit le long du sentier qu’il empruntait. Mais Zanji n’en avait cure : il fonçait droit devant, en direction de la résidence privée que l’on commençait à apercevoir au loin. Sans se soucier de la terre mouillée, le cheval du lancier – qui devait être au moins aussi enragé que son maître – grimpa la colline d’une traite, sans ralentir.


Il y avait des dizaines de gardes en hauteur, sur les remparts du petit château. Le samouraï fut repéré presque immédiatement : même si c’était la nuit, on ne loupait pas un cavalier qui grimpait une colline quand on était au sommet de cette dernière. Certains soldats Shien préparèrent leurs arcs, d’autres sonnère l’alerte pour mobiliser les troupes. Rien de tout cela ne perturba Zanji, qui continua sa course vers l’entrée de la forteresse. C’était une grande porte en bois, peinte du rouge écarlate si cher au régime. Surement un caprice de Tenkabito, qui avait privilégié l’esthétique à la solidité. Une grave erreur qu’il ne tarderait pas à regretter. Avec la vitesse accumulée, le cheval de Zanji défonça littéralement la porte. Celle-ci fut brisée en deux à son passage, et s’effondra sur elle-même. Les gardes eurent eux même quelques secondes de stupéfaction : personne n’avait tenté un telle folie auparavant.


– Pff, et dire que je m’étais efforcé d’entrer discrètement….


Le samouraï regarda autour de lui, à la recherche de la voix. Il avait atterri dans une sorte de cour intérieure, dont il distinguait mal les murs à cause de l’obscurité. Il calma tant bien que mal son cheval, qui devait s’être blessé lors du choc avec la porte, et le laissa se reposer dans la cour. Les gardes des remparts ne pouvaient pas tirer de là où ils étaient, mais Zanji ne doutait pas qu’il allait les recroiser d’ici peu.


– Montre-toi ! ordonna-t-il à la voix, une fois sa situation à peu près stabilisée.


– Je ne te veux pas de mal, rétorqua celle-ci, tandis qu’une silhouette quittait l’ombre pour rejoindre Zanji.


Le jeune homme restait toutefois méfiant.


– Baisse ton arme, samouraï. C’est moi, Hanzo.


– Le chef ninja ? Mais que faîtes-vous ici ?


– Je pourrais te demander la même chose…Je suis en repérage. Nous les ninjas, prévoyions une attaque surprise sur ce site d’ici une dizaine de jours.


– Vous pouvez oublier. Je vais en finir maintenant avec Tenkabito


– Ridicule, répliqua le ninja.


Sans écouter, Zanji se dirigea vers la porte la plus proche. Pour accomplir sa vengeance, il n’avait besoin de personne.


– Est-ce que tu sais au moins où aller ?


– Je ferai le tour du château s’il le faut.


– Abruti, il y a des centaines de gardes ici ! Il ne faut surtout pas….


C’était trop tard. A peine étaient-ils entrés dans la pièce suivante qu’un groupe de soldats Shien leur tomba dessus. Il y a avait parmi eux deux Légionnaires, quelques autres hommes et une flopée de Fantassins. Peut-être une trentaine de guerriers au total, dans une pièce qui pouvait en contenir 20.


– Laisse, ordonna Zanji au ninja. Je vais les pulvériser.


Il prit de l’élan et bondit sur le groupe, naginata pointée en l’air. Sa lame retomba verticalement sur les Sien, tranchant au passage tous ceux qui se trouvaient au milieu du groupe. Ceux qui avaient survécu se retrouvèrent projetés les uns sur les autres, et chutèrent par

Effet De Domino. Il n’eut plus qu’à donner une série coups aveugles dans la masse des corps agités, et au bout de quelques instants plus personne ne bougeait.


– Ca ne suffit pas…les autres doivent payer aussi…cracha-t-il avant de se diriger vers la pièce suivante.


Hanzo le suivit tant bien que mal. Il était stupéfait de voir la force du samouraï, qui semblait décuplée depuis leur dernière rencontre. A plusieurs reprises, le même spectacle se déroula. Bien décidé à abattre les Shien, Zanji détruisait tout sur son passage. Sa lame, bien que tintée de rouge, ne s’émoussait pas. Les coups échangés se multipliaient par dizaine, par centaines. Les ennemis tombaient les uns après les autres. Rien ne semblait en mesure de l’arrêter. Mais d’où tirait-il une telle puissance ?


A forcer d’avancer de salle en salle, Zanji finit par débouler sur un grand couloir particulièrement soigné. On y retrouvait un joli parquet en bois, et des tapisseries le long des murs à l’effigie de Tenkabito. Des palissades coulissantes délimitaient clairement les quartiers privés du gouverneur de la région. Lorsqu’il découvrit l’entrée, le cœur du samouraï s’emballa encore plus. Enfin. Il y était.


– Attends ! Je suis là moi aussi.


Hanzo, qui trainait un peu derrière à cause des ennemis restants, l’avait finalement rejoint.


– Moi qui venais seulement en repérage…continua-t-il. Je ne pensais pas que je me retrouverai à passer à l’assaut avec toi à mes côtés.


Mais la tournure que prenaient les choses ne plaisait pas au lancier. C’était sa vengeance, à lui et à lui seul.


Hanzo, s’il te plait. Je me dois de le combattre seul. C’est une affaire personnelle.


– Peu importe ! objecta l’intéressé. L’enjeu est beaucoup plus large, il touche la région entière ! Je ne peux pas te laisser…


Son regard croisa celui du lancier. Ce qu’il y vit coupa sa réponse de façon nette. C’était un regard chaud comme la braise, dans lequel l’envie de justice – une justice violente, mais absolument légitime – bouillonnait. Il ne rigolait pas. Le ninja réfléchit un instant, évaluant les risques. Il reprit finalement :


– Soit. Je ne sais pas quelles sont les motivations qui t’animent, mais je les respecte. Vas-y, affronte-le. Je m’occuperai des gardes qui pourraient arriver pendant ce temps. En échange, je ne te demande qu’une chose : pour le bien des Forêts, tu as intérêt à revenir vivant.


Zanji hocha la tête. Une fois son compagnon d’armes parti, il entreprit d’écarter les palissades.


– Papa, Maman, je vais le faire. Ce que vous n’avez pas pu réaliser, votre fils va l’accomplir.




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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [01/06/2017] à 00:30

Il la voulait depuis le chapitre 1, Zanji tient enfin sa revanche contre Tenkabito !! Un chapitre full combat !!


Chapitre 39 : Tempête de rage



Spoiler :



La palissade s’ouvrit doucement avec un petit grincement, surement dû à l’ancienneté du bois. La première chose que Zanji vit furent deux énormes torches places de part et d’autre de la salle. Le feu crépitait calmement, éclairant un sol jonché d’un tatami impeccable à l’aspect luxueux. On trouvait le long des murs du matériel de guerre affublé du symbole des Shien, et quelques coffres en bois entreposés ça et là. Le regard du samouraï scruta de part et d’autre l’endroit, avant de se concentrer sur le fond de la pièce. Le gouverneur de la région des Forêts était bel et bien là. Il se tenait de debout et de dos, bras croisés et jambes espacées. Il remuait quelque peu la tête, comme pour montrer son impatience. Paré de l’armure rouge emblématique du Régime, il semblait prêt au combat.


– Alors te voilà…toi, le semeur de troubles qui est arrivé jusqu’ici…


Il se retourna lentement, sabre à la main. Le ton neutre qu’il employait montrait clairement qu’il ne se sentait pas en danger.


– Tu es un bien jeune guerrier, dis-moi…Quel âge as-tu ?


– Je suis venu t’exterminer, Tenkabito, cracha Zanji, bien moins calme que son interlocuteur.


– Oh, mais je te reconnais, remarqua ce dernier sans relever, après avoir passé quelques instants à le dévisager. Je n’oublie jamais le visage de ceux qui me défient. Et encore moins quand ils ressemblent comme deux gouttes d’eau au Grand Shogun Shien. Tu es le gamin à qui j’ai mis une raclée lors de l’exécution de Masaki, n’est-ce pas ?


– ….


– Tu en redemandes ? demanda-t-il d’un air narquois.


Mais le lancier avait envie de tout sauf de rire. La vue de son ennemi faisait ressortir en lui le peu de colère qui ne s’était pas encore déchainé.


– Hyaaaaaaaaaaaaaa !!!!!!!!!!


Il brandit sa naginata en l’air, prêt à l’abattre sur le Shien, en la faisant retomber à la verticale sur lui. Avec cette technique, il avait abattu plus d’une trentaine de gardes sur le chemin. Cependant, son adversaire était d’un autre calibre. Tenkabito se saisit de son épée, et asséna un grand coup dans les airs. Sa lame vint entrechoquer celle de Zanji, parant par la même occasion le coup. Le samouraï en fut stupéfait : son adversaire devait avoir une puissance considérable pour arrêter l’élan d’une lance propulsée de plusieurs mètres avec un simple sabre. Pourtant, lui ne bronchait même pas. Il ne s’était même pas mis en garde.


– Grr…


Zanji recula. Il allait maintenant tenter un coup horizontal. Avec une telle armure, son adversaire ne pourrait pas sauter. La pièce étroite l’empêcherait aussi de reculer pour esquiver. Avec un tel coup, le Shien serait surement mis à terre.

– Haaaaaaaaaaa !!!!


– Prévisible.


Le guerrier rouge réussit l’impensable : avec son pied, il écrasa la lame qui rasait le sol à l’horizontale, et l’enfonça dans le tatami. Pris de court, le samouraï parvint à retirer l’arme de justesse, mais dût reculer de nouveau sous peine d’être exposé à des attaques dévastatrices.


Depuis le début, Tenkabito n’avait quasiment pas bougé. Pourtant, il parvenait à parer toutes ses tactiques sans le moindre effort. Zanji retenta. Il bondit sur lui pour la troisième fois, avec ces mêmes pulsions vengeresses qui l’animaient. Il ne fut pas plus chanceux que les deux précédentes : le Shien se paya même le luxe de lui donner un coup de pied dans la jambe, ce qui fit boîter le jeune homme pendant quelques instants.


– Alors ? C’est tout ce que tu vaux ? je suis déçu…


– Enfoiré…tu vas…payer…


La rage consumait Zanji de l’intérieur. Chaque parade, chaque coût raté lui donnait plus encore envie de tailler son adversaire en pièce. Ses yeux écarquillés étaient devenus presque aussi rouges que l’armure de son ennemi. Il soufflait lentement, pas parce qu’il était essoufflé, non, mais parce que son cœur battait tellement vite que sa respiration peinait à suivre. Un petit filet de sang coula le long de sa bouche. En proie à la frustration, il s’était mordu la langue.


– Tu t’énerves, petit samouraï ?


Le souffle s’accentua. De grosses gouttes de sueur coulaient sous le casque de Zanji. Le visage du gouverneur lui rappelait ses propres échecs, les jours d’exécution auxquels il avait assisté impuissant. Et bien entendu, le terrible sort que sa famille avait connu du fait de cet homme.


Tenkabito….je vais te….


Le Shien riait.


– Oui, vas-y ! Laisse ta haine s’exprimer…C’est cette colère…la pulsion destructrice cachée au fond de chacun, que nous les Shien voulons exploiter.


« … »


Le samouraï fondit de nouveau sur lui en criant de toutes ses forces.


– Hurle, samouraï ! Laisse la rage t’aveugler ! Et alors tu connaîtras la véritable force.


« Jiii »


Les deux hommes se rencontrèrent de nouveau. Cette fois, le combat sembla plus équilibré. Il y eut une sorte de bras de fer, entre Tenkabito qui repoussait à bout de bras la naginata de Zanji et ce dernier qui poussait de toutes ses forces vaincre l’avant pour briser sa défense.


« An…jiiii »


Cependant, le gouverneur se révéla une fois de plus supérieur : il parvint cette fois à le repousser avec un coup de boule qu’il asséna directement dans le casque du samouraï. Le casque du jeune homme glissa et tomba au sol, tandis qu’il était lui-même déséquilibré. Le sabre de Tenkabito, libéré de toute emprise, vint alors s’abattre sur l’épaule de Zanji qu’il lacéra.


« Zanji !»


Les hurlements du guerrier ne furent plus des hurlements de rage mais bien des hurlements de douleur. Son bras gauche avait été sérieusement touché, du sang ressortait à travers son armure. Sous la pression de la douleur, il s’affaissa au sol, à genoux. Le chef Shien s’approcha de lui, l’air grave.


– Tu n’es qu’un insecte, incapable d’utiliser ta colère…. Il est temps d’en finir.


« Zanji ! Ressaisis-toi !»


Le jeune lancier sursauta. Il venait d’entendre distinctement une voix féminine résonner dans sa tête. La voix, d’un infinie douceur, se laissait porter d’on ne sait où au bord de ses oreilles. Il y avait là quelque chose d’inhabituel, de presque magique. Il n’y avait personne d’autre dans la pièce, ni même à l’étage. Et pourtant, Zanji se sentait comme rassuré par cette voix.


– M…mère ?


« Tu vaux mieux que ça, mon fils. Ne te laisse pas aveugler par la haine. »


– Tu parles tout seul, maintenant ? reprit Tenkabito. Tu es vraiment pathétique….


Sans plus attendre, il brandit son sabre et l’abaissa en direction de la tête de son adversaire. Or, par une roulade au sol, l’intéressé parvint à échapper à l’assaut et à se remettre debout, naginataa en main.


– Tu as raison…murmura Zanji. J’ai été pathétique en sombrant dans la rage. Mais c’est terminé.


Lentement, il reprenait un souffle normal. Son cœur ne battait plus à la chamade. Ses yeux, quant à eux, étaient redevenus blancs. La colère s’estompait.


– Je croyais que tu me détestais…répondit le gouverneur. Que quand les autres tremblaient, tu bouillonnais en me regardant. Où est passé cet esprit combattif ?


– Rassure-toi, je te déteste toujours autant. Mais je viens de réaliser que, malgré tout, c’est en prenant de la hauteur que je pourrais accomplir de grandes choses. Voilà pourquoi ma vengeance ne pouvait pas aboutir.


– Et maintenant quoi ? railla le Shien qui avait dominé tout le combat. Tu crois que de belles paroles vont te sauver ?


Pour la première fois, c’est lui qui s’élança vers son adversaire. Ses gestes étaient souples et rapides. Comme attendu de l’un des meilleurs hommes du Régime, il ne laissait rien au hasard. Pour son premier coup, il choisit l’estocade. Une technique contre laquelle une lance ne pouvait pas faire grand-chose. Plus lucide, Zanji réalisa que lui aussi aurait pu utiliser cette technique depuis le début. C’était après tout l’utilisation la plus évidente de sa naginata : être propulsée en avant pour percuter l’adversaire. Or, depuis qu’il était dans cette forteresse, il n’avait cessé d’asséner des coups plus extravagants les uns que les autres. Des attaques fulgurantes certes, mais risquées. Enivré par la colère, il en avait oublié son style habituel et la prudence qui était de mise. Il s’était senti invincible après avoir abattu tant de gardes, et avait mal évalué son adversaire. Lorsque l’estocade parvint à lui, le garçon sut comment il fallait réagir : répondre par une autre estocade. Etonné par ce changement radical, le Shien fit un pas en arrière, pour la première fois. La contre-offensive pouvait commencer.


Comme pour répondre à la provocation, le samouraï se jeta à son tour sur son ennemi de toujours. Il le savait : cette fois, c’était la bonne. Contrairement aux assauts précédents, il serait cette fois-ci lucide. Le temps du combat, il se devait de délaisser la haine, mais aussi la crainte que lui inspirait son ennemi. Seuls les gestes, les mouvements adverses et les siens comptaient.


Le gouverneur para une première série de coup, mais avec moins d’aisance que jusqu’alors. Il disposait toujours de la même robustesse, mais semblait répondre à ses assauts plus lentement ; il lui arrivait même de grimacer lorsqu’il arrêtait un coup de justesse.


Zanji comprit : il avait cru que Tenkabito était incroyablement fort. C’était un chef de guerre qui inspirait la crainte, après tout. Mais en réalité, depuis le début du combat, c’était surtout lui qui avait été incroyablement maladroit du fait de son aveuglement. Après avoir pris le temps d’analyser sa garde, son style de combat, il réalisa que battre le guerrier rouge était tout à fait envisageable. Et en effet, pour la première fois, l’un de ses assauts fit mouche, rayant l’armure écarlate du Shien. Ce dernier se surprit à souffler, lui aussi. Le samouraï se révélait depuis peu être un adversaire coriace.


– C’est impossible…une telle transformation…d’un instant à l’autre !


L’échange qui allait suivre serait décisif. Les deux hommes étaient maintenant aussi essoufflé l’un que l’autre : celui qui prendrait l’ascendant aurait toute les chances de gagner le combat. Zanji brandit sa naginata vers le haut, comme il l’avait fait au début du combat. Le gouverneur Shien se tint prêt à parer.


– Tu ne peux plus m’échapper, Tenkabito !


– Des mots ! beugla l’intéressé. Je connais ce coup !


– Vraiment ?


A peine avait-il terminé sa phrase que le Shien se figea. Son sabre, qui était censé contrer celui de Zanji, était en train de trancher dans le vide. Le samouraï et sa naginata avaient disparu de son champ de vision. C’est alors qu’il réalisa :


– Une feinte ?


– Lorsque l’on dépasse sa rage et que l’on laisse parler ses vrais sentiments…de nouvelles possibilités se dévoilent. Voilà ma réponse.


Le Shogun se retourna : Zanji était juste derrière lui, prêt à infliger un coup qui, vu sa position, serait surement critique.


« Je suis fière de toi…Zanji…. »


La lame se déporta largement sur le côté, jusqu’à transpercer l’armure de Tenkabito au niveau de la potrine. Le guerrier se retrouva comme figé sous l’effet du coup, au point d’en lâcher son sabre. Il tenta quelque pas en arrière, tandis que ses bras tremblaient. La naginata était restée plantée dans son armure. Mais Zanji, qui était resté tout proche, arracha violement sa lance du cœur du gouverneur. Un véritable flot de sang s’échappa alors du trou béant qu’avait laissé la lame dans son armure.


– Moi….le grand Tenkabito, finir ainsi…c’est inconcevable…


Il fit encore quelques gestes en arrière, mais buta contre la palissade murale qui clôturait la pièce. Il tenta de se raccrocher aux grosses torches qui bordaient les murs. Mais c’était peine perdu : il tenait à peine debout. Tout cela laissa largement à Zanji le temps de préparer le coup de grâce : il fondit pour une dernière attaque, à la diagonale, qui entailla le corps du gouverneur de l’épaule droite au flanc gauche. Ce dernier s’écroula instantanément.


– Adieu, Tenkabito.



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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [12/06/2017] à 22:21

Voici la conclusion de l'arc ! L'histoire passe clairement à la vitesse supérieure alors que la bataille finale se profile…


Chapitre 40 : La crise maximale



Spoiler :



Zanji l’avait fait : il s’était vengé. Tenkabito gisait au sol, juste devant lui. Un torrent de sang continuait à se déverser de sa plaie au niveau de la poitrine. Lui qui avait paru si terrifiant pendant toutes ces années n’était plus qu’un pitoyable mourant sur le point de passer l’arme à gauche. Pourtant, le gouverneur continuait de le toiser, droit dans les yeux.


– Ces traits…tu ne ressembles pas seulement au Grand Shogun, finit-il par lâcher. Tu es l’enfant de l’héroïne locale…la Guerrière de la Tradition, n’est-ce pas ? Je comprends mieux d’où t’es venu une telle motivation pour me battre…


– Ne prononce pas son nom, enfoiré ! menaça lancier.


Le gouverneur laissa échapper un petit rictus, tandis que Zanji pointait de nouveau sa lame sur lui.


– Tu penses avoir gagné, jeune samouraï ? Sache que nul ne peut gouverner ici, à part moi. Tout ce que tu as réussi à faire, c’est mettre cette région à feu et à sang !


Dans un ultime effort, il empoigna violement les grosses torches accrochées au mur, et les jeta au sol. Presque instantanément, le feu se répandit sur l’ensemble du tatami qui jonchait la pièce.


– Ah !


Pris par surprise, Zanji tenta immédiatement d’arrêter les flammes de s’étendre. Il savait très bien qu’en cas d’échec, c’était un immense incendie qui se profilait.

C’était cependant impossible : en quelques secondes, les poutres et les palissades en toile avaient également pris feu. Le gouverneur, qui se savait condamné se mit alors à éclater de rire. Le lancier eut une dernière fois l’occasion de voir le visage blafard couvert de sang le toiser, avant que ce dernier ne disparaisse au milieu des flammes :


– Retiens bien ça, avorton…Cette guerre, nous la gagnerons !


Le plafond en bois menaçait lui aussi de s’écrouler. Malgré une forteresse en pierre, Tenkabito avait eu le bon gout de faire construire les appartement intérieurs dans un style japonais traditionnel, avec comme seuls matériaux le bois et la taule. Le tout risquait de se consumer d’un moment à l’autre.


Zanji, par ici ! cria quelqu’un.


C’était bien sûr le Maestro Ninja Hanzo, qui était resté en arrière pour le couvrir.

Il s’était débarrassé d’un grand nombre de gardes. Sentant que la fin était proche, les autres s’étaient d’ores-et-déjà enfuis, ce qui avait laissé le temps au ninja de trouver lui-même une issue de secours par laquelle passer. Heureusement, le feu n’avait pas encore atteint l’Enceinte de Château.


Les deux hommes parvinrent à sortir sans trop de difficulté, car plus personne ne cherchait à les intercepter. L’incendie avait en effet généré une véritable panique : soldats rescapés, prisonniers et personnel s’étaient mis à dévaler la colline d‘un seul pas, avec pour seul objectif d’échapper au feu. Cette colline s’avérait d’ailleurs être une chance miraculeuse : si les flammes avaient pu entrer en contact avec les arbres de la Forêt, celle-ci serait véritablement partie en fumée.


– Je l’ai eu, annonça le samouraï qui courait lui aussi.


– Alors le gouverneur Shien est bel et bien mort…je n’en reviens pas, souffla Hanzo, visiblement soulagé.


– Et maintenant ?


Hanzo s’arrêta. Tout autour d’eux, les autres personnes commençaient à se disperser dans les bois.


– A ton avis, où vont aller tous ces gens ? demanda-t-il.


– Dans les villages les plus proches, réalisa Zanji.


– Et que crois-tu qu’ils vont faire, sachant que le Régime est déstabilisé dans la région ?


Le jeune guerrier pâlit.


– Une terre brûlée…il vont tout piller avant d’avoir totalement perdu.


– Mes ninjas ont dû voir la fumée, eux aussi. Ils m’attendaient dans la Cité. Commençons par les rejoinde.


On put bientôt voir la forteresse s’embraser depuis n’importe quel point des Forêts. Habitants comme veilleurs Shien, chacun savait ce que cela signifiait : le siège du Régime était touché. D’un seul mouvement, plusieurs milliers de paysans s’étaient levés, fourches à la main, pour se dresser contre le pouvoir vacillant. Quelqu’un avait fait le premier pas avec la forteresse, allumé l’étincelle nécessaire pour qu’elle gronde. Cette fois, la Révolution Globale étaient lancée.


Il n’y avait dans la plupart des villages que deux à cinq veilleurs Shien, selon la taille de ces derniers. C’était d’ailleurs bien suffisent, personne n’osant s’opposer à un Régime qui avait démontré sa force de répression depuis plus d’une décennie. Seule la capitale locale, la Cité des forêts, faisait exception avec une cinquantaine de gardes et de Légionnaires installés en permanence. C’était d’ailleurs la ville la plus proche de la forteresse, celle vers laquelle tout le monde courrait en ce moment même.


Les deux hommes arrivèrent bientôt sur place. Comme on pouvait s’y attendre, c’était le chaos. Des centaines de personnes s’échappaient dans les rues, tandis que les Shien enfonçaient les portes des maisons. Des soldats commençaient à faire des tas avec les vivres et les biens qu’ils trouvaient. Ailleurs, d’autres rassemblaient des jeunes femmes, qui étaient attachées à des arbres à l’orée de la forêt. On pouvait voir que certaines, qui s’étaient débattues, gisaient inconscientes au sol avec leurs maris. Le sang du lancier ne fit qu’un tour.


– Enfoirés…


Il se précipita vers le petit groupe de Légionnaires qui avait organisé le rapt. Après avoir vaincu Tenkabito, il pensait pouvoir venir à bout de n’importe quel adversaire. Mais c’était, malheureusement, surestimer ses forces. En courant vers les ennemis, Zanji trébucha. Il comprit alors qu’il avait trop forcé, au point que ses jambes le lâchaient. Il ne pourrait pas mener ce combat. Or, Hanzo ne pouvait pas intervenir : lui aussi était retenu par des veilleurs à quelques mètres de là. C’est à ce moment que quelqu’un intervint :


Art Ninjitsu Armure de Brume de Rouille !!


Instantanément, une énorme vague déferla devant Zanji, et balaya tous les guerriers devant lui. Un homme surgit alors d’une ruelle sombre, et s’élança sur les Légionnaires avant que ceux-ci ne puissent se relever.


– Vas-y, dragon bleu !


L’homme commença à composer des signes étranges avec ses mains. Aussitôt, l’eau qui se trouvait au sol commença à s’agiter, puis à s’élever dans les airs. Comme par magie, elle dessina bientôt la forme d’un dragon, qui se jeta sur le Shien le plus proche. Quelques instants après, ils étaient tous morts.


– Je te reconnais, dit Zanji en se relevant. Tu es le Ninja Armé au service de Sasuke, n’est-ce pas ?


– C’est bien moi, répondit le ninja sans se retourner, trop occupé à détacher des arbres les femmes prisonnières. J’ai progressé depuis notre dernière rencontre, grâce aux enseignements du Ninja Argent Émérite. Je me fais appeler Ninja Dragon Bleu, désormais.


– Maître Hanzo, vous êtes de retour ? cria un autre individu derrière eux. J’ai neutralisé les ennemis dans les quartiers est !


C’était un ninja entièrement vêtu de rouge, que le lancier connaissait sus le nom de Ninja Cramoisi. Hors le dragon de feu qui l’entourait laissa penser au samouraï que lui aussi avait surement changé de nom. Le lancier ne s’était même pas remis de ses émotions qu’un troisième homme déboula sur un toit, cette fois entièrement vêtu de blanc. Le dragon de fumée qui tournait autour de lui ne laissait aucun doute : le Ninja Blanc qu’il connaissait était devenu le Ninja Dragon Blanc.


– Je vois que vous avez pris l’initiative de défendre la ville dès le début des agitations, fit leur chef. Même sans ordre de ma part. C’est parfait. Avez-vous tous terminé ?


– Il semblerait que le Ninja Dragon Noir ait quelques difficultés dans les coin sud de la ville.


Zanji écarquilla les yeux. Mais combien étaient-ils ?


– Ah, le petit nouveau ? Pour quelqu’un qui se faisait appeler Ninja d'Intervention auparavent, je ne le trouve pas très efficace.


Il se tourna ensuite vers le samouraï.


– Ça devrait aller, il ne reste plus beaucoup de Shien entre ceux qui ont pris la fuite et ceux qui sont déjà hors d’état de nuire. D’ici moins d’une heure, nous contrôlerons la Cité. Ensuite, on ira de village en village pour s’occuper des veilleurs restants. Sans compter Sasuke et les autres ninjas restés dans notre repère, qui ont dû se mettre en route après avoir vu la fumée.


– Je suis désolé…je ne suis pas en état de vous aider davantage…


Hanzo ricana.


– Tu as lance une révolution, ça ne te suffit pas ? Nous pouvons nous passer de toi pour la suite. Prends un cheval et va, retourne au Temple des Six auprès des tiens !


Le Temple des Six ? Cela faisait si longtemps qu’il n’y était pas allé…Cela dit, dans son état, il n’avait pas vraiment le choix. C’était le seul lieu l’on pourrait le soigner à l’heure où la région entière prenait feu.


Zanji attrapa le cheval le plu proche et partit au galop. Le chemin, il le connaissait par cœur ; la région n’avait pas de secret pour lui. Sur son chemin, il put constater les conséquences qu’un simple incendie avait causé : le long des routes, à proximité des villages qu’il traversait, il retrouvait des cris, des hurlements, des scènes de combat. Partout l’insurrection des villageois se concrétisait.


Il lui fallut un certain temps pour atteindre le temple. C’était après tout un lieu discret, perdu à l’extrémité de la forêt. Il pensait que de par sa disposition, l’endroit aurait été épargné des élans révolutionnaires. Il allait réaliser à quel point il avait tort dans peu de temps.


Quelle ne fut pas la surprise du lancier quand en effet, il arriva devant le fameux Portail des Six. L’entrée était tout bonnement détruite. Les portes, sorties de leurs gonds, avaient été violement enfoncées et projetées au sol. Les pavés de la cour, pour la plupart retournés, témoignaient de la violence qui avait été déployée sur place.


– Que s’est-il passé ici ? murmura-t-il dans la nuit.


En avançant vers l’intérieur du temple, il ne tarda pas à trouver des indices : des dizaines de cadavres de guerriers Shien jonchaient le sol de la cour principale, celle dans laquelle les Six s’entrainaient. Le sang était encore frais. Tout cela avait eu lieu tout récemment. Anxieux, Zanji se dirigea rapidement vers le bâtiment. Quelqu’un surgit alors de l’intérieur et le plaqua au sol.


– C’est moi ! Zanji ! cria t-il en se débattant.


Le Chambellan Des Six Samouraïs desserra l’emprise de ses bras mécaniques en reconnaissant la voix de son élève. Son armure sentait elle aussi fortement le sang frais.


– Alors te voilà…souffla l’homme en se relevant. Viens, on t’attendait justement avec les autres.


Sans savoir ce que cela signifiait, le samouraï suivit son mentor vers les pièces centrales du temple. Il ne posa pas de question : il savait qu’il serait informé de tout en temps et en heure. Il ne pouvait toutefois pas s’empêcher d’être inquiet devant la pâleur de son maître, et l’ampleur des dégâts à l’entrée.


Le Chambellan le conduisit finalement dans un des petits salons où l’Ordre des Six se réunissait. Le lancier fut stupéfait d’y trouver l’Envoyée et les cinq autres samouraïs assis sur des cousins, le regard vide. Tous semblaient avoir participé à la bataille du portail.


– Vous n’êtes plus avec l’oracle ? demanda-t-il avec étonnement.


Les autres lui lancèrent un regard noir.


– On est partis te chercher quand, après notre entraînement spirituel, on a réalisé que tu n’étais pas rentré, cracha Kamon, que pour la première fois de sa vie Zanji voyait sans sourire aux lèvres. Comme ce n‘est pas très loin, on pensait que tu te trouerais ici. Mais non, tu n’étais pas là. Et peu de temps après, ils ont attaqué.


Le Chambellan, qui venait de s’asseoir, prit à son tour la parole :


– Ces Shien ont été envoyés directement par le Grand Shogun, cela ne fait aucun doute. Lui seul connait l’emplacement du Temple des Six. C’était déjà lui qui avait envoyé les ninjas pour capturer le Grand Maître…De toute évidence, l’Ordre paie le prix pour, après une décennie de discrétion, s’attaquer de nouveau au Régime.


– Heureusement qu’on est arrivés à temps, compléta trouver l’Envoyée. A part Kageki, il n’y avait personne pour défendre ce lieu. Hors, malgré sa force, lui aussi se fait vieux et ne peut plus combattre des hordes d’ennemis seuls comme au temps de notre jeunesse…


– Nous les avons contenus à l’entrée, expliqua Nisashi. Sans cela, ce temple n’existerait déjà plus.


Il tapa du poing.


– Malgré tout, nous n’avons pas pu empêcher le meurtre de plusieurs domestiques, et d’importantes destructions matérielles !


Il y eu un silence.


– Que faisais-tu pendant ce temps, Zanji ? demanda l’Envoyée d’un ton reprocher.


Le samouraï déglutit. Il avait agi en solo, et allait devoir maintenant l’assumer.


– Et bien, je…


Il était prêt à tout expliquer. A parler de sa vengeance, de sa colère, mais aussi du regret qu’il avait d’avoir cédé à la colère. Mais il n’en eut pas le temps : il fut interrompu par un grand bruit de pas qui se rapprochait du petit groupe. Quelques secondes après, une servante déboula dans la pièce en courant :

– Messires, c’est urgent… Notre respecté doyen…son état s’aggrave…


– Quoi ?!


Les huit occupants de la pièce se levèrent comme un homme, et prirent les escaliers avec le même élan. Tous se dirigèrent vers la chambre de l’Ancien, l’homme qui avait fondé l’Ordre des Six samouraïs et entrainé la première génération de guerriers. Depuis plusieurs années, il était alité et ne sortait que très peu de sa chambre. Tous parvinrent à la même conclusion : le tumulte généré par l’assaut avait été mauvaise pour la santé du vieil homme, presque centenaire.


Dans la chambre, les samouraïs trouvèrent face à un doyen plus livide encore qu’à l’habitude. Seule sa tête et ses épaules dépassaient du grand lit dans lequel il était habituellement installé, tandis qu’une unique bougie à son chevet éclairait la pièce. Son souffle était à peine perceptible et semblait de plus en plus lent.


– Ah, vous êtes tous réunis, constata-t-il lorsque les portes de sa chambre s’ouvrirent. J’ai bien fait de vous faire prévenir. Approchez, mes enfants. Il faut que je vous parle.


– Nous vous écoutons, maître, répondirent plusieurs d’entre eux en s’inclinant.


L’Ancien toussota quelque peu, avant de reprendre.


– Cela faisait des années que ce n’était pas arrivé…mais le vacarme de tout à l’heure m’a apporté comme…une révélation. Ecoutez-moi bien, mes enfants…cette vision que j’ai eu sera surement la dernière.


Dans la pièce, un silence tendu s’installa. Chacun attendait avec gravité les paroles du doyen.


– Ce qui se profile dans les jours qui viennent, c’est la crise la plus grave que n’ait jamais rencontré ce royaume. Oui, une double menace…on pourrait résumer ma vision par ces terme : la crise maximale….


On pouvait lire l’anxiété, la tension sur le regard de chacun des six samouraïs. Devant les ravages déjà commis par les Shien dans la région, les terribles pertes dans le temple, Zanji ne put s’empêcher de penser aux dernières paroles de Tenkabito :


« Cette guerre, nous la gagnerons. »



Retrouvez dès la prochaine fois le nouvel arc :



Spoiler :



Arc Guerre Totale


Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [04/07/2017] à 00:01

Début de l'arc Guerre Totale !


Ce qui était jusque là une série de petits affrontements isolés prend une autre tournure. Face à des Shien déchainés, prêts à tout pour maintenir un Régime qui s'écroule, les Six samouraïs et la Résistance ne peuvent plus reculer…Mais attendez, qui a dit qu'il n'y aurait que ces deux camps là ?


Chapitre 41 : La menace venue de l'océan



Spoiler :



C’était une petite ville portuaire à l’extrémité ouest de la région des Rizières. Il n’y avait pas grand-chose ici, à peine quelques échoppes et des maisons modestes qui faisaient face à la mer. Les gens, pour la plupart modestes, tiraient parti de l’océan et du poisson qu’on y trouvait pour vivre et faire du commerce. La ville, calme habituellement, semblait ce jour-là euphorique. La nouvelle de la victoire du Samouraï Shiranui et de la Résistance dans la Cité aux Rizières, la veille, était en effet parvenue jusqu’aux oreilles des habitants. Ce annonce presque surréaliste avait provoqué un éclatement général de joie dans la ville, et la naissance d’un nouvel espoir quant à l’effondrement du Régime.


En pleine effervescence, la population ne fit même pas attention à la jeune femme qui pénétra à l’intérieur de la ville en fin de matinée. Celle-ci était affublée d’une épaisse cape sombre, dont elle se servait manifestement pour cacher son corps, ainsi que d’un chapeau qui lui était assorti. Rien ne dépassait de cet accoutrement peu commun dans la région, si ce n’est peut-être une mèche châtaine que l’on distinguait à peine. La jeune femme avançait difficilement. Sa démarche lente, un peu gauche, trahissait visiblement des blessures au niveau des côtes ou du bassin. Dès que cela fut possible, elle se dirigea vers une ruelle à l’abri des regards indiscrets, pour se laisser glisser contre un mur.


– Je l’ai fait, souffla-t-elle en reprenant sa respiration. Je leur ai échappé.


Il y avait de quoi être soulagée : la jeune femme avait tout de même fui la Cité aux Rizières puis traversé la région entière en une journée, à pied, malgré ses blessures. Après s’être assurée que personne ne l’avait suivie, elle s’autorisa enfin à retier son chapeau et à découvrir sa cape.


Les blessures de Dame Guerrière étaient sévères. Elle avait perdu beaucoup de sang dans sa fuite, au niveau du thorax mais aussi du bras gauche. Sa mine était elle aussi horrible. Ses cheveux en bataille, aussi raides que la paille, tachés du sang de ses ennemis, lui tombaient salement au visage. Elle qui pouvait d’habitude se montrer moqueuse, avait perdue tout envie de rigoler.


– J’espère qu’ils sont arrivés, marmonna-t-elle en se relevant, après s’être reposée une bonne heure.


Elle savait très bien ce qu’elle devait faire pour achever sa mission. Résolue, elle se dirigea vers le port de la ville. Il n’y avait là que de petits bateaux de pêche, dont la plupart étaient à quai. La plupart des habitants préféraient fêter la libération de la région plutôt que de pêcher. Ce qui intéressait la Dame Guerrière se trouvait en revanche plus loin, au large. Comme elle s’y attendait en venant ici, elle put apercevoir plusieurs grands navires amarrés au large de la côte. Il n’y avait pas de doute possible : c’était eux.


– Ces bateaux ne partent toujours pas, murmura un des rares pêcheurs sur place, qui discutait avec ses collègues non loin de là. Je n’en avais jamais vu des comme ça, avant.


– Ils sont immenses, renchérit un autre. Je ne sais même pas si le Régime possède de tels navires….


Intéressée, elle ne put que se glisser dans la conversation :


– Depuis combien de temps sont-ils là ? lança t-elle brusquement aux deux hommes.


– Oh ? Je dirais, depuis hier, répondit le premier pêcheur surpris de cette intrusion.


C’était parfait, exactement comme les plans établis le prévoyaient. La Dame Guerrière ne prit même pas la peine de remercier l’homme ou de lui demander de plus amples renseignements. Elle se contenta de se glisser dans le bateau le plus proche – probablement celui de son interlocuteur – et de le détacher du ponton.


– Eh, que fais-tu ?! cria le propriétaire en tentant de l’en empêcher.


C’était cependant trop tard. Avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, le bateau et sa passagère étaient déjà partis en direction de la flotte. Il y avait parmi celle-ci un navire qui se distinguait des autres par sa taille, bien plus imposante. C’était bien entendu celui-qui abritait le commendement, et vers lequel elle se dirigeait pour faire son rapport. Au bout d’une bonne trentaine de minutes, son embarcation parvint enfin au pied du navire. Depuis sa place, la jeune femme put voir des dizaines de matelots s’activer sur le ponton principal. Elle fit alors de grand geste de bras pour être reconnue.


Dat ben ik ! Ik ben terug ! lança t-elle aux hommes du navire.


Elle se savait attendue. Presque aussitôt, le personnel lui présenta une échelle qui lui permit de grimper à bord. La Dame Guerrière soupira. Rien n’avait changé ici. Le pont était toujours aussi impressionnant, avec son revêtement en bois lisse et ses multiples canons placés de part et d’autre sur les côtés. Le vent agitait les grandes voiles blanches caractéristiques des bateaux de chez elle. C’était un véritable soulagement que de revenir ici, de voir autant de gens de son peuple réunis, d’entendre sa langue parlée partout autour d’elle. Elle était restée trop longtemps enfermée dans le rôle de la gentille analphabète. Plusieurs fois, elle avait cru craquer tant le mal du pays était fort. Il fallait bien l’avouer, rentrer à la maison éveillait une certaine nostalgie en elle.


Elle se rappelait très bien du jour où l’imposant bateau l’avait déposée ici, sur cette côte, lorsqu’on lui avait confié la mission d’infiltrer la Résistance. Le souvenir avait beau dater de plusieurs années, il resterait probablement gravé dans son esprit pour toute sa vie. Elle avait été entraînée en amont à parler la langue des autochtones, formée à la manipulation et à la persuasion par les meilleurs professeurs de rhétoriques, et bien entendu initiée au combat. Si on l’avait choisi, elle, c’était parce qu’elle faisait partie des meilleurs. Et effectivement, elle avait aujourd’hui le sentiment d’avoir accompli la mission qu’on lui avait confié. Pendant tout ce temps, elle avait renseigné son peuple sur la situation politique du Régime, et avait alimenté la fameuse « Résistance » pour l’affaiblir de l’intérieur. Il était à présent temps d’achever sa mission. Il fallait qu’elle voie le général pour lui faire son rapport, lui donner les derniers détails de l’insurrection.


Waar is Freed ? demanda-t-elle.


On la conduisit alors vers le bureau du général, celui qui était à la tête de l’expédition. C’était un moustachu entre deux-âges, dont le visage était partiellement caché par de longs cheveux blonds. Son regard, tantôt perçant, était pour le moment porté dans le vide, signe que le général réfléchissait. Il possédait sur le front un diadème incrusté de pierre précieuse, dont on racontait qu’il lui avait été offert par sa Majesté elle-même suite à l’accomplissement d’une mission à la difficulté extrême. Toujours en première ligne, c’était l’un des officiers les plus perspicaces de tout le royaume. Son aisance au combat n’avait d’ailleurs rien à envier à son intellect : il n’était pas rare de le voir à lui seul renverser la tendance au cours de batailles que beaucoup auraient jugé perdues. Pour toutes ces raisons, il avait acquis une certaine réputation, au point d’être régulièrement surnommé Freed, le Général Irremplaçable.


Ah, fit Freed en la voyant arriver.


Lui qui était pris dans ses pensées, comme souvent, savait que se profilait une conversation de la plus haute importance. Si l’on devait faire une hiérarchie officieuse de la flotte, la talentueuse espionne qu’il avait devant lui avait tout du parfait numéro 2. La Dame Guerrière lui raconta tout ce qu’il devait savoir : l’éclatement de la révolte dans la Cité aux Rizières, l’arrivée des Six samouraïs, l’ébranlement du pouvoir du Régime dans la région…Freed écouta attentivement, puis émit un petit sourire. Il comprenait maintenant pourquoi l’espionne avait envoyé un message d’urgence pour être rapatriée. Le moment était venu : l’affaiblissement du Régime était la condition nécessaire pour procéder à l’intervention. Et elle venait d’être remplie.


Freed se leva de son bureau, et demanda à ses hommes de préparer un bateau. Maintenant qu’il savait que l’invasion était proche, il pouvait bien se permettre une petite visite aux autochtones locaux. La Dame Guerrière, qui était la meilleure guide et traductrice imaginable, l’accompagna bien entendu. On lui laissa à peine le temps de se laver, de passer devant un médecin qui examina et pansa brièvement ses blessures, et elle était de nouveau partie vers le rivage en compagnie d’une trentaine de soldats.


Leur arrivée sur le petit port de la ville ne passa pas inaperçu. Les pêcheurs restèrent bouche bée devant les passagers du navire. Comme ils étaient différents ! Leur taille dépassait d’une tête en moyenne celle de tous les habitants du village. Leur peau et leurs cheveux étaient d’une clarté comme ils n’en avaient encore jamais vu. Les yeux de certains, dont le général lui-même, était du même bleu que l’océan d’où ils venaient. Enfin, ils portaient des armes et des armures d’un style totalement différent des samouraïs locaux. Mais Freed n’avait que faire du regard intrigué des badauds. Il avait soif.


Il ne fut pas bien difficile pour le petit groupe de repérer le seul bistrot à proximité. Seul le général et la Dame Guerrière entrèrent. L’officier avait en effet confié une mission aux soldats pendant qu’eux boiraient : ils devaient rassembler un maximum de personnes devant le port.


Un serveur apparut rapidement dans l’encadrement de la porte d’entrée, et fit signe d’un air un peu intimidé au général d’entrer. Là, il lui présenta une table et des chaises sur lesquelles la jeune femme et lui s’assirent. Le bistrot était un endroit modeste, où on ne trouvait rien de plus intéressant que d’autres chaises et un comptoir. Tout autour les autres clients murmuraient discrètement, sans doute à leur sujet, même si aucun d’entre eux n’osait se retourner en leur direction. On pouvait clairement sentir que l’ambiance festive due à la libération de la régin était contrariée par leur arrivée. Sans en tenir compte, Freed regarda la barman d’un air condescendant, puis fit un geste du visage en sa direction.


Breng me een drankje, cracha-t-il.


Le pauvre serveur et les clients autours restèrent ébahis : quelle était donc cette langue, dont les sonorités sonnaient si différentes de tout ce qu’ils avaient pu entendre jusque-là ? Les mots du guerrier semblaient froids, lents, et hachés. Ils ne ressemblaient en rien à leur langue, ni même à ce qui se parlait dans les pays voisins.


Hij kan niet begrijpen. U weet dat, Freed ! fit remarquer la Dame Guerrière.


In dit geval heeft u te vertalen ! répliqua le général qui s’impatientait.


Elle soupira, puis toisa le barman à son tour :


– Le général veut boire.


– Je peux vous proposer ce saké…répondit-il. C’est ce qui se fait de mieux dans la région.


Son front affichait visiblement de grosses perles de sueurs. Il n’avait de toute évidence pas l’habitude de recevoir des clients de ce type.


– Peu importe, mais dépêche-toi, répondit-elle sèchement.


Elle qui n’aspirait qu’à se reposer était on peut plus irritée d’avoir été traînée par son supérieur dans ce genre de lieu, qu’elle avait eu le loisir de visiter durant ses années de couverture. C’étaient maintenant les locaux qui faisaient les frais de cette irritation. Quelques minutes après, l’homme était revenu auprès d’eux, avec une bouteille et deux verres à la main. Il disposa le tout le plus respectueusement possible, allant jusqu’à s’incliner devant les étrangers au moment de les servir.

La Dame Guerrière se contenta de rejeter son verre d’un revers de main. Le général, pour sa part, saisit le petit récipient et avala son contenu d’un coup. Il le garda en bouche quelques secondes, afin d’en évaluer le gout. Aussitôt après, il grimaça et cracha le contenu du verre au sol. Le serveur déglutit.


Deze drank is stront, commenta-t-il d’un air furieux.


La Dame Guerrière retranscrit alors mot pour mot ce que sont supérieur avait dit :


– Cette boisson, c’est de la merde.


Les autres clients baissèrent les yeux, tentant de se faire les plus petits possibles. Le serveur, qui cette fois dégoulinait de sueur, se mit à genoux devant les deux étrangers :


– Je suis vraiment désolé que cela ne vous ait pas plu ! s’exclama-t-il.


Ils ne firent pas attention aux remarques de l’homme, et se levèrent brusquement. Freed marmonna une nouvelle chose que personne dans la salle ne put comprendre, et donna un coup de pied dans la chaise sur laquelle il était assis quelques instants plus tôt. Cette dernière alla percuter la table en bois qui était juste à côté, renversant au passage la bouteille de saké encore pleine et les deux verres dans un grand vacarme.


– Oui, il n’y a plus rien à faire ici, ajouta sa coéquipière, suffisamment fort pour que tout le monde dans le bistrot puisse entendre. On se tire.


Après tout, leur but n’avait été que de passer le temps en attendant que les soldats aient fini le sale boulot. Ils purent constater en sortant que c’était le cas. Plusieurs centaines de personnes, soit la majorité de la ville, avaient été réunies devant le port. Le tout s’était fait dans un relatif calme : personne n’avait osé s’opposer à des étrangers si lourdement armé.


Perfect.


Le général irremplaçable claqua des doigts. Aussitôt, un soldat s’approcha de lui, et se mit à déterrer les pavés à ses pieds. La pierre polie laissa bientôt place à un carré de terre de plusieurs mètres carrés, que son chef contempla avec attention.


Reagardez zorgvuldig.


– Regardez soigneusement, traduisit machinalement la Dame Guerrière.


Il fit de nouveau signe à ses hommes. Un second guerrier vint à sa rencontre, équipé cette fois d’un drapeau. Le général l’arracha aux mains de son subalterne, et fit signe à la Dame Guerrière de continuer. Elle savait exactement quoi dire.


– Voici la Bannière du Courage. Le symbole de notre peuple et de ses exploits guerriers. Nous le plantons partout sur les territoires que nous conquerrons.


On entendit des murmures inquiets dans l’assemblée. La réponse du chef militaire fut directe : il planta d’un geste vif et assuré le drapeau dans le petit carré de terre.


Me, Freed, namens Hare Majesteit … aankondiging dat dit land behoort tot Occcident.


Son associée retranscrit une ultime fois les paroles du général :


– Moi, Freed, au nom de sa Majesté….déclare que ces terres appartiennent à l’Occident.



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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [25/09/2017] à 22:48

Bon je reviens de vacances sur le tard avec un bon gros chap 🙂


Chapitre 42 : L'union des forces



Spoiler :



– Ecoutez-moi bien, mes enfants…cette vision que j’ai eu sera surement la dernière.


Au Temple des Six, la tension était palpable. L’Ancien des Six Samouraïs toussota. Ses yeux fatigués semblaient lutter pour ne pas se refermer, comme si une pression quelconque implorait ses paupières de céder. On pouvait clairement voir le vieil homme lutter de toutes ces forces contre la fatigue. Le silence régnait dans la chambre, les Six samouraïs et leurs mentors attendant avec attention les paroles du vieil homme. Celui-ci ouvrit une nouvelle fois la bouche, et inspira longuement afin d’avoir assez de souffle pour raconter son récit.


– J’ai vu un immense champ de bataille, commença-t-il. C’était dans la région des plaines. Oui…J’ai clairement reconnu les grandes étendues verdoyantes caractéristiques de cette partie du Royaume. Pourtant, les prairies habituellement calmes étaient dévastées. Ma vision m’a montré des combats de toutes parts, d’une extrême violence…Une guerre totale entre plusieurs armées…


L’Ancien fit une pause qui lui permit, après cette première description, de reprendre son souffle. Ses disciples restèrent muets, désireux d’en savoir plus sur cette mystérieuse bataille.


– Il y avait bien entendu les Shien. Cependant, leur nombre n’avait rien de comparable avec ce que vous connaissez…Ils formaient une véritable marée humaine, une troupe de plusieurs milliers d‘hommes. Leur nombre d’avait d’égal que leur cruauté. Si vous les pensiez violants en temps de paix, vous auriez dû les voir, brutaux comme ils étaient, plongés e situation de guerre…De véritables bêtes féroces, les yeux injectés de sang, prêtes à tout détruire sur leur passage. Ils combattaient une autre armée qui semblait beaucoup plus hétérogène. On y trouvait de tout : des guerriers qui paraissaient expérimentés bien qu’âgés, mais aussi des mercenaires et des paysans. Ils étaient clairement moins nombreux, moins organisés aussi, mais luttaient avec vaillance et tenaient vraisemblablement tête à leurs adversaires. Leur chef, un jeune homme brun, possédait sur lui l’insigne de la dynastie des Shiranui. Il est possible qu’il s’agisse de la Résistance et du fameux Samouraï Shiranui dont vous m‘avez parlé…


Le vieux guerrier s’arrêta de nouveau, mais cette fois de manière involontaire. Il se mit à tousser, plus violement que la fois précédente, crachant un peu de sang sur ses draps de soie.


– Maitre ! cria l’Envoyée Des Six Samouraïs en se levant vers lui.


Le Chambellan, le regard vide, l‘écarta d’un revers de main.


– Laisse, Mizuho. Cela ne sert à rien.


A contrecœur, la guerrière retourna à sa place. Elle savait très bien qu’elle ne pouvait rien faire, mais voir l’homme qui leur avait tout appris à ce point affaibli ne pouvait que l’attrister.


– Ne vous inquiétez pas, mes enfants…reprit le doyen, qui se ressaisissait. Je réussirai à vous transmette ce message.


Il s’était redressé dans son lit, sans doute pour essuyer le sang qui coulait de sa bouche. Il pouvait à présent voir le visage de chacun de ses interlocuteurs. Voir son œuvre, deux générations de guerriers prêts à se battre pour leur royaume, l’emplissait de joie malgré la douleur. Il trouva alors la force de reprendre son récit :


– Les Shien et la Résistance n’étaient pas seuls. Il y avait là une troisième armée….Une armée étrange, comme je n’en ai avais jamais vu. De toute évidence, il s’agissait d’étrangers. Leur visage était blanc comme les nuages, leurs yeux bleus comme le ciel, leurs cheveux clairs comme le soleil lui-même. Tous étaient grands, musclés, et munis d’épées et de boucliers qui dépassaient l’entendement. Ils étaient équipés d’armures épaisses, mais dont la forme n’avait rien en commun avec celle des samouraïs. Beaucoup de ces guerriers hurlaient dans une langue incompréhensible, dont les syllabes étaient systématiquement hachées. Le sang sur leurs visages hargneux les rendait tout aussi terrifiants que les Shien eux-mêmes.


Les samouraïs se regardèrent sans prononcer mot. Aucun n’osait briser le silence quasi religieux qui s’était installé, mais tous avaient à peu près en tête la même chose. Cette armée était certes une terrifiante surprise, mais la description faite de ses soldats n’était pas sans leur rappeler une certaine personne.


– Nous…nous avons rencontré quelqu’un qui ressemblait à cela, lança finalement Kamon après une longue hésitation. Elle se faisait appeler Dame Guerrière et prétendait obéir à la Résistance.


– Il s’agissait en réalité d’une espionne qui a tenté de nous tuer lors de la bataille de la Cité aux Rizières, compléta Zanji. Mais elle ne semblait pas obéir aux Shien, allant jusqu’à refuser les ordres du gouverneur local. Peut-être agissait-elle directement sous les ordres de cette troisième armée ?


– Après tout, n’avait-elle pas parlé de l’« Oskidan », ou de quelque chose comme ça ? rappela Nisashi, qui avait la mémoire vive.


Ils se regardèrent tous, plongeant autant que possible dans leurs souvenirs.


– Oui. C’est possible.


– Quelque soit son nom, méfiez-vous de cette armée, continua l’Ancien. Le mystère qui l’entoure la dote d’un avantage stratégique. Il faut absolument prévenir vos alliés qui se préparent à affronter les Shien de deux choses : d’une part qu’il y a un autre ennemi tout aussi puissant que le Régime, et d’autre part qu’à cause de cet ennemi surprise, la guerre va se déclencher beaucoup plus tôt que prévu.


Pour Zanji[/yugioh, qui avait vu la forteresse de Tenkabito brûler et les villages s’insurger contre les Shien, le fait que la guerre était imminente était devenu une évidence. Mais pour les autres en revanche, qui devaient imaginer cette vision lointaine, ce fut une crispation supplémentaire que d’entendre cela.


– Dans combien de temps aura lieu cette grande bataille, d’après vous ? demanda Irou


– J’ai toujours eu des visions à très court terme. Cette bataille ne se produira que dans quelques jours. Peut-être trois, quatre, ou cinq. Mais guère plus.


– Seulement ?!


C’était le choc pour tous. D’ici peu de temps la guerre, la vraie, commencerait. Ils avaient bien senti le conflit s’intensifier lorsque la Résistance s’était imposée dans les Rizières, mais les samouraïs -excepté le lancier – n’avaient pas réalisé qu’ils en étaient arrivés là. Les petites missions isolées étaient désormais derrière eux. Ils devraient à présent combattre au jour le jour pour la survie de leurs idéaux.


– Il faut absolument prévenir le Samouraï Shiranui et ses hommes, insista leur mentor. C’est le seul moyen d’avoir une chance contre ces deux ennemis. La vision que j’ai eu montrait un combat terrifiant, extrêmement meurtrier. Mais peut-être, avec ces informations, pourrez-vous éviter le pire.


Le vieux maître voulut sourire. Ses lèvres se déformèrent pourtant sous l’effet de la douleur, et ce fut à la place un filet de sang qui en jaillit.


– Mes disciples, mes enfants…vous qui avez fait vivre l’Ordre que j’ai fondé…comme vous pouvez le voir, je n’en ai plus pour très longtemps. J’aurais vraiment voulu passer plus de temps auprès de vous, surtout à vous de la jeune génération que je n’ai pas pu côtoyer, alité comme je le suis depuis des mois.


– Maître….murmura Mizuho, la larme à l’œil.


C’était la première fois que les samouraïs la voyait exprimer ses émotions. Elle qui était d’habitude si froide semblait vraisemblablement bouleversée par ce qui se déroulait sous leurs yeux.


– Mais je suis content d’avoir pu partager une dernière vision avec vous. J’espère qu’elle vous sera utile. Maintenant, partez ! Rejoignez le front et aidez la Résistance à changer le destin de ce pays. Plus que jamais, le royaume à besoin des Six Samouraïs. Utilisez ce que l’Ordre vous a appris pour faire de nouveau régner la paix et la sécurité sur ces terres. Ceci est ma dernière volonté.


Lentement, ses paupières arrêtèrent de lutter, et se refermèrent délicatement. Le corps raide du vieil homme se détendit progressivement, se bras osseux se décontractant avec souplesse. Un dernier filet de sang coula le long de sa joue, mais ce dernier n’empêcha pas un sourire de se graver sur ses lèvres. Le corps qui souffrait il y a peu semblait avoir trouvé le repos.


– Maître….répéta Mizuho qui s’était mise à pleurer.


Le Chambellan, tout aussi ému, s’avança au chevet de l’Ancien. Il essuya avec délicatesse le sang qui s’était écoulé.


– Le meilleur moyen de lui rendre hommage est d‘exécuter sa volonté. Les Six Samouraïs prendront les armes.


Il y eut une approbation unanime dans la salle. Même s’ils n’avaient pas eu beaucoup l’occasion d’échanger avec le fondateur de l’Ordre, ils prendraient les armes sans hésitation. Chacun prit quelques instants pour se recueillir devant le doyen. Tour à tour, les samouraïs sortirent de la pèce, pour se retrouver dans le salon qu’ils avaient quitté. Des domestiques s’affairaient déjà près du corps du vieil homme, dans le but de le préparer pour la cérémonie funéraire. Après tout ce qui venait de se passer, il parut nécessaire au petit groupe de faire le point de journée.


– Nous avons beaucoup de choses à nous dire, commença le Chambellan, le seul qui était resté au Temple des Six depuis la montée des tensions. J’ai déjà entendu le récit de ceux qui viennent de chez Denko Sekka. Mais toi, Zanji, tu ne nous as pas raconté ce que tu avais fait pendant ce temps.


Le jeune lancier soupira. Le moment qu’il redoutait, celui des explications, était venu. Il savait déjà que ce que sa réponse ne plairait pas à ses camarades.


– Je suis allé affronter Tenkabito dans sa forteresse, déclara-t-il de but en blanc. Et je l’ai vaincu.


Un long silence parcourut la salle. Ce n’était plus un silence de respect comme face à l’Ancien, mais bien un signe de stupéfaction. Décontenancés, les samouraïs regardèrent Zanji droit dans les yeux, tentant d’y trouver un signe d’amusement quelconque. Pourtant, ce dernier ne semblait pas plaisanter.


– Peux-tu répéter ? demanda le Chambellan, visiblement stupéfait par cette annonce.


– Quand j’ai appris pour mon père, au temple de Denko Sekka…j’ai perdu tous mes repères. Je suis ensuite revenu ici, dans la région des Forêts où j’ai grandi. De retour dans mon village, j’ai appris que Tenkabito était celui qui, indirectement, avait causé la mort de ma mère…en plus de celle de mon père adoptif. Cette colère que j’avais en moi, depuis toujours, est remontée brutalement. Je n’avais qu’une seule personne contre qui la diriger : celui qui m’avait pris la famille que je connaissais, qui asservissait ma région depuis des années, celui même qui m’avait humilié peu de temps avant que je ne rejoigne l’Ordre. Pas un seul instant, je n’ai réfléchi aux risques que je prenais, aux conséquences de mes actes. Il fallait que la colère s’exprime.


Les camarades de Zanji avaient baissé les yeux, le regard dans le vide. Tous étaient partagés entre l’envie de réprimander leur camarade, qui avait agi une fois de plus en solitaire alors que les Six étaient censés formés un groupe uni, et leurs sentiments qui appelaient plutôt à la compassion, au regard des tiraillements qu’il avait dû connaître. Seul le Chambellan continuait de fixer de jeune samouraï dans les yeux.


– Est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ?


– Je ne chercherai pas à justifier mes actes, répondit-il aussi sereinement qu’il le pouvait. Je sais que j’ai mal agit, et je suis prêt à en assumer les conséquences.


– Assumer ? répéta le vieux guerrier en durcissant le ton. Sais-tu au moins de quoi tu parles ? Tu aurais pu mettre en péril ce qui se construit dans l’ombre depuis des années pour un simple caprice !


Zanji ne répondit pas. C’était vrai. Qu’aurait-il bien pu rétorquer à cela ?


– Je me demandais à quoi pouvait correspondre cette fumée que l’on aperçoit derrière les arbres. Tout devient clair ! Même si tu as réussi l’impossible, c’est-à-dire battre à toi seul l’un des hommes les plus puissants du Régime, tu n’as pas pu empêcher cette petite expédition de tourner à l’émeute généralisée !


Tenkabito a lui-même mis feu à sa forteresse peu de temps avant de succomber, expliqua le lancier. Les Shien qui s’y trouvaient se sont dispersés dans la région. A l’heure actuelle, les ninjas combattent dans chaque village au côté des habitants pour les repousser.


– Comment ?!


– Tu aurais dû commencer par là…glissa Irou. S’il y avait bien une information à nous donner, c’était celle-là.


– Donc, reprit le chambellan qui prenait sur lui pour maintenir un semblant de calme, tu me dis que ta promenade chez Tenkabito a crée un climat de guerre civile dans tous les villages de la région ?


– Oui, avoua Zanji. Mais sans leur forteresse les Shien sont faibles et peu organisés. D’ici demain matin, il est possible que nous ayons repris le contrôle de la régi….


– Idiot ! cria son mentor. Toute la subtilité des réseaux secrets de Résistants était d’agir dans l’ombre le temps d’être suffisamment puissants pour affronter les Shien dans les conditions qui nous arrangeraient. Nous avions presque réussi à accumuler ces forces, et à concentrer le conflit sur la région des Rizières. Mais toi, il a fallu que tu accélères le processus en déclarant la guerre aux Shien dans les Forêts !


– Les Rizières se situent à l’Ouest du royaume, et les Forêts à l’Est, fit remarquer Nisashi. Or le Château De Brume De Shien de Shien se trouve au centre du pays, entre ces deux régions. Nous seront donc séparés du Samouraï Shiranui et du reste de la Résistance.


– Mais c’est une chance ! répliqua Zanji, qui commençait à saisir les conséquences de ce qu’il avait engendré. La région des Forêts est sur le point de tomber entre nos mains, tout comme celle des Rizières. Si nous nous allions avec les ninjas, mais aussi les villageois, il est possible de prendre les guerriers du Régime en tenaille ! Ceux-ci se replieront dans la région des Plaines, au Sud des deux autres. C’est là que la vision de notre doyen aura lieu.


– Ton plan me semble bien optimiste, commenta le vieil homme.


– Admettez que ma virée en solo, même si elle viole certains principes de l’Ordre, a été positive, rétorqua Zanji. J’ai osé faire ce que vous, trop prudents, n’avez osé faire depuis tout ce temps. Et cela a payé.


– Tu as abandonné tes camarades, ignoré les directives de tes supérieurs, mis en péril les plans de la Résistance et ta propre vie, rappela son interlocuteur. Pour cela, tu devras être puni. Mais alors que la guerre est sur le point de commencer, nous ne pouvons pas nous payer ce luxe. L’Ancien t’as donné, au même titre que les autres, une mission à accomplir.


– J’accepte ma punition.


Il regarda longuement chacun de ses camarades, qui avaient relevé la tête, et ajouta :


– Je vous demande pardon, mes amis. Plus jamais je ne partirai seul. Dorénavant, les Six samouraïs combattront toujours à six.


Le Chambellan jeta un œil par la fenêtre. Son regard se posa sur les décombres qu’avaient laissé l’affrontement avec les Shien quelques heures plus tôt.


– De toute façon, le conflit était inévitable, même dans les Forêt. Ces hommes envoyés par le Grand Shogun Shien n’avaient à priori aucun rapport avec ceux de la forteresse. Et portant, ils étaient venus pour nous attaquer. Je suppose qu’à un certain point, la Résistance devient trop grosse pour rester cachée. Dans ce cas, nous…


Il allait continuer, lorsqu’il se rendit compte que du monde s’agitait au pied des restes du Portail des Six. La nuit empêchait de bien voir de loin, mais ils semblaient s’agir d’un groupe d’hommes armé. La horde était équipée d’armes de toutes sortes, du katana à la simple faucille.


– Qui êtes-vous ? demanda le Chambellan qui en quelques minutes seulement les avait rejoints.


De plus près, il put constater qu’il s’agissait pour la plupart de simples villageois. Il y avait là une trentaine d’hommes de 20 à 40 ans. Certains portaient des outils destinés à travailler la terre, improvisés pour l’occasion en armes. D’autres avaient en main des katanas de fabrication Shien qu’ils portaient maladroitement, armes sans doute dérobées à des veilleurs. Pourtant, un homme se dégageait du groupe. Il était le seul à porter une véritable armure se samouraï, accompagnée d’un katana qui n’avait rien à envier à ceux du Temple des Six. Son visage laissait transparaître une certaine expérience, malgré les nombreuses rides qui bordaient ses joues. Peut-être avait-il cinquante ans, mais cela ne l’empêchait pas de dégager une aura plus charismatique que celle de tous les autres hommes réunis.


– Je m’appelle Zanki. Je vis dans un des villages non loin d’ici, de l’autre côté des bois.


Il marqua une petite pause, comme pour se faire prier de continuer. Mais le Chambellan, qui se doutait bien qu’il n’avait pas terminé, le laissa continuer :


– Je suis un samouraï, comme vous. Ou tout du moins, je l’étais avant que les Shien ne prennent le pouvoir. Pendant toutes ces années, j’ai dû cacher mes armes et taire mon passé. Mais avec les récents évènements qui ont embrasé la région, j’ai compris que l’heure de reprendre les armes était arrivée. C’est pourquoi je viens à vous. Je souhaite m’allier à l’ordre des Six pour combattre le Régime.


– Zanki est très fort ! cria l’un des paysans derrière lui. On l’a vu à l’œuvre, croyez-moi. Sa lame rapide inflige des dommages fulgurants et mortels !


– Comment connaissez-vous l’Ordre ? répliqua immédiatement Chambellan. Pour beaucoup de gens aujourd’hui, les Six samouraïs ne sont rien de plus qu’une légende.


– Je vous l’ai dit, je suis un ancien samouraï, répliqua Zanki. J’ai toujours surveillé de près les évolutions du monde des guerriers, surtout à une époque comme la nôtre où ils se raréfient. Habiter non loin du temple m’a bien aidé à vous démasquer, je l’avoue.


– Et ces hommes ?


– Ce sont des habitants de mon village. Lorsque des gardes Shien ont débarqué pour piller notre village, ils se sont dressés contre eux à mes côtés. Ils n’ont peut-être pas l’expérience du combat, mais disposent d’un redoutable esprit de revanche contre le Régime.


– Ce n’est pas un cas isolé, commenta quelqu’un. Dans de nombreux villages, nous avons vu des cas similaires se profiler.


Les samouraïs comme les villageois se retournèrent, surpris, vers les bois. Dans aucun des deux camps, personne n’avait pris la parole. La voix venait semblait plutôt venir de l’orée de la forêt. Qui donc avait dit cela ? Peu de temps après, deux silhouettes se dessinèrent parmi les arbres. Zanji et les autres les reconnurent immédiatement : il s’agissait de deux ninjas, Goe Goe et le Ninja Argent Émérite.


– Les ennemis du Régime, ce n’est pas ce qui manque, continua Goe Goe en avançant vers eux. Maintenant que les langues se délient, réunir une coalition ne devrait pas poser trop de problèmes.


Hanzo et les autres nous ont tout raconté, intervint le Ninja Argent Émérite. L’un des votre a bousculé nos plans en attaquant la forteresse de Tenkabito. Désormais, nous devons nous préparer à une guerre imminente.


Les trois groupes tombaient d’accord sur ce constat. Les ninjas, les samouraïs et les villageois sentaient que la coalition vaguement évoquée par Goe Goe tombait sous le sens.


– Nous devons unir nos forces.


Les différents guerriers se regardèrent. Pendant ce temps, la fumée dégagée par la forteresse montait de plus en plus haut dans le ciel. Mizuho, qui séchait ses larmes, venait de les rejoindre dehors. Elle qui était toujours en mission en dehors du Temple n’avait pas vu l’état de l’Ancien de dégrader, et devait faire son deuil avec la stupéfaction en plus de la tristesse. Le Chambellan se tourna vers les six samouraïs :


Mizuho et moi, nous participerons à cette coalition. Le Temple des Six et ses armes seront à la disposition des villageois. Mais vous, samouraïs, vous avez une mission. Partez pour la région des Plaines, rejoignez la Résistance et informez-la. Dites à ses chefs qu’ils peuvent compter sur notre soutien, et prévenez-les de l’existence de cette seconde armée ennemie.


Chacun des Six regarda les deux mentors, ceux qui avaient constitué la première génération des Six samouraïs, avec intensité. Ils pensèrent aussi au Grand Maître, qui était toujours retenu au Château De Brume. Leur tour était venu, eux aussi devraient mener une guerre pour la survie du royaume. Peut-être était-ce d’ailleurs la dernière fois que tous se verraient, vivants. Quoi qu’il en soit, ils n’avaient pas le choix. Les informations qu’ils venaient d’obtenir leur apportaient une nouvelle Lueur d'Espoir. Et tant que cette lueur brillerait, ils devraient faire leur maximum pour la préserver.




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