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[FIC] Les Abîmes du Désespoir
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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [04/05/2017] à 18:57

Chapitre 42 : Dé-s-espoir (Hakaze, jour +29)

https://www.youtube.com/watch?v=JBeS_7X9K30

« – Hiroki…Il faut que je te parle de quelque chose d’important. C’est à propos du futur, de notre futur…

– Bien sûr, de quoi s’agit-il pour que tu aies l’air si anxieuse, Hakaze ? Me demanda-t-il concerné par mon état.

– C’est…C’est long à expliquer, mais je vais tout te raconter, donc trouvons un endroit tranquille.

Nous avions ainsi convenu de trouver un endroit plus calme et dans lequel nous ne risquions rien. Nous nous étions dirigés entre deux tas de cendres qui formaient une ruelle afin de nous y poser pour discuter. Hiroki restait dubitatif face à ce que j’allais lui dire, et pour être honnête, à ce moment, je pensais moi aussi que lâcher cette révélation était quelque chose de mauvais, mais je devais lâcher tout ce que j’avais sur le cœur, ce poids porté par mes épaules qui n’étaient pas assez larges pour supporter la pression de la vérité que seule moi pouvait savoir. Ainsi, lorsque nous fûmes assis tous les deux, je pris la parole.

– Après l’affrontement de Zetsubô j’ai retrouvé mon père et nous avons été attaqués par la fondation du futur…Papa a réussi à se défendre, mais Voltanis a profité de l’occasion pour me demander quelque chose.

– Quelque chose ? Me demanda Hiroki perplexe. De quoi s’agit-il ?

– Je t’ai parlé de mon premier voyage dans le temps dont je ne savais rien te souviens-tu ? Eh bien Voltanis m’en a fait faire un troisième pour que je me rappelle de ces souvenirs.

– Vraiment !? S’exclama mon compagnon. Tu as vraiment voyagé une autre fois dans le temps !?

– Oui…Je suis retournée dans le passé, du temps de Domino City, quelques mois après que nous avons livré bataille dans le passé. J’ai vu beaucoup de choses, à commencer par les motivations de Laila et la vérité sur tes parents. Ton père n’a pas tué ta mère, Hiroki, ils se sont tous les deux tués ensemble car ils craignaient que la fondation du futur ne mette la main sur toi et Reisuke.

– Je vois…Soupira-t-il. Je comprends pourquoi Laila avait dit que c’était mon père qui avait tué ma mère…Mais cela change radicalement les choses si on prend de ce point de vue…Mais tu sais Hakaze, j’ai accepté la mort de mes parents depuis…Je ne peux pas me raccrocher à leur souvenir si je veux protéger Rei-Kun.

– Je sais que tu es passé outre, mais je tenais à ce que tu le saches. Repris-je sérieuse. Et ce n’est pas la chose la plus grave que j’ai à te dire. J’ai retrouvé mes souvenirs, Hiroki. Ce n’est pas moi qui ait voyagé dans le temps, mais mon avatar du futur qui est venu à notre rencontre, à toi et moi. Nous l’avons oubliée lorsqu’elle est repartie, mais nous avons gardé sa présence. C’est pour ça que j’avais comme souvenir d’avoir déjà voyagé dans le temps.

– Ton toi…Du futur ? Mais pourquoi est-elle venue dans le temps ? Qu’a-t-elle voulu changer ?

– Ce qui est important dans le cas présent n’est pas ce qu’elle a voulu changer, mais d’où elle vient. J’ai rencontré mon autre moi, et nous avons décidé de vivre ensemble. Au moment où je te parle, je peux sentir sa réticence en moi, nous ne formons qu’une conscience mais qui pouvons parfois exprimer des choses différentes. Mais cette autre moi qui vient du futur m’a révélé des choses que tu dois absolument savoir.

– Dis-moi tout, Hakaze. Me répondit sérieusement Hiroki sans même douter une seconde de ma parole. J’imagine que ça doit être lourd à porter pour toi, s’il te plaît, dis-moi ce qui te tracasse.

– Dans le futur…Dans le futur, Zetsubô a gagné, Hiroki. Zetsubô est le maître dans le monde du futur.

Hiroki devint blême. Ses yeux s’écarquillèrent tandis que son visage afficha soudainement une expression de surprise, non, d’abasourdissement devant ma révélation. Et pourtant, ce que je lui dis à ce moment était vrai. Je lui racontai donc ce qu’était le monde de Zetsubô dans les détails : Comment une fois que Zetsubô eut établi son empire, il fit de l’Australie sa capitale comme pour défier l’espoir lui-même et comment il conquit rapidement le monde en moins de temps qu’il ne fallut pour s’en rendre compte. Je lui racontai combien le désespoir avait gagné les cœurs de tout le monde qui décida de rebâtir une civilisation nouvelle basée sur ce sentiment, mais aussi comment toutes les générations à venir étaient condamnées à se faire asservir, à se plier sous les moindres volontés de leur empereur qui régnait toujours lorsque mon avatar du futur voyagea dans le temps. Hiroki, consterné par cette nouvelle, tenta néanmoins d’en savoir plus.

– Mais…Comment l’espoir a-t-il pu perdre… ? Qu’est-il advenu de tous ceux qui se sont battus contre Zetsubô… ?

– Hiroki…Le bras droit de Zetsubô dans le futur…Son bras droit, c’est Reisuke. Il s’est rallié à la cause de Zetsubô et est celui qui lui a permis de gagner énormément de contrôle sur le monde. Et toi…Toi aussi, tu as rejoint Zetsubô. Tu t’es fié à ton espoir jusqu’au bout du combat, mais tu as fini par perdre la foi et tu t’es fait entraîner dans les ténèbres. A vous trois vous avez réussi à conquérir le monde par le désespoir…

Je commençais à être déstabilisée par ce que je disais moi-même. La vérité était aussi dure à entendre qu’elle ne l’était à dire…Et comme je m’y attendais, Hiroki, insatisfait, posa des questions…

– Hakaze…Es-tu vraiment certaine que ce que tu dis est la véri –

– Je t’ai tué Hiroki !!! Hurlai-je à mon compagnon en ne pouvant retenir mes larmes. Dans le futur…J’ai du te tuer…De mes propres mains…Je t’ai pris la vie…Je…Hiroki…C’est pour ça que je veux absolument que tu comptes sur autre chose que ton espoir pour vaincre dans ce conflit…Je ne veux pas que tu sombres de nouveau…Je ne veux pas te tuer une deuxième fois…

– Hakaze…Soupira-t-il en me regardant avec compassion, sans savoir quoi répondre d’autre.

– Je…Je peux changer les choses…Bégayai-je alors, tremblante, en essayant de me persuader moi-même. Si je change les choses je vais peut-être éviter le pire…Hiroki ne perdra pas espoir, Hirosuke grandira avec un père, et je récupèrerai le mien…Et peut-être que je pourrai arrêter Zetsubô…

Je fus coupée dans ma réflexion par mon compagnon. Il m’étreint sans que je ne le voie arriver, ce qui me surprit assez fortement. La chaleur de son corps agissant sur mon propre corps me faisait du bien…Elle me fit m’arrêter dans ma réflexion pour revenir à la réalité…Je me laissai aller quelques minutes aux bras d’Hiroki qui me serrait avec tendresse…Je faisais peut-être une erreur, mais je n’avais plus la force de garder un tel secret sur mes épaules…C’était bien trop difficile à porter…

– Je suis désolé, Hakaze. Reprit Hiroki, attristé. J’ai toujours essayé de répandre l’espoir par mes paroles, pour que les autres voient l’avenir d’un bel œil, alors qu’au final, ce même espoir n’aura servi qu’à nous détruire, toi et moi. Je suis sincèrement désolé…Pour la souffrance que je vais te causer dans le futur…

Je ne pus rien répondre à mon compagnon qui continua à m’étreindre sans que je ne puisse voir son visage, mais qui était tout aussi tremblant que je ne l’étais. Je compris alors qu’il avait été tout aussi touché que je ne l’avais été, et cela me rassurait quelque peu…Même si l’inévitable allait forcément se produire…Mais alors que j’y réfléchissais encore, Hiroki me repoussa et me lança un regard sérieux qui me fit vaciller. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas vu cette expression dans son regard.

– Je suis soulagé par une chose. Reprit-il. Te rappelles-tu de notre promesse ? Le jour où je devais mourir, je voulais que ce soit toi qui me prenne mon dernier souffle. Que tu m'embrasses une dernière fois pour m'enlever cette dernière bouffée d'air parcourant mon corps. Ainsi nous n’allions faire qu’un pour l’éternité. Je suis heureux de savoir que même si je suis mort dans l’avenir, ce soit ta main qui est à l’origine de ma perte.

– Oui je le sais…Repris-je avec un léger sourire sûrement marqué par la tristesse…J’ai pris ton dernier souffle…Comme nous nous l’étions promis…

– Ca n’arrivera pas une seconde fois. Renchérit mon compagnon en me souriant à son tour. Cet espoir…Il m’a toujours aidé à me raccrocher à la vie, j’ai toujours répété ces quelques mots qui me faisaient devenir un autre. « Demain est un jour meilleur » « Un jour il entendra le cri de mon cœur », toutes ces paroles ont fait de moi l’homme que je suis…Mais il m’a surtout enchaîné dans une bonne conscience qui a scellé cette sombre énergie que j’ai en moi…Tu l’as vu par le passé, ce que je peux être quand je laisse ce « moi » prendre le dessus…Même si aujourd’hui je connais la cause de cette double facette…J’en ai toujours peur au fond de moi…

– C’est de ma faute aussi…Je t’ai fait promettre de ne jamais redevenir celui que tu m’as montré…Je suis désolée d’avoir été ton fardeau.

– A vrai dire, je n’ai pas respecté ma promesse. Rit Hiroki. Enfin, j’ai failli me laisser happer par mon côté sombre lorsque j’étais emprisonné chez Yume-Nikki, face à Jordan et Cécilia, tu n’es donc responsable de rien.

Hiroki s’arrêta quelques secondes, tandis que j’essayais de deviner où il voulait en venir…Mais alors que j’allais reprendre la parole pour lui demander directement, il lâcha quelques mots qui eurent l’effet d’une bombe.

– J’ai tellement peur de ce qui se cache en moi…Mais j’ai encore plus peur de te faire souffrir une nouvelle fois, en sachant ce qui arrivera. Dit-il en souriant. Hakaze, si c’est pour toi, alors je deviendrai une bête assoiffée de désespoir…Embrasser ce côté sombre…Je le fais, maintenant. Je garderai l’espoir au fond de moi, enfin tout du moins, je l’espère… »

https://www.youtube.com/watch?v=jshEodYHe2M

Quelques jours s’étaient passés depuis que Hiroki avait pris cette nouvelle résolution. Et comme il l’avait dit, l’homme que je connaissais avait disparu. Il avait laissé place à une autre facette plus sombre de sa personnalité, celle qu’il avait affiché face à moi des années auparavant. Nous étions jeunes, je ne comprenais pas exactement qui était cet Hiroki à l’époque, mais aujourd’hui j’étais persuadée que le Hiroki que je connaissais ne pouvait pas échapper à Zetsubô…Mon autre moi ne m’avait pas dit quand j’allais le tuer, mais c’était apparemment des années après notre époque actuelle puisque notre fils avait connu son père d’après elle…Même si je savais que le fait d’avoir tué Hiroki dans le futur avait scellé son destin, je voulais au moins me faire pardonner en lui offrant tout le meilleur de ce monde durant les dernières années que nous allions passer ensemble.

En course dans les sombres rues marquées par le désespoir, nous cherchions moi et Hiroki à découvrir d’autres choses, d’autres horizons, alors que nous étions coincés ici depuis une dizaine de jours si j’en croyais mes repères temporels. Il était difficile de s’y retrouver, sans repères. Nous ne pouvions pas développer d’itinéraire concret, mais plutôt nous en remettre à la chance, au destin, pour guider nos pas.

– Bouger toi, Hakaze ! Me hurla Hiroki, qui, lui, sautait par-dessus les toits de ces tas de cendres pour progresser. Si tu perds le rythme, je n’aurai aucun scrupule à te laisser-là hahahaha !!!

Tandis que je tentais au mieux de suivre le rythme imposé par mon compagnon, je ne pouvais que rester dubitative en entendant son rire cynique résonner dans les alentours. Sur son visage se trouvait désormais un sourire carnassier, comme s’il était en soif de désastre et qu’il l’étanchait en agressant sauvagement tout ce qu’il pouvait détruire. Hiroki était clairement devenu un autre homme. Il était redevenu celui qui m’avait fait peur, dix ans auparavant. Celui que j’avais voulu sceller à jamais en lui faisant faire cette promesse. Il redescendit d’un des tas de débris enflammés pour se poser devant moi en arborant toujours le même sourire lui donnant un côté démentiel. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il me coupa dans mon élan.

– J’ai trouvé quelqu’un. Me dit-il sans y mettre les formes. Tu restes ici et je reviens te chercher. Je n’ai pas besoin de me traîner un boulet pigé ? Ah, et si tu bouges, je te retrouve et je te troue la peau.

Je ne pus répondre. Il partit sans même écouter mes protestations. J’étais un peu mal à l’aise face à Hiroki…Il me fallait sûrement un temps d’adaptation pour m’habituer à cohabiter avec ce nouveau lui. Pourtant je sentais quand même quelque chose en lui qui restait propre au Hiroki que je connaissais. Même s’il était plus agressif, même s’il était à la limite de la méchanceté, il restait prévenant à sa manière, donc peut-être était-il encore présent…

J’attendis quelques minutes tandis qu’il s’était lancé à la poursuite de la personne qu’il avait repérée. J’étais anxieuse à l’idée que ce boulet se fasse réduire au silence, lui qui n’avait pas autant d’expérience au combat que je n’en avais depuis mes multiples voyages temporels. Prise d’impatience et d’inquiétude, je le rejoignis à mon tour, prête à me battre contre toute personne se dressant contre nous…Mais ce que je vis me surprit alors. Hiroki était de dos à moi, debout face au corps d’une femme gisant sur le sol. La femme gigotait légèrement, elle n’avait pas encore rendu son dernier souffle et essayait de résister, mais elle se laissa vaincre par la mort quelques secondes plus tard. Du sang se dégagea de sous son corps jusqu’à créer une flaque assez large dans laquelle marchait désormais mon compagnon qui regardait silencieusement le cadavre. Il ne me notifia pas tout de suite, mais lorsqu’il m’entendit, il se retourna, me laissant voir sur son visage une expression dérangeante. Des éclaboussures rouges provenant sûrement de la femme gisant au sol étaient dispersées sur le visage du brun tandis que son regard était empli d’animosité. Hiroki avait le regard d’un assassin qui aurait très bien pu se jeter sur moi à cet instant.

– Je t’avais dit de rester en arrière, n’est-ce pas ? Me dit-il, hostile. Enfin, soupira-t-il ensuite, cela n’a pas d’importance. C’était simplement une bonne femme s’étant faite avoir par Zetsubô. Je n’ai même pas pu voir sa déchéance. Elle était un zombie qui s’est jeté sur moi dès qu’elle m’a vu.

– Je vois…Je suppose que de plus en plus de gens perdent espoir au fil du temps…C’est une mauvaise chose, cela va allonger le nombre de victimes de jours en jours.

– Baaaaah…Peu importe. Reprit Hiroki, complètement désintéressé. De toute façon elle n’aurait pas été utile. J’ai déjà assez d’un boulet, je ne vais pas m’en coltiner des autres.

– Eh, protestai-je, c’est de moi que tu parles quand tu parles de boulet ?

– Qui d’autre ? Ricana-t-il en guise de réponse. Evidemment que je parle de toi, tu n’as été bonne qu’à être « pensive » ces derniers jours. Tu attends quoi ? Que ton prince charmant vienne te délivrer du mal ? Pas de bol, Hakaze, le prince charmant n’existe pas, et c’est la loi du plus fort qui règne ici. Tu manges ou tu te fais manger. Et c’est ça qui est dément ~

– Je te signale grand lascar, que si je n’avais pas été là ces derniers jours tu serais encore à dire « L’espoir me sauvera de tous les maux ! » avec des étoiles dans les yeux ~ Me moquai-je à mon tour. Tu es donc vraiment mal placé pour me juger sur mes ambitions ~

Hiroki afficha un rictus prononcé, puis me lâcha un « Alors tâche de continuer à suivre au lieu de parler dans le vide. » qui me fit sourire à mon tour. Il retourna sur les toits de ces bâtisses rongées par les flammes du désespoir et reprit sa course, tandis que moi, sur la terre ferme, j’essayais de trouver la moindre piste pouvant nous orienter dans cette course frénétique vers Zetsubô.

Nous continuâmes notre course pendant des dizaines de minutes. Je voulus prendre des pauses, mais Hiroki me forçait à repousser mes limites. Mais au bout de quelques dizaines de minutes supplémentaires, voir des heures, je n’aurais pu le dire, je m’écroulai net au sol. Mes jambes me lâchaient, j’avais trop couru et j’étais trop fatiguée. Hiroki, qui lui semblait en pleine forme, descendit de son piédestal et vint se dresser devant moi pour se moquer de mon infortune.

– Déjà fatiguée ? Ironisa-t-il. Je te pensais plus forte, ma pauvre Hakaze ~ T’as de la chance que je t’estime un minimum sinon je t’aurais laissée sur le carreau. Je vais te porter ailleurs pour que tu te reposes, tâche de ne pas y mettre tout ton poids si tu ne veux pas que je te repose par terre.

Hiroki me porta dans ses bras en affichant un sourire narquois à mon égard. Comme je m’en doutais, il gardait malgré tout un peu de conscience même dans cet état. Que pensait-il à ce moment ? Je l’ignorais. Qui était-il vraiment et comment cet autre lui avait vu le jour ? Je l’ignorais tout autant. Pourtant, la chaleur de ses mains posées sous ma colonne vertébrale et mes cuisses était la même que celle de mon Hiroki à moi, et me faisait le même effet réconfortant et rassurant qu’elle ne me l’avait fait il y a quelques temps.

– T’as qu’à dormir là. Dit-il froidement en me posant au sol. On fait le système habituel, je te veillerai.

– Ok…Désolée de ne pas pouvoir faire plus alors qu’on aurait pu progresser d’avantage…M’excusai-je en baissant la tête.

– Je préfère te faire dormir pendant quelques heures que t’entendre te plaindre toute la journée. Me répondit Hiroki, le sourire en coin. Dors, et ne fais pas de beaux rêves sinon tu vas sentir le réveil passer.

Je lâchai un sourire que je tentai de masquer tandis que Hiroki, lui, prit la première caisse qu’il pouvait trouver pour s’y asseoir, dos à moi. Il resta assis, immobile, les coudes posés sur ses genoux et la tête posée sur ses mains, tandis que je pus enfin me relaxer à même le sol pour pouvoir me reposer quelques heures. A mon réveil, j’espérais trouver une issue qui allait nous changer de ce quotidien fait de culs de sacs, j’espérais vraiment trouver autre chose…

https://www.youtube.com/watch?v=ufrtw0oT4QE

Lorsque je me réveillai, j’eus la surprise que j’attendais. En effet, quelqu’un dormait à côté de moi et avait positionné son visage juste en face du mien. J’hurlai par réflexe, alertant la personne qui se réveilla en poussant un cri aigu de surprise, tandis que Hiroki, toujours assis sur sa caisse, me sermonna sans même se retourner.

– Pas besoin de crier. Lâcha-t-il. C’est juste Laïla. Elle ne te sautera pas dessus, ni pour te tuer, ni pour te violer. Ce qu’elles sont fragiles les femmes de nos jours.

Je lançai un regard en direction de l’autre personne qui en effet était Laïla. Comment elle avait atterri ici…Je n’en avais aucune idée, mais elle semblait toute aussi surprise pas ma réaction que je ne l’étais pas sa présence. Redonnant un peu de forme à ses cheveux, elle lâcha un soupir avant de reprendre la parole paisiblement, étant malgré tout un peu dans les vapes.

– Je te l’avais dit que c’était une mauvaise idée Hiro…Reprit-elle, lasse. Forcément que Hakaze ne s’y attendait pas. J’aurais réagi de la même façon.

– Taisez-vous donc un peu. Répondit-il, un sourire malicieux aux lèvres. Vous êtes les premières à revendiquer la dureté de la guerre et vous êtes les premières à faiblir, c’est mignon. En attendant, je repars, vous me suivez tant mieux, vous ne me suivez pas tant pis.

– Attends ! Protestai-je. Déjà, tu ne vas pas dormir à ton tour ? Et puis comment Laïla est-elle arrivée ici !? J’ai besoin de réponses moi !

– Pas besoin de dormir pour l’instant. Par contre quand il faudra que je dorme tu as intérêt à être utile. Sinon autant que je me débrouille seul. Pour Laïla, elle est arrivée de nulle part.

– Depuis que nous sommes dans cette situation, reprit la femme plus diplomate, j’ai tenté de reprendre le monde du désespoir en m’y introduisant.

– C’est possible !? M’étonnai-je. Il me semblait pourtant que Zetsubô contrôlait toutes les terres du désespoir et qu’il était impossible de les reprendre.

– Dans la théorie c’est impossible. Approuva Laïla. Cependant, je refuse de considérer les chemins comme noirs ou blancs, alors je créerai ma nuance de gris qui me mènera au bonheur ~ Mais c’est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît dans les faits. La force de Zetsubô s’est décuplée et le monde du désespoir est plutôt hostile lorsqu’il s’agit d’étranger. J’ai bien tenté de maîtriser la force, mais je me fais éjecter encore et encore. Et je me suis faite éjecter juste devant Hiroki qui te veillait ~

– Je vois…Le destin fait bien les choses…

– J’ai cependant réussi à sauver quelques personnes quand j’étais de l’autre côté. Annonça la leader de Yume-Nikki. Je les ai rassemblés dans un abri, j’espère qu’ils y sont toujours. Nous pourrions nous y rendre ensemble histoire d’aller voir comment ils vont qu’en pensez-vous ?

– Et une fois que tu seras là-bas tu vas faire quoi d’eux à part les traîner comme des boulets ? Râla Hiroki qui ne semblait pas emballé par l’idée. Laisse-les donc crever dans leur coin de toute façon les faibles crèvent toujours dans une guerre.

– Alors dis-moi pourquoi tu t’es lancé dans ce conflit si tu ne veux pas sauver le maximum de personnes possible ? Reprit Laïla en s’amusant de la réaction de son frère. Aurais-tu un autre objectif que ton espoir ?

– C’est évident. Lui répondit Hiroki en se levant, sans se retourner. Je n’ai qu’une seule et unique raison pour vouloir me lancer dans ce conflit.

Il se retourna vers nous, me laissant voir l’expression qu’il affichait sur son visage. C’était malsain, vraiment malsain. Il semblait excité, non, surexcité même. Il semblait prendre plaisir dans cette situation horrible dans laquelle nous nous trouvions. Quand il reprit la parole, ce fut d’une arrogance sans précédent.

– Si je fais ça, c’est parce que c’est fun c’est tout. Dit-il en affichant un sourire prononcé. Démonter la gueule de Zetsubô sera ma récompense. J’en deviens dur rien qu’à y penser hahahaha !!! Allez, allons voir ces pauvres tâches, peut-être que je pourrai m’en servir.

Il partit en avant sans reprendre la parole. Laïla elle, loin d’être déstabilisée par l’attitude d’Hiroki, le suivit en silence et avec son sourire habituel. Elle semblait faire confiance à son jeune frère malgré le fait qu’il montrait un tout autre aspect de sa personnalité. Ainsi, nous sortîmes de notre abri provisoire pour retourner dans le champ de bataille. Hiroki demanda à sa sœur où se trouvait l’endroit en question, et après quelques secondes d’observation, elle nous indiqua la direction. Nous courûmes donc tous les trois en la direction choisie, moi et Laïla au sol, mon compagnon toujours en sautant de toits en toits pour apercevoir le danger plus facilement. A le regarder, et à l’entendre, on pouvait vraiment sentir qu’il prenait désormais du plaisir à traverser cette situation. Je ne pouvais le comprendre, mais c’était toujours mieux que de le voir s’enfoncer dans une voie qui allait le condamner à la souffrance et la désolation.

Nous mîmes une heure environ à arriver jusqu’à l’endroit où Laïla avait laissé les personnes qu’elle avait repéché de l’autre côté. A ma grande surprise, nous n’étions pas les premiers arrivés. Brittany de la fondation du futur était arrivée avant nous, et à ma grande surprise, elle était accompagnée par le rouquin qui était toujours avec Kôsei. Ils étaient entourés d’autres hommes de la fondation du futur. Lorsque la blonde nous vit, elle se tourna vers nous avec le sourire, tandis que je restais à distance au cas où elle tenterait de nous combattre par un coup traître. Laïla, elle, s’avança vers la femme, toujours aussi impénétrable qu’elle ne l’était d’habitude.

– Eh bien on dirait que nous ne sommes pas les seuls dans le coin ~ Une nouvelle nuance de gris se compose grâce à nos deux chemins, agent Brittany.

– Je ne suis pas ici pour me battre poupée ~ Lui répondit la femme. Je suis ici pour porter secours à ces gens. Je vais les mettre dans un endroit hors d’atteinte de ce chaos. Telle est la mission de mon escadron.

Hiroki, qui nous surveillait d’où il était, vint atterrir dans un bruit sourd devant nous, et sous le regard choqué des membres de l’escadron de Brittany. Il releva sa tête, arborant toujours cette expression malsaine, avant de reprendre la parole avec ironie.

– Ecoute, je ne suis pas venu jusqu’ici pour perdre mon temps à dialoguer avec quelqu’un qui n’a aucune autorité et qui ne pèse pas dans le conflit donc je vais faire simple. Tu laisses ma sœur faire son deal et je peux reprendre ma routine, ou tu te mets en travers de nous et je t’explose. Donc pour faire clair, tu te bouges. Pigé ?

– Hohoho voilà qu’il parle comme un vrai mec monsieur espoir ~ Reprit la blonde, intéressée. Cependant je ne te laisserai pas toucher à ces gens ~ J’ai reçu un ordre et pour le suivre je d –

La femme n’eut pas le temps de finir que Hiroki, lassé, la coupa d’un coup de genou dans l’estomac qui la fit se plier en deux avant de s’écrouler au sol. Aussitôt je me ruai vers la femme pour l’aider à se relever. Hiroki, ne prêtant pas attention à l’état de celle à laquelle il avait asséné le coup, se contenta de soupirer avec arrogance.

– Qu’elle se taise un peu. Grogna-t-il avant de se tourner vers les autres membres de la fondation du futur. Et vous ? Vous voulez interférer aussi ?

Les hommes de la fondation du futur n’osèrent par intervenir, appréhendant sûrement le pouvoir d’un homme qui descendait directement de Zetsubô, surtout en présence de Laila. De son côté, Hiroki reprit, demandant à Laïla ce qu’elle comptait faire maintenant qu’elle était arrivée ici.

– Ne t’en fais pas, Hiroki les secours vont bientôt arriver ~ J’ai déjà prévenu quelqu’un ~

Nous nous arrêtâmes quelques minutes aux côtés de Laïla qui avait apparemment déjà demandé à quelqu’un de venir porter secours à ces personnes. De mon côté je m’assurai de l’état de Brittany, qui, surprise par le fait que je m’occupe d’elle après notre altercation précédente, me remercia sincèrement pour les premiers soins que je lui prodiguai. Mon compagnon m’adressa un sourire en coin qui me fit rager. Le temps d’adaptation allait vraiment être long pensais-je.

Les secours qu’avaient demandé Laïla arrivèrent quelques dizaines de minutes plus tard. Ce furent trois personnes, dont une que je reconnus facilement puisque c’était Kôsei qui était accompagné par un homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus ainsi qu’une jeune femme assez particulière, tous les trois chevauchant une espèce de cheval de flammes qui semblait tout aussi étrange. Les trois individus descendirent de la monture en question et s’avancèrent directement vers la leader de Yume-Nikki.

– Je suis désolé de vous avoir tant fait attendre, Dame Laïla. Entama le serviteur. Nous avons des délais très serrés en ce moment. Avez-vous réussi à trouver quelque chose dans l’autre monde ?

– Merci d’être venu si vite mon fidèle serviteur ~ Lui répondit la leader. Je n’ai malheureusement pas réussi à trouver quoi que ce soit pour nous permettre d’avancer. Cependant, j’ai réussi à sauver des personnes de l’emprise de Zetsubô, si le Quindecim pouvait les prendre en charge cela m’arrangerait.

– Nous vous garantissons une satisfaction client à l’unanimité madame. Dit l’homme aux cheveux corbeaux. Hikari, pourrais-tu m’aider à transporter ces gens ?

– Bien évidemment que je le peux ~ S’amusa la jeune femme. Gontrand, Midou, Mickael, allons-y les amis !!!

Des animaux étranges apparurent près de la jeune fille qui de par son pouvoir matérialisé un grand véhicule qui était tiré par ces animaux. Quant à l’homme qui l’accompagnait, il alla voir les personnes à secourir et leur expliqua qu’il possédait un bar souterrain qui allait leur permettre de s’échapper de ce conflit, et qu’il avait le meilleur service client qu’ils allaient pouvoir trouver dans les alentours. Il réussit à mettre toutes les chances de ce côté pour les convaincre, et peu de temps après, ils le suivirent. Kôsei relâcha sa garde et alla voir la fondation du futur, dans laquelle se trouvait son compagnon, Masu, qui était resté silencieux depuis son arrivée.

– Je ne pensais pas te retrouver ici Masuda. Sourit l’homme. C’est bien que toi aussi tu aies trouvé des camarades en ces temps sombres.

– J’y suis entré pour te ramener à la raison Kôsei. Dit fermement le jeune homme. Je veux te faire quitter ce désespoir de malheur.

– Je ne suis pas sous l’emprise du désespoir, inutile de t’inquiéter, sourit-il. Ma seule priorité du moment est de secourir le maximum de personnes, et d’après mes sources, vous avez la même mission. Je vous propose donc d’allier la première branche de la fondation du futur avec le Quindecim qui dispose d’une solution durable pour évacuer les civils. Je ne compte plus combattre la fondation du futur puisque son objectif et le mien sont le même à savoir détruire Zetsubô. Brittany, je vous propose donc de nous allier.

– Je n’ai aucun ordre contre le fait de m’allier avec vous, répondit fièrement la femme. J’accepte cette alliance, je vais aider le Quindecim à évacuer ces personnes et nous repartirons sur les routes.

– Je vous remercie sincèrement pour votre aide précieuse. Daisuke, rentre avec Brittany et les membres de la fondation du futur, pour ma part je vais me mettre à la recherche d’autres victimes pour évacuer une autre floppée.

– Bien reçu, votre serveur s’en occupe. Acquiesça le barman. Madame messieurs, si vous voulez bien me suivre…

Les membres du Quindecim repartirent sans Kôsei, mais avec toute l’escouade de la fondation du futur qui allait travailler main dans la main avec l’organisation de Kôsei afin de sauver les victimes au maximum. Cela me faisait plaisir de savoir que des terrains d’ententes étaient trouvés rapidement durant cette crise et pour être honnête, voir Kôsei avec un tel entrain faisait du bien à tout le monde, excepté à Hiroki qui était trop occupé à regarder au loin afin de guetter un éventuel ennemi.

– Eh bien je vois que tu as bien progressé de ton côté, Kôsei. Sourit Laïla. C’est très bien de se faire des alliés dans de telles circonstances.

– Vous restez bien évidemment ma priorité, dame Laïla. Assura-t-il. Et il en va de même pour toi Hakaze. Je te surveille toujours que tu le saches ou non.

– Merci de veiller sur moi, Kôsei, mais ne t’en fais pas, avec mes capacités et ce boulet je peux me défendre toute seu –

Je n’eus pas le temps de finir que Kôsei et Laïla furent alertés par quelque chose venant de derrière. Ils braquèrent tous les deux leurs regards sur un individu masqué qui venait de sortir de nulle part. Kôsei, qui d’habitude était très calme, semblait nerveux face à l’individu tandis que Laïla, elle, grimaçait face à lui. Quelque chose d’étrange se déroulait sous nos yeux, et je ne pouvais dire quoi…


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [07/05/2017] à 19:48

Dernier chapitre du quinquennat Hollande :trollface:

Chapitre 43 : Les troubles de Saffira (Kôsei, jour +29)

https://www.youtube.com/watch?v=TI2nPScUsTA

Je restai figé face à l’individu qui était apparu de nulle part. La personne dont l’identité était masquée par une cape était perchée sur une bâtisse faite de cendres, restant en équilibre sur la pointe de ses pieds en nous regardant sous sa cape. J’avais l’impression d’avoir déjà vu cet individu, et je n’étais pas le seul, puisque ma dame grimaçait face à lui. Je serrais dans ma poche la shungite qui semblait réagir au pouvoir de l’inconnu. D’un bond léger et gracieux, l’inconnu descendit de son piédestal pour se placer face à nous, sans dire le moindre mot. Je me mis devant ma dame par réflexe afin de la protéger, mais je fus surpris par ce qui surgit de derrière. En effet, quelqu’un avait déjà pris les devants et s’était élancé sans prendre le temps de dire quoi que ce soit à l’homme, et ce quelqu’un, c’était Hiroki.

Le jeune homme d’ordinaire si confiant en ses bons sentiments s’était jeté sur l’individu masqué qui esquiva sans difficulté l’assaut. Cela ne démonta cependant pas le compagnon de Hakaze, qui, riant bruyamment et de manière cynique, se lança dans une course poursuite contre l’individu mystérieux qui ne semblait pas vraiment être inquiété de son assaut. Tandis que Hiroki, qui avait sorti une longue lame fine et tranchante de je ne sais où, l’attaquait sans relâche, la personne en face disparaissait dans l’ombre pour en ressortir quelques secondes plus tard à un autre angle. L’individu ne cherchait pas vraiment à attaquer, il se défendrait sans rendre le moindre coup à Hiroki qui grogna de rage devant l’inactivité de son adversaire du jour.

– Tss ! Je vais te montrer ce que c’est que se battre sale lâche !!! Hurla-t-il avec mépris.

Ces mots prononcés, ses yeux virèrent du bleu au rouge et devinrent beaucoup plus agressif. Cela me rappelait quelque chose à vrai dire. C’était similaire au Hiroki qui avait combattu Jordan quelques mois plus tôt, mais en bien plus agressif et poussé dans la méchanceté. Dubitatif, je regardai le changement chez Hiroki qui était au fur et à mesure entouré d’une énergie obscure similaire à celle de ma dame, tandis que cette dernière, elle, était toujours figée devant l’affrontement singulier des deux protagonistes de ce combat. Hakaze, elle, restait en arrière, soupirant devant l’attitude de son partenaire.

– Pourquoi semblez-vous si dérangée ma dame ? Lui demandai-je curieux. Quelque chose en cette personne vous attire-t-elle ?

– Je…Je ne sais pas qui est le plus concernant entre mon frère et cet homme ~ Dit-elle en feignant le fait qu’elle était troublée.

Je n’eus pas le temps de lui répondre en mettant le doigt sur le fait qu’elle savait qu’il était un homme que l’affrontement entre Hiroki et le fameux individu nous alerta une fois de plus. L’adversaire du jour esquivait toujours les attaques en réussissant à disparaître dans l’ombre, et ne disait pas le moindre mot. Mais le petit frère de ma dame, de plus en plus enragé, déployait de plus en plus d’énergie, et lorsqu’il se rua de nouveau sur son adversaire, il put l’atteindre par-delà l’ombre et lui asséner un coup de poing fulgurant qui le propulsa dans les ruines ébènes qui soulevèrent un épais écran de fumée dans lequel nous ne pouvions rien voir. Hiroki s’y jeta sans même prendre le temps de réfléchir, bien trop séduit par l’odeur de l’affrontement à mon goût.

Lorsque la fumée se dissipa, nous retrouvâmes les deux protagonistes du combat en train de s’échanger des coups. L’individu qui avait réussi à conserver sa capuche malgré toutes les secousses infligées par notre allié était enfin passé à l’offensive, pour le grand plaisir de Hiroki qui, à en juger par cette expression dérangeante sur son visage, semblait apprécier l’échange de coups et en tirer un plaisir malsain. Nous restions sur le côté, regardant le combat des deux individus sans vraiment vouloir nous y impliquer puisque nous ne savions même pas si la personne en face était un véritable ennemi, je ne voulais donc pas m’engager dans un combat qui allait peut-être me mener nulle part.

https://www.youtube.com/watch?v=Yd4834VoAq0&t=12s

– Nemesis. Dit l’individu masqué d’un ton glacial en guise d’introduction.

Une fois ces mots prononcés, une ombre assez imposante et opaque entoura l’homme à la cape qui semblait avoir déclenché un mécanisme lui étant propre. Nous restâmes en alerte, en particulier ma dame qui était toujours troublée par ce qui se passait, et Saffira, qui, depuis mon for intérieur, me disait de rester sur mes gardes et de ne pas perdre de vue la personne en face. Lorsque l’énergie de l’homme fut chargée, il y eut un temps d’attente de quelques secondes avant que du sol ne sortent plusieurs, non, énormément de fantômes faits d’énergie violette et rouge qui se multipliaient au fur et à mesure que les secondes passaient. Les étranges êtres translucides semblaient comme des zombies agiles qui n’avaient pas de conscience, suivant instinctivement les ordres de leur maître.

Nous nous reculâmes instinctivement de l’espace dans lequel l’homme en invoqua ces multiples créatures qui me confirmèrent qu’il était un ennemi, et semblait même être un ennemi plutôt coriace par-dessus le marché. Nous étions tous prudents, sauf Hiroki qui lui se jeta directement sur la masse de créatures sombres qu’avait invoquées l’homme.

– Pour l’espoir !!! Hurla-t-il. Nan je déconne j’en ai rien à foutre hahaha !!!!!

– Tu es totalement fou d’y aller seul !!! Hurla à son tour Hakaze qui le suivit en brisant une Shungite dans sa course. Tu crois vraiment que tu es capable de tous les vaincre !?

– Le plus fort gagne et le plus faible crève !!! Telle est la loi du monde de Zetsubô !!! Hahaha !!! Eclipse : Isantya yobuhlungu !!! Les Spirales du tourment !

Il nous projeta tous au loin, tous exceptée Hakaze qui avait activé ses pouvoirs avant nous et qui avait donc pu contenir l’attaque de son partenaire qui n’hésitait pas à nous balayer si c’était pour écraser son adversaire. Il devint plus rapide grâce à son sort qui lui faisait également laisser une traînée bleue derrière lui. Se déplaçant rapidement entre les monstres qui étaient trop lents pour pouvoir le combattre, il donnait des coups de sabres dans le dos des ennemis qu’il prenait à revers afin de les éliminer un par un d’un seul coup de sabre. Son adversaire, profitant du fait qu’il était occupé avec ses monstres, réapparut rapidement derrière lui avant de continuer ce qu’il avait commencé. Cependant, alors qu’il allait attaquer, des lignes déformées l’entourèrent et se refermèrent rapidement sur lui. D’un geste rapide, il réussit à se soustraire de l’emprise avant qu’elle ne le touche, pour réapparaître au dessus de Hiroki qu’il attaqua violemment en projetant des épines ténébreuses qui explosèrent au contact de l’homme. Grimaçant, l’homme allait s’écraser au sol, mais il fut rattrapé par sa camarade, qui désormais habillée comme l’esprit du duel, Athéna, le fit prendre appui sur son propre corps afin de le propulser contre l’adversaire qui, toujours aussi froid, ne semblait pas vraiment prendre ce combat au sérieux.

Il matérialisa une épée dans ses mains pour affronter celle d’Hiroki qui semblait déterminé à lui faire payer l’affront qu’il venait de subir face à ce mouvement de la part de l’inconnu. S’en suivit une bataille à l’épée entre les deux hommes qui étaient tout aussi rapides l’un que l’autre. Tandis que Hakaze, elle, peinait à gérer tous les monstres, on entendait pour seul bruit alentour que celui des lames s’entrechoquant sans cesse dans ce rapport de force.

– Bien, je suppose qu’il est temps que je m’y mette aussi. Me décidai-je sans conviction. Dame Laïla, allez vous venir?

– Je t’avoue que combattre quelqu’un sans savoir pourquoi ne me motive pas ~ Me répondit l’intéressée. Montre moi des beaux enchaînements veux-tu ~

Je lâchai un sourire à ma dame avant de lui tourner le dos pour faire face à ce pandemonium de fantômes et de monstres qui avaient été créés par la seule volonté de notre adversaire. Je me demandais vraiment qui il était pour pouvoir générer autant de pouvoir magique en une seule fois. Mon ressenti à son propos, et le fait que ma dame grimace devant lui…Etait-ce lié à ce pouvoir magique qu’il recelait…? Non…quelque chose en cet individu me semblait familier…Comme si…

…Le Quindecim…Cet homme était l’homme du Quindecim…C’était pour ça qu’il me disait quelque chose et que Saffira était alertée. Mais malgré tout, cela ne répondait pas au malaise de Saffira lorsque nous l’avions rencontré pour la première fois. Ne voulant pas me battre avec mon grand-frère une fois de plus, je me contentai de me lancer dans la bataille contre les fantômes. Ils étaient agiles et rapides, et s’introduire dans un espace de danger était plutôt difficile compte tenu de leur pouvoir commun. Ils se jetaient sur moi et disparaissaient dans le sol lorsque je les esquivais pour réapparaître ailleurs, et même si Hakaze, qui, utilisant l’armure d’Athéna, arrivait à se débarrasser de plusieurs d’entre eux, je sentais que ce n’était pas suffisant et que pour stopper l’afflux de créatures, nous devions absolument diriger nos forces sur le créature de ces choses.

Ainsi, je me dirigeai directement sur l’adversaire de Hiroki, en prenant le soin de ne pas me faire atteindre par ses créatures qui prenaient un plaisir à me suivre partout quelle qu’était l’altitude que je prenais. Je trouvai néanmoins le moment opportun pour me rapprocher de l’adversaire qui était bien trop occupé dans son combat contre Hiroki pour notifier ma présence. Une fois proche, je tentai un coup de lâche en relâchant une sphère d’énergie lumineuse générée par Saffira pour la propulser contre lui, mais à ma grande surprise, non, à notre grande surprise à Onii-chan et moi, l’adversaire se saisit de la sphère à main nue pour la projeter avec force contre Hiroki qui se la prit en pleine face, se faisant propulser au loin par la puissance de Saffira combinée à celle de l’homme. Il se fit attraper par plusieurs fantômes obéissant à l’individu masqué qui se retrouva face à Hakaze surgissant de nulle part. Tandis que la jeune femme utilisait la magie d’Athéna pour générer multiples projectiles étincelants, son adversaire en faisait de même avec ses épines ténébreuses qui s’entrechoquaient encore et encore contre la puissance de ma camarade. Pour ma part, je me ruai sur les fantômes qui retenaient désormais Hiroki en faisant de leur possible. Utilisant les pouvoirs conférés par Tarotray, je pus trancher la tête des ennemis afin de dégager Hiroki qui, voulant toujours se battre, repartit aussi vite qu’il n’était arrivé ici.

– Si tu crois que je te remercierai, tu te fous le doigt dans l’oeil !! Hurla-t-il à mon intention. Je n’avais pas besoin de ton aide !

– Je l’ai fait pour Hakaze et dame Laïla, pas pour toi. Repris-je glacial. Ton existence m’importe peu si tu veux que je sois honnête.

Mais alors que nous retournâmes nous battre contre l’ennemi du jour qui faisait toujours jeu égal avec Hakaze, nous fûmes tous surpris par un nuage de fumée obscure qui vint s’étendre tout autour de l’espace de combat. S’étendant progressivement, il choqua tout le monde, enfin presque, à commencer par l’homme en noir qui s’arrêta en tournant sa tête vers cette nuée, laissant à Hakaze qui l’affrontait le soin de profiter de cette inattention cruciale pour projeter un coup de poing fulgurant sur son adversaire qui fut propulsé au loin par toute la puissance de l’attaque. Il tenta de contreattaquer en réapparaissant rapidement derrière Hakaze, mais ce n’eut pas le même effet que la première fois puisque j’avais déjà anticipé l’attaque et j’avais préparé Tarotray qui elle, surprit sa cible en l’attaquant avec ses quatres bras chargés de magie verdâtre dont elle avait le secret. Pour la première fois depuis le début du combat, notre adversaire était acculé par la pression générée par nos attaques, tandis que le nuage obscur se rapprochait de plus en plus. Tarotray, Hiroki, et Hakaze semblant avoir le dessus, je me décidai à aller voir ce qu’était cet épaisse masse d’ombre.

https://www.youtube.com/watch?v=u5z73Alkryg

Evitant les assauts des fantômes, je réussis à me rapprocher assez pour constater que c’était une flopée de monstres, un essaim assez conséquent de monstres de duel d’attributs ténèbres qui venait apparemment se joindre à la bataille. Derrière eux se dressait l’ombre d’un colosse immense qui semblait respirer la haine. Je compris alors qu’il ne restait plus beaucoup de temps avant que les renforts ennemis n’arrivent. Je voulus rejoindre la bataille, mais je fus rattrapé par l’essaim qui se déplaçait décidément bien plus rapidement que ce que je n’imaginais. Mais à ma grande surprise, les attaques menées par les monstres invoqués ne me visaient pas, ils ne visaient ni Hakaze, ni Hiroki, ni ma Dame, mais au contraire, les fantômes invoqués par notre adversaire, qui, bien que nombreux, se faisaient surplomber par le nombre de créatures partant de la necrofear des tenebres à la néosphère des ténèbres en passant par les monstres monde ténébreux qui se multipliaient encore et encore, tenant tête aux fantômes et empêchant leur prolifération constante. Tout le monde s’arrêta face à ce spectacle tandis que notre adversaire resta cette fois sur ses gardes. Le grand colosse dont je n’avais aperçu que l’ombre apparut enfin quelques minutes plus tard, nous laissant voir un visage que ma dame semblait connaître à en juger par sa réaction.

Mais nous le conaissions tous plus ou moins puisqu’il était un monstre de duel assez connu. Dreadroot, le démon de l’enfer. Un colosse majoritairement coloré de vert et de gris semblant le plus humanoide des trois démons de l’enfer. Volant grâce à ses deux larges ailes de démon, il vint nous faire face à nous qui étions tous comme paralysés par la surprise qui avait gagné nos esprits.

– Moi, Dreadroot des enfers, je ne vous laisserai pas continuer un tel combat. Grogna le monstre d’une voix solennelle. Je ne laisserai personne toucher à cette femme qui m’a montré le plus beau des désespoir !

– Tu es plus robuste que tu n’en as l’air, Dreadroot ~ S’amusa ma dame. Je suis curieuse de voir quelle nuance de gris notre alliance va donner ~

– Je resterai le serviteur le plus efficace et dévoué de ma dame, repris-je avec animosité envers celui qui pensait se substituer à moi. Si tu tiens vraiment à prouver ton dévouement, tu peux très bien m’affronter pour savoir qui de nous deux mérite la place aux côtés du leader.

Mais alors que je regardais avec mépris le démon en face de moi, Saffira m’alerta sur notre adversaire. En effet, étant désormais surplombé par le nombre, cet individu voulut prendre la fuite pendant que notre attention était portée sur Dreadroot et son apparition soudaine. Sans me laisser le temps de réagir, Onii-chan, qui semblait vraiment préoccupé par quelque chose, prit possession de mon corps pour suivre l’individu mystérieux qui tenta de s’éclipser en bondissant de toits en toits. Hiroki voulut me suivre, mais Saffira ne le laissa pas faire et l’attaqua sans même me demander mon consentement, faisant quelques dégâts au compagnon de Hakaze qui ne s’attendait pas à une telle trahison de ma part. Je ne voulais pas vraiment laisser ma dame sur place et surtout pas avec ce démon, mais mon corps, totalement sous l’emprise de Onii-chan, ne voulait pas m’obéir. Ainsi, sans vraiment savoir pourquoi j’étais entraîné dans cette course, je me mis sur la même longueur d’ondes avec mon autre moitié pour pouvoir poursuivre efficacement cet individu que je ne connaissais toujours pas.

Je poursuivis ainsi l’homme qui, regardant derrière lui, s’aperçut que je le suivais toujours et essaya en conséquence de me semer en m’attaquant de par ces fameuses épines qu’il avait utilisé dans notre combat, mais je les esquivais facilement tout en pouvant continuer ma route sans vraiment perdre de vitesse de course. Je n’étais pas vraiment fatigué malgré les évènements de ces derniers jours, ce qui me permettait de garder une distance courte entre moi et lui. Je faisais de mon mieux pour garder sa trace, mais au bout de quelques centaines de mètres pendant lesquels je traversais divers quartiers, diverses bâtisses, je fus surpris par un piège laissé par celui qui me distançait pour colossales, il me propulsa à quelques mètres. Tandis que j’allais devoir me débarrasser de l’imposante masse d’ectoplasme, je vis mon objectif s’éloigner pour enfin disparaître dans l’ombre une fois qu’il était suffisamment loin pour charger son énergie.

Je devais m’y résoudre, j’avais perdu la trace de l’homme que je suivais, et qui plus est, je devais faire face à son rejeton. Je devais vaincre la créature en face de moi pour pouvoir poursuivre mes investigations. Il ne semblait pas bien plus fort que les autres, mais c’était une plaie de devoir utiliser mes pouvoirs pour le combattre. Je me préparai cependant à l’attaque, tandis que le colosse semblait attendre que je fasse le premier mouvement, mais alors que j’étais sur le point de l’attaquer, quelque chose vint perturber notre combat. C’était une trainée orange qui semblait comme une flamme vive qui se déplaçait rapidement autour de moi et du monstre. Alors que je cherchais à identifier ce qu’était cette flamme, elle s’écrasa sur le fantôme, qui, lâchant un cri de douleur assez strident, s’embrasa en moins de temps qu’il ne fallut pour le réaliser. Surpris par cette attaque, je restais sur mes gardes, pensant à ce qui allait m’arriver si cette flamme me touchait, mais contre toute attente, lorsqu’elle se dirigea à folle allure vers moi, elle s’arrêta et disparut pour laisser sortir un visage familier de cette attaque. C’était ma pianiste, Chiaki, qui apparut avec le sourire face à moi.

– Okaeri, Kôsei. Me dit-elle avec douceur. Je suis heureuse de te revoir. Il nous manquait justement un scout.

– Chiaki…!? M’étonnai-je. Que fais-tu ici? Et comment as-tu obtenu cette force?

– Les cheat codes. Me répondit la rousse. Tout peut arriver si l’on possède des cheat codes. On peut augmenter ses points, avoir des tas d’objets, ou finir les donjons avec plus de points d’expérience. On dit qu’un jeu est gâché avec des cheat codes, mais parfois il peut être plus intéressant si l’on sait se retenir et utiliser ces avantages de manière productive et attrayante pour le joueur…

– Je..Je vois…Bégayai-je sans vraiment comprendre ce que voulait dire la rousse. Es-tu seule?

– Non, Papa et Kyosuke sont avec moi. Répondit-elle avec le sourire. Viens, ils ne sont pas loin !

Je suivis Chiaki qui descendit rapidement du toit où nous étions postés elle et moi, pour rejoindre deux hommes qui l’accompagnaient de son côté. Sans surprise, je retrouvai son père qui semblait en pleine forme et qui me salua avec le sourire, mais aussi et surtout un inconnu aux cheveux bleus clairs et à la cape sombre qui trainait presque au sol. Il semblait assez menaçant, surtout avec cette marque de criminel qu’il portait, mais Chiaki m’assura qu’il n’y avait aucune crainte à avoir.

– Kiryu, entama-t-elle avec entrain, je te présente Kôsei. C’est un ami très cher à moi qui m’a aidé à surmonter de nombreux RPG. Kôsei, voici Kiryu Kyosuke, c’est un ancien pactisant des ténèbres qui est membre du mouvement Néo Arcadia, qui a pour but de racheter des erreurs.

– Ma leader m’a souvent parlé de toi, Kôsei. Me dit l’homme avec le sourire en tendant sa main. Je suis ravi de faire ta connaissance.

– J’ai pu étudier les pactisants des ténèbres, et je dois te dire que je ne vous porte pas dans mon coeur. Repris-je froidement. Pourtant, chacun de nous a des raisons propres pour comettre des actes, je ne te jugerai pas tant que je ne les connaîtrai pas.

Je saisis la main de l’homme pour partager cette poignée amicale qu’il me proposait. Je n’avais pas vraiment de raisons pour m’attaquer à lui dans un climat où j’avais bien trop d’ennemis pour m’ajouter des combats inutiles. Je devais garder mes forces pour affronter les véritables ennemis.

– Et donc votre objectif quel est-il? Demandai-je histoire de savoir les directives. Dans quelle direction allez-vous?

– Nous allons vers chez moi et mes parents pour essayer d’y retrouver ma mère. Me raconta la rousse. Si elle n’est pas là-bas nous chercherons ailleurs.

– Juuni hmm…Je vois. C’est en effet plausible qu’elle soit chez vous. Je vais vous accompagner jusqu’à chez vous. Après ça, je vais partir de mon côté. Je dois absolument retrouver quelqu’un…Pour Onii-chan…

– Onii-chan? Me demanda ma pianiste. Parlerais-tu…D’Arata?

– Oui…Admis-je. Arata est nerveux depuis que j’ai rencontré cette personne et veut absolument quelque chose venant d’elle. Je ne sais pas vraiment qu’est-ce que c’est, mais il faut que je la retrouve.

– Alors je viendrai avec toi ! Si cela concerne Arata, je te suivrai ! Sourit Chiaki, me laissant bouche bée.

– Eh…Tu es consciente qu’Arata est mort et que je parle de lui comme s’il était encore là n’est-ce pas? Lui demandai-je, quelque peu choqué par sa réaction naturelle.

– Si Kôsei le dit, alors c’est la vérité. Me dit-elle en se penchant vers moi. Je crois en Kôsei et en Arata, et je suis heureuse qu’il puisse me voir ! Je n’ai pas de raisons de douter de vous.

Le soutien de Chiaki vis à vis de l’existence de mon frère me faisait un effet plutôt étrange. Jusque là, personne ne me croyait lorsque je leur racontais qu’Onii-chan était toujours présent, personne sauf ma dame et Hakaze, mais les deux femmes avaient des circonstances particulières. Chiaki, elle, ne se posait pas de questions à ce sujet. C’était naturel qu’Arata était encore présent et qu’il parlait à travers moi. J’étais choqué devant une telle ouverture d’esprit, et je n’étais pas le seul puisque mon frère l’était tout autant. Je repris cependant vite mes esprits, reprenant la parole plus rigide que je ne l’étais.

– Je te suis, allons chez toi. Ensuite nous partirons tous les deux jusqu’à cet individu.

– Je viendrai aussi ! Rit Ugo, le père de la rousse. Je ne laisserai jamais ma fille seule hoho moi aussi j’ai du skill.

– Je ne peux garantir le fait que je vous accompagnerez. Finit Kiryu. Je suis avant tout les ordres de ma leader. Cependant, je peux vous aider à ma façon. Une fois que nous serons arrivés là-bas, je ferai en sorte de vous aider.

Chiaki exulta, et nous montra la voie pour nous diriger vers chez elle. Tout au long des chemins, elle était la plus enjoyée, parlant en permanence de jeux, d’objets à trouver, de niveaux, de boss et d’autres fantaisies de RPG dont elle semblait avoir l’habitude. Ugo et Kiryu restaient silencieux, moi aussi. Au final nous ressemblions d’avantage à trois êtres faits de ténèbres qui étaient illuminés par le sourire de Chiaki qu’à une équipe de convictions communes. En y réfléchissant, cette alliance soudaine avait son charme, puisque sans Chiaki, nous ne nous serions jamais alliés, Kiryu, Ugo et moi. Cela ressemblait un peu à The Rising Sun qui était né grâce aux connections établies par Arata à l’époque et sans qui nous ne nous serions jamais rencontrés Masu, Kenichi et moi.

Ainsi, nous passâmes quelques rues ensemble, toujours en gardant le silence. Lorsqu’il y avait des ennemis, nous les affrontions, mais cela ne durait jamais longtemps puisque Kiryu était plutôt puissant. S’il disait vrai et qu’il était vraiment pactisant des ténèbres dans le passé, cela expliquait pourquoi il possédait une telle puissance presque 20 ans après cette catastrophe, il avait eu le temps de faire murir ses pouvoirs et de les rendre encore plus puissants…

Nous passâmes donc sans encombre les quelques obstacles qui nous firent face. Chiaki était toujours dans son délire de jeu vidéo et j’avais fini par m’y habituer. Au final, nous arrivâmes au sentier qui allait nous mener dans la forêt de Soichiro, mais aussi chez Ugo qui habitait à quelques centaines de mètres du patriarche. Nous l’empruntâmes, me laissant constater que les environs avaient bien changé en comparaison avec le moment où j’étais venu régler le conflit entre la team de Cécilia et Glory for Hope. Le souffre et les cendres avaient recouvert pas mal d’étendues qui n’étaient jusqu’alors que des prés et de la verdure. C’était désolant.

– Zetsubô n’a rien épargné ici non plus hoho !! Entama Ugo avec ironie. Il n’y a aucun skill dans ce nouveau paysage.

– Je me demande si Maman sera ici. Soupira Chiaki. Après tout, il y a souvent des pièges dans ce genre de RPGs…

Nous continuâmes quelques centaines de mètres dans la direction en question. Passant devant la forêt de Soichiro qui n’était pas vraiment attaquée, nous n’y entrâmes pas, mais nous dirigeâmes plutôt vers la droite qui montrait un sentier droit assez large sur lequel étaient inscrites des traces de pneu qui venaient sûrement de la voiture d’Ugo à en juger par leur forme.

Nous continuâmes quelques minutes jusqu’à arriver devant la baraque de la rousse et de son père. Comme l’on pouvait s’en douter, elle était carbonisée, réduite à un tas de cendres qui peinait même à tenir debout. Tout ce qui se trouvait à l’intérieur avait succombé aux flammes du désespoir et ce qu’il restait de la vie de cette famille n’était plus qu’un sombre tas humidifié qui respirait une odeur nauséabonde et dénuée de fraîcheur.

En face de cette baraque était assise celle que l’on recherchait. Assise en tailleur, elle laissait ses longs cheveux blonds flotter au gré du vent tandis qu’elle portait son regard vert profond mélancolique sur cette bâtisse qui représentait sûrement beaucoup pour elle. Nous allâmes la rejoindre en courant, satisfaits d’avoir trouvé la femme. Lorsqu’elle nous aperçut, elle tenta de sourire, mais son visage était marqué par un profond malaise qu’elle tentait de dissimuler.

– Rester devant une maison en train de s’effondrer sous les poids des flammes…Entama-t-elle…Voir mon univers s’écrouler sans que je ne puisse faire quoi que ce soit…Je ne pensais pas que cela allait m’arriver une seconde fois, c’est ironique.

– Jessica…Soupira Ugo qui semblait comprendre ce que disait sa femme plus que quiconque.

– Ne t’en fais pas, finit-elle par sourire. Ce que j’ai de plus précieux ne se trouve pas à l’intérieur. Je suis heureuse de vous revoir, Chiaki, sale gland.

Les retrouvailles entre les membres de la famille Nakagami eurent lieu dans la quiétude. Juuni put ainsi faire connaissance avec Kiryu qui lui expliqua qu’il était du mouvement Neo Arcadia qui la recherchait afin de demander de se joindre à eux, et que c’était Misty Tredwell la chef. Juuni, semblant désireuse de revoir Misty, accepta de le suivre jusqu’à sa chef, même si elle était dubitative concernant les intentions de l’homme. Celui-ci nous remercia de nous avoir mené à la femme à laquelle il semblait porter beaucoup d’intérêt. Afin de nous “remercier” il nous appela grâce à un mécanisme dont il avait le secret quelqu’un qui était loin.

La personne en question sortit de nulle part à dos d’un colibri immense aux rayons oranges gravés sur le corps. Le colibri en question hurlait un cri strident qui me fit mal aux oreilles. Lorsqu’il atterrit près de nous, la femme qui le chevauchait sauta de l’oiseau et atterrit devant nous avant de le rappeler dans son jeu. Elle était une femme aux longs cheveux noirs et portant des lunettes aux branches rouges qui mettaient en valeur ses yeux gris. La femme semblant du même âge que Kiryu ne portait pas de marque, elle était cependant habillée d’une veste voyante et d’un blue jeans, qui lui donnait une allure rude mais féminine. La femme s’avança vers nous, se présentant avec le sourire.

– Je vois que tu as retrouvé Jessica, sourit-elle, bon boulot Kiryu. Je me présente, Carly Nagisa, je suis une journaliste mais aussi un membre du mouvement Néo Arcadia. Je suis également une ancienne pactisante des ténèbres, mais tous comme mes camarades, j’aspire à la repentance.

– Je ne comprends pas une chose. Lançai-je glacial. Si vous êtes des anciens pactisants des ténèbres, pourquoi avez vous encore les marques de vos créatures et leurs pouvoirs? Vous jouierez vous de nous?

– Une fois que tu es pactisant des ténèbres, entama Carly avec le sourire, tu le restes pour toujours. Le montre avec lequel tu te lies reste dans ton esprit pour l’éternité. Tu as alors deux options : Vivre contre lui et le bannir de ta mémoire en menant un combat constant contre toi-même, ou prendre ce monstre comme une force et mettre cette force au service du bien. Kiryu, Misty, Bommer et moi, nous avons pris la seconde route.

– C’est souvent le cas quand le boss final perd, il se repend dans le prochain opus…Déclara Chiaki sans être surprise. Je suis contente que vous ayez choisi la bonne voie !

– Carly, reprit Kiryu, j’aimerais que tu nous tires les cartes pour nous montrer la voie. Enfin, pour le jeune homme surtout. Il aimerait retrouver un autre homme mais ne sait pas par où commencer, et tu m’as dit des bonnes prédictions puisque j’ai retrouvé la femme.

– Mes prédictions sont toujours fiables ! Sourit fièrement la femme. Bien, je vais te tirer les cartes. Patience.

La femme sortit un paquet de cartes de duel de monstre qu’elle mélangea, puis elle fit apparaitre un disque de duel sur laquelle elle posa ces les cinq premières cartes de son paquet. Elle les retourna une à une. Il y avait plusieurs cartes qui semblaient représentatives : Le roi de la brume, la montagne, désespoir des ténèbres, chaines démoniaques, et sacrifice inutile. Je ne comprenais pas vraiment ce que cela signifiait, mais elle vint m’éclairer sur son tirage.

– Selon mes cartes, tu trouveras ton objectif dans les montagnes. Si l’on prend les alentours je pense que tu devrais reprendre par le parc Tachibana et chercher dans ces environs puisque le roi de la brume et son élément donc se trouvent là-bas également. Je ne sais pas vraiment ce que tu trouveras là-bas, mais tu dois te préparer à un combat plutôt singulier, et à de terribles répercussions sur ton mental et/ou ta force physique. Je serais toi, je ne prendrais pas part à ce combat.

– Pourtant, je suis dans l’obligation d’y aller. Répondis-je froidement. Je fais tout ça pour un ami très cher, pour faire cesser ces tourments qui sont les siens. Je ne peux reculer.

– Dans ce cas, je te souhaite bonne chance. Sourit la femme. Pour ma part, je vais retourner voir Misty avec Kiryu et Jessica. Quiconque veut venir est le bienvenu.

– Je vais rester avec Kôsei ! Dit Chiaki. Je dois y aller aussi pour Arata !

– Et je n’ai pas le skill pour laisser ma fille seule hoho ~ Rit Ugo. Jessica, nous te rejoindrons quand tout sera terminé.

– Prenez donc ceci, dit Kiryu. Cette carte semble vide, mais vous pouvez l’utiliser pour appeler les pactisants des ténèbres en cas de soucis. Utilisez là pour prévenir Carly qui vous localisera et viendra vous chercher.

– Bien, merci pour tout. Répondis-je. Je pars, paix sur vous tous.

Me retournant, je partis en marchant tranquillement, suivi par Chiaki et son père qui s’étaient mis dans la tête de me suivre. Espérant que cela ne les entraîne pas dans des aventures trop dangereuses alors qu’ils avaient enfin retrouvé Juuni, je forgeai ma détermination à vaincre dans ce conflit entre moi et le mystérieux individu qui laissait Saffira tellement mal à l’aise.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [13/05/2017] à 19:54

Chapitre 44 : Erika (Reisuke, Jour +31)

https://www.youtube.com/watch?v=psNrzFBn7ZM

Le passé à chérir, le futur à conserver. Telle était notre devise à nous qui nous étions lancés corps et âmes dans la bataille contre Zetsubô. Notre groupe n’était pas différent des autres, mais nous étions tous décidés à combattre et survivre peu importe les moyens. Jessica, Kentarô, Chitose, et moi, nous étions une équipe qui luttions tous les quatre pour préserver ce que l’on avait de plus cher et pour pouvoir créer un avenir éclairé par la lumière de l’espoir. Peu importe combien nous devions salir nos mains, nous ne visions que la victoire. L’apparition soudaine de mon neveu m’avait donné beaucoup plus de force que je n’en avais, moi, qui avant sa naissance, était le plus jeune de notre famille. Je comprenais plutôt bien Hiroki maintenant que moi aussi j’étais l’ainé de quelqu’un d’autre. Ainsi, nous nous étions divisés en trois forces. J’étais devant à l’offensive, Jessica était derrière pour surveiller nos arrières, et Kentarô était sur le côté pour pouvoir faire le guet. Chitose, elle, était entre nous trois et utilisait ses champs de protections pour éviter que l’on ne se prenne des attaques surprises. Ses barrières ne tenaient pas longtemps mais étaient suffisantes pour que l’on voie le danger arriver et que l’on réagisse en conséquence, c’était donc suffisant pour nous protéger efficacement. Ainsi, notre équipe que l’on baptisa « Together we Hope » pour la symbolique était née, et nous étions sans aucune pitié envers l’ennemi. Nous avions eu l’occasion de tester notre alliance, puisque quelques jours plus tôt nous avions fait face à de nombreux ennemis de petite ou grande envergure, et même à un de ces fameux boss qui était sorti du gouffre dimensionnel généré par le gros dragon. Nous n’avions eu aucune perte humaine, et je nous en félicitai. Il ne restait plus que cinq de ces créatures, ce qui était plus que gérable en prenant nos états en considération.

Nous continuâmes donc notre course avec le groupe, toujours en mouvement rapide pour surprendre les ennemis avant qu’ils ne nous surprennent. Si nous avions le premier mouvement, nous étions à 80% sûrs d’être victorieux, je mettais donc un point d’honneur à cela. Nous arrivâmes à une bifurcation, Jessica, Kentarô, Chitose et moi. Je pris la direction ouest, étant donné que notre mot d’ordre était de nous rendre à la falaise Sekai pour y investiguer, et instinctivement, tout le monde me suivit.

– Leader ! Hurla Jessica. Nous ne sommes plus qu’à deux kilomètres de la falaise ! Nous y sommes presque !

– On continue et on ne lâche pas ! Répondis-je en criant à mon tour. Chitose si tu ne tiens plus la cadence dis-le je te porterai !!

– Ok, Onii-chan ! Me répondit la petite. Mais je peux encore courir merci !

– Eh Maman depuis quand tu l’appelles leader ? Ricana Kentarô de son piédestal. Papa ne sera pas content quand je lui raconterai ça. Enfin, s’il s’en sort vivant bien sûr.

Sans prendre le temps de relever les paroles du blond, nous continuâmes notre course dans les rues un peu plus calmes qu’au début de la crise. On sentait que l’atmosphère était un peu moins oppressante. C’était sûrement dû au fait que beaucoup de monstres avaient été annihilés et que de la population avait été évacuée. En tout cas, cela faisait du bien de ne pas devoir se battre à chaque coin de rue, même si parfois, nous devions affronter des monstres plutôt coriaces.

Nous débouchâmes sur une place semblant assez étrange. Je m’arrêtai net et indiquai à tout le monde d’en faire de même. Les environs étaient bien trop paisibles pour être sûrs. Sur cette place, la fontaine centrale continuait de couler, les environs n’étaient pas tâchés de sang, tandis que les bâtisses, bien qu’en ruine, ne respiraient pas l’odeur de soufre mélangée à celle de sang comme les autres endroits. L’air lui-même semblait un poil plus léger qu’il ne l’était ailleurs, et ça m’interpellait. Il allait sans dire que si un homme de Zetsubô était passé par là, ce n’était certainement pas pour répandre une bénédiction, au contraire. Leur but était de soumettre le monde en répandant la désolation la plus totale, ils ne pouvaient donc pas faire en sorte d’aider les autres.

Mais alors que je réfléchissais, je sentis une présence qui m’interpella. Rejoint par mes camarades, je repris la parole à leur intention.

– Restez en arrière. Dis-je sérieusement. Je sens quelque chose de malsain, et vous surveiller tout en restant sur mes gardes m’handicaperait.

– T’as vraiment cru que j’allais rester comme une conne sur le côté ? Râla Jessica. Tu me connais vraiment mal toi. Je viens avec toi.

– Tu restes ici Maman. L’interrompit son fils. T’en as pas eu assez de rabaisser papa plus bas que terre que tu veux aussi enlever la fierté de l’oncle ? Laisse un peu les mecs gérer bordel !

Chitose soupira. Agacée, elle claqua une Shungite par terre, ce qui lui octroya un pouvoir phénoménal d’un seul coup. Utilisant cette force, elle enferma les deux blonds dans une barrière qu’elle venait de créer, ce qui laissa mon neveu et sa mère abasourdis. Elle se tourna ensuite vers moi et me sourit franchement pour m’encourager.

– On t’attend ici, Onii-chan ! Me dit-elle avec entrain.

https://www.youtube.com/watch?v=vEEc07ROpT8

Lui souriant à mon tour en guise de réponse, je partis en avant, me dirigeant sur cette place qui me semblait vraiment dangereuse comparée aux alentours. Prenant une grande inspiration, je progressai prudemment dans les alentours. Cette fontaine m’intriguait vraiment puisque l’eau qui s’en écoulait n’était pas altérée par les alentours. Pourtant, il n’y avait personne pour l’entretenir. Je sentais vraiment quelque chose de malsain dans cet endroit, comme si j’étais observé, comme si je n’étais pas seul, comme si j’étais dans une course poursuite contre une ombre.

Alors que j’observais les alentours, je vis arriver une attaque provenant de derrière-moi. Je pus esquiver de justesse l’impact qui s’écrasa contre la fontaine qui fut brisée en moins d’une seconde par ce qui semblait être une tentacule géante semblant noire à cause du contrejour. Je ne compris pas de suite ce qu’était la chose qui m’attaquait, mais l’heure n’était pas aux questions puisque je fus aussitôt attaqué par autre chose venant de la pénombre. Encore une fois j’esquivai, avant de me faire attaquer d’autre part, encore, encore, et encore, me forçant à courir pour me déplacer en cercle autour de la fontaine brisée pour éviter les impacts de ce qui semblait être l’attaque provenant d’un reptile dont les tentacules violettes assez sombres luisaient d’un rouge translucide. Je pus avoir quelques secondes de répit pour activer l’énergie du désespoir en moi qui se chargeait désormais bien plus rapidement maintenant que j’avais de l’expérience dans la maîtrise de ce pouvoir. Je me ruai ainsi sur les tentacules qui semblaient être animées de leur volonté qui était propre puisqu’elles évitaient mes attaques à répétition, attaquant à leur tour dès qu’elles s’étaient défaites de l’oppression de mes attaques. Je me reculai instinctivement en grimaçant, cette technique me rappelait étrangement le style de combat de quelqu’un. Tentant le tout pour le tout, je portai mes accusations.

– Je sais qui tu es !! Hurlai-je à qui voulait l’entendre. Sors de là, Erika !!!

J’attendis quelques secondes, restant en alerte devant les tentacules qui s’étaient arrêtées de bouger face à ce que j’avais dit. Je me préparais à défendre et à attaquer par revers si j’avais à le faire, mais alors que j’allais arrêter d’attendre et passer à l’attaque, la personne en question se montra. La surprise était à moitié gâchée par le fait que j’avais deviné son identité, mais c’était bien Erika qui se trouvait en face de moi. Cependant, elle était clairement différente par rapport à la dernière fois que je l’avais vue. Ses cheveux étaient devenus blancs, ses yeux étaient devenus rouges, et le sentiment d’harmonie qui régnait sur son visage s’était dissipé au profit d’une expression de malaise qu’elle tentait de masquer par un sourire lugubre. La Erika pour laquelle j’avais traversé le temps semblait être revenue, avec tous ses tourments, toute son agressivité, et toute sa peur intérieure…

– Omedetto, tu m’as trouvée. Je t’ai cherché, Rei-chan. Me dit-elle glaciale. Je voulais être celle qui allait te vaincre. Après tout, nous sommes liés toi et moi ~

– E…Erika ? Bégayai-je. Pourquoi es-tu dans cet état !? Et pourquoi veux-tu me vaincre !?

– Ne pose pas de questions inutiles, j’ai mes raisons Rei-chan. Me répondit-elle. Je te laisse un choix, soit tu te bats contre moi et tu me vaincs, soit j’utilise Toratura pour rayer de la carte tes trois acolytes grâce au soutien de cette gamine qui les a gracieusement enfermés pour moi ~

Il ne m’en fallut pas plus pour me jeter sur Erika en utilisant mes pouvoirs. Peut-être n’était-elle pas dans son état normal, peut-être avait-elle été victime d’un coup fourré de Zetsubô, mais ce n’était pas une raison pour me laisser submerger par les émotions et l’impuissance. Chargeant la puissance du désespoir, je me rapprochai de la femme qui, souriant, laissa son autre esprit de duel, Vénominaga, m’affronter dans une bataille en 1VS1. Me défaisant rapidement de l’esprit du duel en utilisant la rapidité octroyée par la force de ma sœur, je me ruai sur la jeune femme, qui, semblant aussi puissante que je ne l’étais, évita mon attaque avant de m’asséner un coup de pied qui me propulsa de par sa force. Je réussis cependant à me remettre sur pied avant de m’écraser, ce qui me permit de revenir rapidement dans la bataille. La déesse des serpents venimeux tenta de me stopper, mais je fis apparaître Ananta qui de par ses six têtes, occupa la reine des serpents dont la chevelure était composée d’autant de têtes que mon monstre. Je pus ainsi me concentrer sur l’affrontement avec Erika qui ne devait pas s’éterniser d’avantage. Je chargeai un maximum d’énergie ténébreuse en moi, mais alors que j’allais m’abattre sur la jeune femme, je fus stoppé par une énergie blanchâtre qui me paralysa dans mon élan. Paralysé dans les airs, je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, tandis que Erika, elle, restait juste en face de moi, cette fois un sourire bienveillant aux lèvres.

https://www.youtube.com/watch?v=flVl_UTezYQ

– Je suis heureuse de voir que tu sais faire la part des choses, Rei-chan. Dit-elle avec le sourire avant de me déposer une bise sur la joue. Je suis heureuse de te retrouver.

– Mais…Qu’est-ce que…Bégayai-je. N’étais-tu pas possédée par quelque chose ?

– Héhéhé…Je suis désolée pour ma plaisanterie de mauvais goût. ~ Je voulais voir si tu étais prêt à te dépasser pour sauver ceux qui sont avec toi ~ Regarde donc ~

Les cheveux d’Erika redevinrent blonds tandis que ses yeux reprirent leur couleur bleue. L’animosité sur son visage disparut pour laisser le visage rafraîchissant de mon amie de longue date reprendre le dessus comme il en était habituellement. J’étais à la fois consterné et soulagé par cette nouvelle. L’emprise me retenant se leva, me reposant au sol. Ananta et Vénominaga disparurent à leur tour.

– C’était amusant de jouer un petit peu avec toi ~ Reprit mon amie. Jessica, merci pour avoir stoppé Reisuke comme Toratura te l’a demandé.

– Toujours obligée de compter sur quelqu’un d’autre. Rétorqua la blonde qui sortit de nulle part en ricanant. J’suis contente de voir que tu te portes bien gros nibards.

– Wow, c’est qui cette bonasse !? S’émerveilla Kentarô qui affichait un sourire carnassier. Elle est bien roulée dis donc ~

– T’en dis des mots inconscients pour un gamin de 14 ans ! Rétorquai-je en attrapant la tête de mon neveu pour lui donner une correction. Un peu de respect pour tes ainés tu veux !!

Chitose s’amusa de la situation tandis que Kentarô souffrait de la correction que je lui infligeais. En voyant cette scène, Erika s’amusa. Voulant clarifier la situation pour elle, je relâchai mon neveu afin de présenter tout le monde à ma précieuse amie.

– Les amis, je vous présente Erika. Dis-je avec le sourire. Elle compte plus que n’importe quelle autre fille pour moi. Elle est l’éternelle source de mon espoir et de ma force.

– N’abuse pas, Rei-Chan…Rougit mon amie pour je ne sais quelle raison. Et puis dire ça devant Jessica est embarrassant…

– Je ne vois pas pourquoi. Rétorquai-je naturellement en sentant cependant une aura meurtrière provenant de derrière. Erika, je te présente Chitose. Chitose est une petite fille qui s’est jointe à nous sur la route, et nous avons décidé de former une famille elle et moi.

– Bonjour…Lui dit timidement la petite. Je suis la petite sœur de Rei-Niichan…Enchantée…

– Il a bien de la chance d’avoir une petite sœur comme toi ! Sourit Erika. La mienne est toujours en train de me crier dessus héhé ~

Chitose sourit franchement en constatant la réaction d’Erika qu’elle qualifia immédiatement de « bien plus agréable et gentille que ne l’était Jessica » , ce qui déclencha une seconde fois l’aura meurtrière planant sur nous comme une épée de Damoclès. Ignorant une fois de plus la blonde, je continuai les présentations.

– Enfin, voici Kentarô. Déclarai-je naturellement. Il est le fils d’Hiroki et de Jessica, autrement dit, mon neveu. Ils l’ont eu pendant le temps qu’ils ont passé dans le monde des esprits, en clair, il a quatorze ans.

– Enchanté. Déclara Kentarô rougissant en espérant une poignée de main amicale. Désolé d’avoir dit que tu étais une bonasse, mais c’est vrai ~

Erika s’arrêta quelques secondes, choquée par ce que je venais de lui dire. Elle était consternée par le fait que Jessica et Hiroki avaient eu un enfant dans le monde des esprits. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c’était choquant quand on y pensait, même si moi je l’avais plutôt bien pris en voyant le fait qu’il était de ma famille et qu’il n’y avait que ça qui importait. Erika, elle, ne semblait pas vraiment percuter. Elle scrutait Kentarô, le dévisageant de son regard. J’avais l’impression qu’elle regardait quelque chose en particulier, mais je ne savais pas quoi. Lorsqu’elle reprit la parole, ce fut avec le sourire, un sourire sincère et bienveillant dont elle avait le secret.

– Ton regard est le même que celui de Rei-chan…Lâcha-t-elle, affectueuse. Tu as pris tout le meilleur de ton oncle, tu en as de la chance héhé.

– Ah…Merci…Je suppose…Bégaya mon neveu. Je peux le remplacer si tu veux ! Je peux me changer en tout ce que tu désires si c’est pour t’envoyer au septième ci –

Il n’eut pas le temps de finir que j’attrapai de nouveau sa tête pour lui donner une correction en lui criant que des enfants ne devraient pas sortir ce genre de mots. En réaction, Jessica me hurla dessus que je n’avais rien à ordonner à son fils, ce à quoi je répondis qu’elle n’avait qu’à l’élever plus décemment si elle voulait que je ne dise rien. S’en suivit une dispute entre moi et la blonde qui ne voyait vraiment pas pourquoi son fils devait se restreindre d’employer ces mots alors que Chitose qui n’avait que cinq ans de moins que lui semblait avoir 15 ans de retard sur le jeune garçon. En voyant la scène, Erika commença à rire. Brisant le conflit, elle prit la petite qu’elle porta sur ses épaules en lui disant de s’accrocher, avant de se tourner vers moi.

– Je vais vous accompagner ! Sourit-elle. J’ai déjà accompli pas mal de choses, et j’ai envie de rester avec toi, Rei-chan !

– Accompli pas mal de choses ? S’étonna Jessica. T’as fait quoi encore toi ?

– J’ai eu la chance d’échouer dans des endroits où des personnes avaient besoin d’aide, comme ici ou dans le côté rural de notre ville. Sourit mon amie aux boucles. J’ai pu protéger les habitants des monstres qui s’en prenaient à eux et alerter Kôsei qui est venu les secourir. Une centaine de personnes ont été sauvées comme ça, je n’en suis pas peu fière héhé ~

C’était bien Erika qui se trouvait devant nous. Même dans une telle situation, elle gardait son insouciance caractéristique qui faisait d’elle un rayon de soleil ambulant. Elle avait tout simplement progressé de son côté en aidant quiconque avait besoin d’elle sans vraiment perdre ses esprits, c’était plutôt classique venant d’elle quand on y pensait.

– On va du côté de la falaise Sekai, Erika. Repris-je. C’est là que Zetsubô est apparu, donc nous allons investiguer à partir de là-bas pour essayer de trouver des indices.

– J’en suis venue à la même conclusion. Reprit-elle sérieusement. J’ai bien tenté de savoir où il se cachait, et je ne vois que la falaise Sekai de plausible pour partir de quelque part.

– Tout le monde a dû arriver à la même conclusion. Soupira Jessica. C’chaud quand on y pense. On doit survivre, on doit résister à la fatigue, à la faim, aux émotions, mais en plus de ça on doit réfléchir. C’est complètement déloyal un tel combat ‘tain.

– N’abuse pas la blonde. Grondai-je, frustré par ce qu’elle dit. Chitose fait un très bon travail en nous ramenant de la nourriture. Ne sous-estime pas la petite.

Je partis en avant, frustré par ce que Jessica avait dit sur Chitose. En l’espace de quelques temps elle était devenue quelqu’un à qui je tenais beaucoup, cette petite. Etaient-ce les circonstances de notre rencontre, le rapport petite sœur/grand frère, ou le fait que je me sentais responsable d’elle qui avait fait grandir mon affection pour la petite ? Je ne savais pas vraiment mais une chose était sûre, je voulais tout sauf la voir se faire tuer dans ce conflit.

Ainsi, nous continuâmes notre route, à cinq cette fois. Nous marchâmes d’un pas plus léger cette fois étant donné que nous pouvions plus facilement affronter les dangers comme nous étions en plus grand nombre. Nous étions donc plus relaxés que nous ne l’étions avant de rencontrer Erika. Cette dernière semblait bien s’entendre avec la petite fille que nous avions recueillie. Elle s’amusait avec elle en lui racontant des choses embarrassantes sur moi, ce qui faisait sourire la brune à queue de cheval. Les voir rire ensemble me donnait du baume au cœur et m’éloignait un peu plus du désespoir. C’était sûrement ça, avoir une famille sur laquelle veiller. On avait toujours veillé sur moi sans que je sache vraiment pourquoi, mais moi aussi désormais je voulais veiller sur des personnes qui m’étaient chères. Avoir Chitose, et Kentarô à éloigner du danger me faisait me sentir plus fort, me faisait me sentir un homme, et me faisait vraiment comprendre pourquoi ma sœur et mon frère étaient tant acharnés, combattant envers et contre tout les obstacles auxquels ils faisaient face. Ils se battaient de la sorte tout simplement parce qu’ils avaient une famille à protéger.

Je me mis à ressentir quelque chose d’étrange à l’intérieur de moi. Comme si une fibre émotionnelle venait de naître. Je ne savais pas vraiment ce que c’était, mais un sentiment de blues s’était installé en moi pour me dire qu’il me manquait quelque chose. Moi aussi je voulais connaître les joies de créer une famille comme mes ancêtres l’avaient fait avant moi, moi aussi je voulais avoir ce petit être qui allait être une partie de moi et de la femme que j’aimais…Moi aussi, je voulais être père. Au fond, j’étais un peu jaloux de Hiroki qui avait pu vivre ça avant moi, avec ou sans Jessica…

Je me promis qu’après la guerre, j’allais travailler dur pour pouvoir devenir père à mon tour. Ainsi naquit l’ultime lumière qui allait m’empêcher de sombrer dans les ténèbres de Zetsubô. Pour avoir mon enfant, il fallait que je sorte vivant et entier psychologiquement. Je ne pouvais pas faire autrement que de rester fort et de m’accrocher jusqu’au bout, sans quoi il allait être impossible pour moi de donner naissance à un enfant et de l’élever convenablement. Comme lisant dans mes pensées, Erika brisa mon instant de réflexion.

– Tu ferais un bon père, Rei-chan. Me dit-elle avec chaleur. Tu t’occupes des deux enfants avec amour, je suis certaine que tes enfants auront de la chance de t’avoir à leurs côtés.

Kentarô chouina devant le fait qu’Erika ne voyait rien d’autre en lui qu’un enfant tandis que cette dernière en profita pour le remettre encore plus à sa place en disant qu’elle le considérait comme un petit frère. Cherchant du soutien, il vint se rapprocher de moi.

– Eh l’oncle. Chuchota-t-il. Tu peux me dire pourquoi tu t’emmerdes avec cette planche qui me sert de mère alors que t’as cette bonasse qui est en chien sur t –

Il n’eut pas le temps de finir qu’il finit écrasé au sol par un coup de pied fulgurant provenant de sa mère. Riant ouvertement devant le comportement de la mère et du fils qui ressemblait d’avantage à une relation entre deux potes de bar, je continuai le chemin jusqu’à arriver à la prochaine bifurcation. Mais alors que j’allais décider de la directive à prendre, nous fûmes interrompus par quelque chose qui surgit de nulle part. Une espèce d’énorme serpent ténébreux couvert d’écailles couleur cuivre et déployant deux grandes ailes noires qui s’étendirent dans les alentours. Il s’écrasa sur une bâtisse de cendres en nous propulsant tous au loin de par le vent gigantesque déclenché suite à ses deux grandes ailes qu’il abattit pour se relever. Il grogna, laissant un torrent de flammes sortir de sa gueule et s’abattre tout autour de lui tandis qu’il hurlait des injures à l’intention de la personne qu’il désignait comme « Ce gros tocard qui ose se désigner comme mon maître. » Rageant contre l’individu, il ne prêtait pas attention à nous ni même aux alentours et crachait davantage de flammes. Je tentai de les repousser avec mon pouvoir, mais ces flammes n’étaient pas ordinaires. Elles ne dégageaient pas de fumée et semblaient ne pas réagir à mon pouvoir. Elles semblaient même l’absorber, comme si le feu de ce monstre venait des ténèbres eux-mêmes…

https://www.youtube.com/watch?v=u0FA1yENqDU

Nous ne pûmes arrêter ce monstre qui ne nous entendait même pas tellement il était gigantesque. Il devait faire au moins 5 mètres de long. Nous tentâmes de rester ensemble, mais chaque fois que nous essayions de nous rassembler, un mouvement brusque du monstre qui laissait déferler sa rage nous envoyait valser plus loin chacun de notre côté. J’étais affolé par la situation, mais encore plus affolé par le fait que Chitose se retrouve toute seule. Je la cherchai du regard, inquiet, avant de la trouver quelques dizaines de mètres plus loin. Elle était avec Kentarô, tous les deux isolés par la créature qui ne semblait pas nous vouloir du mal mais qui était incontrôlable dans sa furie. Nous tentâmes de nous rapprocher les uns des autres mais encore une fois, nous ne pûmes le faire car un mur de flammes nous entoura, nous forçant à reculer encore et encore et nous éloigner les uns des autres. J’étais désormais presque au bout de la rue tandis que trois baraques enflammées me séparaient de mes proches. J’allais devoir traverser ces trois tas de cendres et ce mur de flammes si je voulais passer.

Ne voyant que mon objectif, je plongeai dans ce mur ardent afin d’essayer de rejoindre Kentarô et Chitose qui m’attendaient tous les deux de l’autre côté. Sur leurs visages je pouvais lire de la surprise mais aussi de l’affolement devant ma décision si hâtive. Je leur hurlai que tout allait bien se passer, qu’ils devaient m’attendre et que j’allais leur porter secours, peu importe le prix à payer. Progressant dans les flammes, je les sentais brûler mes vêtements et ma peau, mais je ne devais pas faiblir, je ne pouvais pas faiblir. Ainsi, me rapprochant de plus en plus de mes enfants, j’étais incapable de poser mon regard sur autre chose, incapable d’analyser le moindre danger, incapable de mettre mes propres rêves avant les leurs, j’étais incapable de faire quoi que ce soit d’autre que de penser à leur survie…Ainsi, je passai les deux premières maisons sans encombre, ce qui me soulagea quelque peu.

Mais alors que j’aurais également dû lire le soulagement sur leurs visages tandis que je me rapprochais d’eux, je fus alerté par le changement inattendu de leurs visages qui virèrent au choc brutal d’un seul coup. Il me fallut quelques secondes pour comprendre que la baraque sous laquelle je me trouvais était en train de céder sous la pression du feu et que les débris allaient s’écrouler sur moi à l’instant. Ne pouvant rien faire d’autre, je fermai les yeux par réflexe, sachant que c’était la fin pour moi.

– ATTENTION !! Hurla une voix féminine provenant de derrière-moi tandis que quelque chose me projeta au sol. REI-CHAN !!! ATTENTION !!!

Je fus projeté au sol par quelque chose qui me percuta de plein fouet et me plaqua face contre terre. Voulant éviter au maximum les flammes je me retournai pour me relever rapidement, mais à ma grande surprise, c’était Erika qui s’était jetée sur moi. Me dégageant rapidement de son emprise qui n’opposa pas vraiment de résistance, je pus voir qu’elle s’était prise les débris brulants dans son dos. Les flammes avaient consumé les vêtements sur lesquels ils étaient tombés, consumant également la peau de mon amie qui, me regardant, se mordit les lèvres en affichant un sourire forcé afin de masquer sa douleur. Elle me lança un regard bienveillant déformé par la douleur avant de s’écrouler devant moi.

Pris au piège par les flammes qui se resserraient de plus en plus autour de nous, je commençai à paniquer. Je secouai Erika, encore et encore, pour qu’elle reprenne connaissance, mais elle ne bougeait pas. Elle ne réagissait pas le moins du monde, que ce soit à mes secousses, à mes claques, impossible pour elle de donner le moindre signe de vie. Les battements de mon cœur s’accélérèrent jusqu’à rater plusieurs battements. Ma famille m’attendait toujours de l’autre côté, mais cette fois, Erika était peut-être dans un état critique…Peut-être même…Non…Je ne pouvais pas m’y résoudre. Je ne pouvais pas laisser Erika disparaître de la sorte. Il fallait que je réfléchisse, que je réfléchisse à une solution pour mettre en sécurité toutes les personnes qui m’étaient chères…Mais rien ne me venait en tête…Je pouvais reculer avec Erika sur mon dos…Mais pas continuer et sauver mes deux enfants tout en gardant Erika sur moi…Je ne pouvais pas être à deux endroits à la fois…Je ne pouvais rien faire…J’étais redevenu l’impui –

– Arrête donc de te morfondre. M’interrompit une voix grave m’étant familière qui résonna dans l’espace. Occupe-toi de ton amie, je vais m’occuper de ces enfants.

– Je ne peux pas les laisser dans les mains d’un inconnu ! Hurlai-je. Je refuse !!

– Je suis bien plus légitime que toi pour m’occuper de ce garçon. Me sermonna la voix. Je te fais la promesse d’en prendre soin, que ce soit en tant que grand-père ou en tant que juge…

Je compris alors à qui appartenait cette voix qui me proposait son aide. Je me retournai en portant Erika sur mes épaules, laissant les deux enfants qui étaient à ma charge disparaître dans une lueur translucide tandis que je faisais mon maximum pour ne pas laisser les flammes nous toucher, utilisant le pouvoir d’Ananta pour ralentir au maximum possible leurs effets sur moi. Laissant les larmes s’échapper, j’avais Erika sur les épaules, les enfants n’étaient plus avec moi, et Jessica était je ne savais où… Tout semblait vraiment aller pour le mal alors qu’une trentaine de minutes auparavant j’étais encore en train d’espérer…

Je réussis à sortir du torrent ardent une dizaine de minutes après la disparition des enfants. Je disposai Erika au sol, faisant pression sur elle pour essayer de la ramener à elle.

https://www.youtube.com/watch?v=fPmx52amRGE

Je refusais de la laisser partir, je ne pouvais pas la laisser m’échapper. Pas après tout ce que nous avions vécu ensemble. C’était impossible…Ainsi, je tentai de la ramener auprès de moi avec un massage cardiaque, appuyant inlassablement sur la poitrine de mon amie pour la ramener auprès de moi. Criant son nom encore et encore, hurlant avec toutes mes tripes ce que j’avais à l’intérieur, je ne pouvais pas me résoudre à la laisser partir. Le temps s’arrêta autour de nous tandis que notre ennemi semblait avoir disparu. Chaque seconde me paraissait des heures tandis que j’essayais de contenir ma douleur pour être efficace et la ramener à mes côtés.

– Erika !!! Erika !!! Erika !!! Hurlai-je inlassablement. Erika !!! Ne me laisse pas ici…Ne me laisse pas !!! J’ai besoin de toi !!!

Hurlant tout ce que j’avais sur le cœur, je sentais toutes mes émotions se bousculer, se traduisant par le déchainement de mes pouvoirs sur le corps de la femme devant laquelle j’étais agenouillé. Toute l’énergie que j’avais à l’intérieur sortit de mon corps pour s’abattre dans une violence sans précédent sur l’enveloppe charnelle d’Erika sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. Je mettais toute mon énergie sans même m’en rendre compte, hurlant sans interruption toute la panique, toute la rage, toute la tristesse que m’aurait causé le départ d’Erika…Mais cela ne lui tira même pas un soupir…

Je m’écroulai au sol. A quoi me servaient ces pouvoirs qui ne pouvaient même pas sauver quelqu’un qui comptait pour moi ? A quoi me servait cette malédiction donnée par Zetsubô si je ne pouvais même pas m’en servir pour protéger ce que j’aimais ? A quoi bon avoir vécu ces vingt années, à avoir remonté le temps, à avoir affronté des tas et des tas d’ennemis, repoussant mes limites à chaque obstacle…Si c’était pour voir Erika disparaître sous mes yeux… ?

Moi qui avait à mes côtés la princesse de l’espoir compris alors le vide qu’il laissait lorsqu’il partait. Je me sentais perdre petit à petit le contrôle de mes émotions. Je ne voulais pas voir ce corps sans vie, je voulais qu’elle se lève, qu’elle recommence à me bombarder de « Rei-chan » de sa voix aigue et agaçante. Je voulais qu’elle me sourit sincèrement comme elle le faisait toujours, je voulais qu’elle soit présente et sentir sa chaleur dans mon dos, je voulais qu’elle plonge son regard dans le mien et qu’elle perce cette coquille dans laquelle je me cachais en permanence, je voulais qu’elle me rassure en me disant que j’étais digne d’être à côté d’elle, je voulais qu’elle me complimente en me disant que j’étais devenu plus fort, je voulais qu’elle rougisse en repensant à tous ces instant que nous avions vécu ensemble…Je voulais la voir vivre…Par-dessus-tout…La voir ouvrir ses yeux…Mais ce privilège ne m’était pas donné…

Le désespoir prenait le dessus sur moi. J’allais finir comme un de ces pantins manipulés par Zetsubô. Sans âme, sans conscience, suivant uniquement les ordres d’une conviction contre laquelle Erika s’était ardemment battue jusqu’au bout…Je me sentais partir, sans cette lumière pour guider, pour me ramener à moi, je n’étais plus capable de tenir face à la pression du malheur…

Je ne pouvais pas devenir un tel être, pas après avoir été sauvé par Erika…Elle n’aurait pas voulu me voir sombrer de la sorte…Je pris alors une décision irréversible…Utilisant le peu d’énergie qu’il restait en moi, je modelai une épée d’énergie assez imposante que j’élevai de plus en plus au-dessus de nous. Le corps et le cœur lourds, je me couchai sur le corps d’Erika qui avait gardé cette paisible expression malgré l’évènement tragique qu’elle avait créé. Fermant les yeux, je positionnai l’épée que j’avais créée quelques mètres au-dessus de nos corps. Je n’allais pas devenir un être de désespoir, c’était un ultime acte d’espoir que je montrais à Erika, un espoir pour lequel nous nous sommes battus tous les deux.

– Je suis désolé…Jessica, Laila, Hiroki…Tout le monde…Je suis désolé…Dis-je comme pour me rassurer moi-même.

Ces mots prononcés, je relâchai l’emprise que j’avais sur l’objet qui retomba net sur le sol, en emportant avec lui les chimères et les désillusions créées par Zetsubô…


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [19/05/2017] à 10:56

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