https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4Je verrouillai la porte de ma chambre à clé et mis un gros carton devant au cas où il prendrait à Daichi la mauvaise idée de rentrer de force puis je fermai les rideaux, ne laissant que la lampe du plafond éclairer la petite pièce qui était un peu trop peuplée à mon gout…
Nous étions assis en cercle par terre, Fuyuku, Hoshino et moi tandis que Ryuga, mon nouveau familier, examinait l’endroit avec intérêt.
« C’est donc ici que tu vis à présent, Hinata ? Dit-il en regardant avec intérêt les quelques livres qui trainaient sur mon bureau. Tu aimes décidemment les dortoirs.
-Je n’ai pas vraiment choisi ; rétorquai-je, agacé par lui pour une raison qui m’échappait. Mais assez parlé, tu me dois quelques explications il me semble.
-Et que voudrais-tu savoir exactement ? Il n’y a rien que je sache que tu ne saches pas également mon vieil ami ; me répondit-il, toujours aussi nonchalamment.
-Justement, j’ai besoin de savoir qui je suis. »
Le familier fit une pause et pencha légèrement la tête sur le côté, surpris, avant de se reprendre.
« Je ne peux pas te dire ce que tu es actuellement mais je peux te dire qui tu as été par le passé.
-Alors Hinata a bien été humain avant ? S’étonna Hoshino.
-C’est fort probable oui. Et en parlant de ça, je dois avouer que j’ai été choqué en te retrouvant en tant que familier.
-Vraiment ? Et qu’y a-t-il de si choquant si tu en es un toi-même ? Le questionnai-je, sceptique.
-Tu ne te souviens vraiment de rien ?
-Non, absolument rien…Avouai-je en baissant les yeux. Même si parfois j’ai quelques flashs de mon passé, tout reste très sombre…
-Je vois, je ne peux rien faire dans ce cas ; soupira Ryuga en haussant les épaules.
-Attends, comment ça tu ne peux rien faire ? S’exclama Fuyuku en se levant d’un bond. Je croyais que tu savais des choses !
-Et c’est la vérité, Hinata et moi avons été liés par le passé après tout. »
Les regards des deux filles se tournèrent vers moi et je ne pus dire laquelle de Fuyuku ou Hoshino était la plus choquée mais je me sentis soudain très mal à l’aise.
« Ce qui veut dire que…Hinata…Tu étais le maitre du plus puissant des familiers ? Murmura la rouquine, livide.
-Sûrement…mais je n’en ai aucun souvenir…
-Pourtant, c’est une conclusion à laquelle nous aurions dû arriver beaucoup plus tôt ; reprit Hoshino d’une petite voix. Contracter avec un familier de ce niveau sans expérience aurait dû être impossible en théorie, à moins qu’Hinata soit un prodige ou qu’il ait déjà un lien avec son familier.
-Mais…Mais c’est impossible ! Répliqua mon amie, les yeux ronds. Le maitre du plus puissant des familiers a été tué il y a cinq ans et… »
Elle s’arrêta net et tomba à la renverse sur mon lit, le regard complètement vide et les mains tremblantes et Ryuga reprit la parole, toujours aussi calme.
« Ce qui explique donc qu’un familier puisse en contrôler un autre.
-Attendez, je ne comprends plus rien moi ! Est-ce que vous pouvez redire ça dans un langage compréhensible ! Râlai-je, totalement perdu. »
Hoshino me prit par l’épaule et me lança un regard empli de compassion et de tristesse.
« Hinata…Je sais que ce que je vais te dire va te choquer mais…Tu es mort…
-Q…Quoi ? »
Ma seule réaction fut de la regarder comme si elle était devenue folle mais à en juger par l’expression de Ryuga et le teint de Fuyuku, je compris rapidement qu’elle ne blaguait pas et ce fut à mon tour de m’asseoir sur mon lit, ne sachant même plus quoi répondre à cela.
« Je suis désolée de te dire ça mais tu n’as pas été créé par des humains comme tu le pensais. Tu as été ressuscité ; continua la blonde, gardant son air désolé.
-Je…Mais…Le professeur m’a pourtant affirmé qu’il m’avait créé…Tu es en train de me dire qu’ils n’ont fait que jouer avec mon corps défunt…Hoshino ?
-Je ne peux rien affirmer pour le moment, surtout en prenant en compte ta nature de familier libre…Me répondit-elle en secouant la tête. »
Alors comme ça…J’avais été humain…et qui plus est, invocateur avant d’être tué et ressuscité en tant que familier libre…Ridicule ! Tout cela était ridicule ! Pourquoi le professeur m’aurait-il caché une telle information si tout cela était vrai ? Quel intérêt avait-il à me ressusciter puis me laisser partir dans la nature sans même me dire la vérité ? Je ne pouvais pas croire de telles bêtises !
Et pourtant…Au fond de moi, je savais que c’était la vérité…C’était la seule explication à ces bribes de souvenirs qui venaient me hanter…
« Dis…Ryuga…Si tout est vrai…Pourquoi ai-je été tué ? Murmurai-je sans oser relever la tête.
-Cinq ans…C’était il y a cinq ans…Marmonna Fuyuku. Je m’en souviens…
-Oui, moi aussi je m’en souviens ; lui répondit Hoshino en fermant les yeux.
-Que…S’est-il passé il y a cinq ans ?
-Savior et ESP se sont livré bataille en face à face pour la première fois depuis plus de cent ans et c’est là que tu as été tué, Hinata ; me répondit Ryuga en croisant les bras sur son torse.
-J’ai…participé à une guerre ? Moi ? Couinai-je, soudain terrifié.
-Te raconter tout ça par bribe ne sert à rien mais je ne suis pas le mieux placé pour te révéler toute l’histoire.
-Dans ce cas…Qui le peut ? Y a-t-il quelqu’un d’autre sur cette terre qui m’ait un jour connu ? Qui pourrait me dire qui je suis vraiment ?
-Ta sœur, Hikaru…Saori.
-Saori ? S’étrangla Fuyuku. Tu veux parler de celle qui est considérée comme l’une des plus puissantes Espers de la fondation ? »
Ryuga ne répondit rien à la rouquine et se tourna vers moi, ses yeux rouges de familier me fixant sévèrement alors que j’étais encore recroquevillé sur moi-même.
« Hinata, je sais que nous venons à peine de nous retrouver et que j’ai des dizaines de choses à te dire mais je vais devoir m’absenter si tu veux retrouver la mémoire.
-Fais comme bon te semble… »
Ryuga se contenta de s’incliner devant moi avant de disparaitre dans une trainée d’étoiles scintillantes, ne laissant que Fuyuku, Hoshino et moi dans la chambre, ainsi qu’un immense malaise planant au-dessus de nous.
https://www.youtube.com/watch?v=4TTzGc6rCa0
Je n’arrivai toujours pas à l’accepter…Ce n’était même pas le fait d’être mort une fois qui me dérangeait le plus, c’était que le professeur m’avait menti sur ce point…M’avait-il alors aussi menti sur ma nature ? N’étais-je en fait pas libre ? Que sa marionnette ? Qu’une expérience ?
Je me pris la tête dans les mains en pensant à cela et je me recroquevillai encore plus sur moi-même, me mettant à trembler de tous les muscles de mon corps. Fuyuku avait raison…elle ne pouvait pas me faire confiance…Peut-être agissais-je même contre les deux filles sans même le savoir…
Je ne pouvais pas…rester ici plus longtemps…
« Hoshino…Fuyuku…Je suis désolé mais je… »
Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que je reçus une puissante gifle qui me fit tomber à la renverse et je me cognai la tête contre le mur de la chambre avant même de réaliser ce qu’il m’arrivait.
« Oh non le monstre, tu ne vas pas commencer avec ça ! S’exclama Fuyuku en gonflant les joues.
-Mais je n’ai encore rien…
– « Désolé mais je dois m’en aller », c’est ce que tu allais dire, n’est-ce pas ? Ne sois pas ridicule, déjà où irais-tu et ensuite pourquoi ?
-Qui sait si je suis vraiment libre ? Je suis peut-être contrôlé par quelqu’un et je pourrais vous tuer à n’importe quel moment alors il vaut mieux…
-Il vaut mieux que tu restes avec nous ; me coupa Hoshino en serrant le col de son tee-shirt.
-Mais tu n’as pas entendu ce que je viens de dire ? Je… »
Fuyuku m’interrompit une nouvelle fois, cette fois-ci en dégainant son épée et en la pointant juste sous mon menton et en me dévisageant d’un regard assassin.
« Justement, j’ai dit que j’allais garder un œil sur toi pour m’assurer que tu ne me racontes pas de sornettes alors ne t’avises pas de me fausser compagnie ou je te tranche la gorge sur le champ, tu m’as bien entendue ? Je ne t’ai pas épargné pour entendre des bêtises pareilles !
-Et puis, quand bien même tu serais contrôlé par quelqu’un, pour l’instant, tu agissais de toi-même, n’est-ce pas ? Je ne crains pas les familiers, j’ai toujours vécu avec eux et je sais que beaucoup possèdent leur propre volonté, comme Amaterasu ou comme toi ; ajouta Hoshino en me souriant.
-Mais ça ne vous dérangerait pas, vous, de penser connaitre quelqu’un pour apprendre que ce n’était pas la personne que vous croyiez ? M’étonnai-je.
-ça ne serait pas la première fois, ni la dernière ; lança Fuyuku en haussant les épaules. Si je me mettais à raisonner de la sorte, je ne ferais plus confiance à personne.
-D’ailleurs, s’il s’avérait un jour que tu n’agissais pas par toi-même, alors ton maitre serait une personne bien attentionnée ; continua la blonde en me prenant la main. Après tout, tu m’as sauvée dans la forêt contre les Lindorms et sur la plage contre les chiens alors, libre ou non, je te dois une fière chandelle.
-En tout cas, je pense que tu es bel et bien libre moi. Aucun maitre ne serait assez stupide pour t’ordonner d’agir comme tu l’as fait jusqu’ici ; railla mon amie.
-Et qu’est-ce que tu entends pas là exactement ? Lui demandai-je, vexé.
-Tout et rien à la fois ; me répondit-elle avec un sourire malicieux.
-Il ne me semble pas avoir fait d’erreurs flagrante jusqu’ici ! Rétorquai-je en me relevant pour lui faire face. »
Hoshino éclata de rire face à notre dispute tandis que Fuyuku, au lieu de se mettre en colère et de me frapper comme elle le faisait si souvent, m’adressa un léger sourire de soulagement.
« Tu vois, seul quelqu’un totalement libre de ses mouvements tomberait aussi facilement dans un piège aussi gros.
-Peut-être que tu as raison…Oui…Grognai-je, mécontent de m’être fait avoir de la sorte. Mais il n’empêche que je ne suis pas celui que je croyais être.
-Et alors ? Tu n’es pas un simple familier mais un ancien invocateur tué au combat puis revenu à la vie en tant que familier libre, pourquoi te plains-tu ? Si ça avait été l’inverse, j’aurais compati mais je ne suis pas sûre que tu te rendes compte de ce que cela implique.
-Pas vraiment non…
-Dans ce cas, je vais te le dire simplement : tu as le pouvoir de contrôler les familiers, Hinata, tu es leur roi. »
Normalement, j’aurais éclaté de rire en entendant quelque chose d’aussi gros, surtout dans la bouche de Fuyuku, mais mes souvenirs du premiers combat contre les chiens me revinrent en mémoire : il m’avait suffi de leur donner un ordre pour qu’ils déguerpissent sans demander leur reste…Mais ce n’était pas tout, lors de notre deuxième rencontre, une voix dans ma tête m’avait dit que je ne pouvais pas les contrôler…Etait-ce vrai alors ? Mon pouvoir en tant que familier n’était donc pas de la force…mais celui d’en contrôler d’autre ? Mais dans ce cas, quelle était cette énergie qui coulait dans mes veines à chaque fois que je me battais ? Dans tous les cas, il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.
« Hoshino, est-ce que tu peux invoquer Amaterasu une nouvelle fois ? Lui demandai-je en me levant.
-Si tu veux tenter de la contrôler, c’est inutile, Hinata ; me répondit la blonde avec un large sourire.
-Ah oui ? Et pourquoi ? M’étonnai-je. Je croyais que je pouvais contrôler les familiers !
-Oui, tu peux les contrôler, mais dans le cas d’Amaterasu, ce n’est même pas la peine d’essayer, le lien qui m’unit à elle est beaucoup trop fort.
-Dans ce cas, je ne comprends pas : comment savoir quels familiers je peux contrôler ou non ?
-ça, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, le monstre : de partir à la chasse !
-Je savais que tu allais dire un truc du genre…Soupirai-je, déjà fatigué.
-Tu as une meilleure option peut-être en attendant le retour de ton familier qui est parti je ne sais où ? Rétorqua la rouquine en me foudroyant du regard.
-Non…Pas vraiment…Admis-je, vaincu. »
https://www.youtube.com/watch?v=7Hcq71AJQns
Fuyuku m’adressa un petit sourire malicieux avant de se lever et de sortir de la pièce, non sans nous avoir donné rendez-vous dès le lendemain pour une réunion de club. Hoshino ne tarda pas non plus et, après s’être assuré que je n’avais aucune blessure, parti à son tour, me laissant seul dans ma chambre.
Enfin, je me demandai encore s’il s’agissait vraiment de ma chambre ou d’une salle de réunion secondaire étant donné le nombre de fois que les filles venaient s’incruster. J’avais l’impression de ne pas avoir eu de moment de tranquillité depuis une éternité…
Soudain, je me souvins que je n’étais pas seul en temps normal dans ma chambre et je sautai du lit avant de me rasseoir aussitôt. Daichi était certainement encore de corvée repas ce soir-là. Je n’avais aucune raison de m’inquiéter pour lui.
Profitant du calme relatif, je m’allongeai et me mis à repenser aux derniers événements. Si je devais récapituler ce qu’il s’était passé en à peine quarante-huit heure, nous nous étions rendus dans un orphelinat abandonné où apparemment, j’avais des souvenirs ; nous nous étions faits attaqués ; un familier surpuissant avait fait son apparition avant de nous révéler ma vraie nature et voilà que maintenant il était parti et je devais confirmer que j’étais bien capable de contrôler les familiers…et encore, je passais les détails comme la légende ou les rivalités entre Savior et Esp…
Je me pris la tête dans les mains, commençant à avoir un sérieux mal de crâne. Pourquoi tout devait-être aussi compliqué ! Le professeur n’aurait-il pas pu m’expliquer cela avant de me lâcher dans la nature et de disparaitre ?
Enfin…s’énerver et essayer de comprendre toute la situation était certainement inutile et tout allait s’éclairer en temps voulu…enfin, je l’espérais parce que je ne comptais pas en rester là.
La soirée fut assez courte. Je retrouvai effectivement Daichi derrière les fourneaux au diner puis je ne perdis pas de temps et allais me coucher tôt, sentant qu’une longue et dure journée m’attendait le lendemain…
Je ne m’étais pas trompé car, à peine avais-je mis un pied à l’intérieur de l’école que Fuyuku me tomba dessus comme chaque jour avec son éternel journal du jour, l’air fière d’elle.
« Le monstre, je crois qu’on va avoir du boulot dans les prochains jours ! S’exclama-t-elle en me mettant le journal sous le nez.
-Tu pourrais au moins me saluer ; grognai-je de mauvaise humeur.
-On verra plus tard pour ça, regarde plutôt le gros titre du journal : C’est le retour du lézard volant !
-Encore lui ? Je te rappelle qu’on a échoué lamentablement la dernière fois…Grommelai-je en repoussant son bout de papier.
-Sauf que cette fois-ci, j’ai un vrai plan ; rétorqua-t-elle, l’œil brillant. Je vous en parlerais tout à l’heure, il y a trop d’oreilles indiscrètes ici.
-Evidemment, si tu te places en plein milieu du hall d’entrée…Soupirai-je. »
https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4
Comme promis, le soir après les cours, Fuyuku me traina de force dans la salle du club, et Daichi nous suivit comme à son habitude sans même savoir de quoi nous parlions. Hoshino quant à elle arriva un peu plus tard et la rouquine sortit à nouveau son rétroprojecteur et ses diapositives qui me firent bailler rien qu’en les voyant.
Cette fois-ci, une image du lézard volant s’afficha à l’écran, ainsi que plusieurs mots que je ne lus même pas, sachant très bien que de toute façon, ce briefing était totalement inutile.
« Bien, les journaux affirment avoir vu ce monstre dans les environs avec même des photos à l’appui ; commença-t-elle d’un air solennel qui ne lui allait pas du tout. Cependant, je suis certaine qu’il s’agit de montages et je compte bien le prouver !
-Pourtant, toutes ses photos m’ont l’air bien réelles ; fit remarquer Daichi qui, évidemment, ne savait pas de quoi il parlait. »
Je soupirai. Cet idiot venait de rallonger de cinq minutes un briefing qui n’aurait déjà dû pas en durer plus de deux. Parfois, je me demandai si je n’aurais pas mieux fait d’écouter Fuyuku et de le laisser sur le côté…
« Peut-être qu’elles sont réelles oui, et ça serait tant mieux pour nous mais je préfère rester méfiante. Après tout, les cryptozoologues sont souvent des imposteurs.
-Les crypto…Quoi ? S’interroge Hoshino en penchant la tête sur le côté, l’air perdue.
-Les cryptozoologues, ceux qui comme nous, chassent les créatures étranges et paranormales ; expliqua la rouquine, fière d’avoir pu placer ce mot compliqué pour désigner une chose simple. Bref, il faut qu’on vérifie cette information par nous-même et pour cela, j’ai élaboré un plan ! Nous allons nous séparer cette fois-ci : Daichi, tu iras vérifier du côté du nord de la ville. Hinata, toi tu iras au sud, Hoshino à l’est et moi à l’ouest. Nous devrions couvrir un maximum de terrain comme ça et si une créature de cette taille se cache, nous la trouverons à coup sûr ! »
Tout en disant cela, je vis Fuyuku me lancer un petit regard, ainsi qu’à Hoshino, qui nous disait déjà que nous n’allions pas nous en tenir à ce plan.
« Et quand est-ce que tu comptes faire ça ? Lui demandai-je.
-Ce week-end évidemment ! »
Je grimaçai. Cela ne laissait pas beaucoup de jours de repos…mais en un sens je n’étais pas mécontent. Je n’allais pas avoir à trop attendre pour découvrir mes pouvoirs ainsi.
La réunion se termina là et nous nous séparâmes…enfin, nous fîmes semblant car, une fois Daichi suffisamment loin, nous retournâmes à l’intérieur et nous prîmes soin de verrouiller toutes les portes et de fermer tous les rideaux pour être certain que personne ne nous découvre.
« Bon et maintenant, quel est le véritable plan, Yuki ?
-C’est très simple, nous allons faire une grande sortie camping tous les trois à la montagne !
-Oh, super, j’adore le camping ! S’enjailla Hoshino en tapant des mains comme une petite fille.
-Et…Tu peux nous expliquer pourquoi ? La questionnai-je, sceptique.
-Tu as bien vu comme moi que ce familier s’est dirigé vers les montagnes. Je pense qu’il se trame quelque chose là-bas d’assez gros…
-Et…Tu penses vraiment que nous sommes prêts ? Et si jamais il s’agissait d’un repaire d’invocateurs pire ; fis-je remarquer.
-Aucune chance ! Fais-moi confiance, aucun invocateur ne serait assez stupide pour établir son camp en montagne ! Affirma la rouquine, confiante.
-Et pour Daichi du coup ? Reprit Hoshino qui était visiblement la seule à se soucier de lui.
-Ah, ne t’inquiète pas, je l’ai envoyé dans un trou paumé où j’ai déjà vérifié qu’il n’y avait rien d’intéressant à part des champs ; lui répondit la rouquine sans une once de sympathie pour le pauvre garçon qui allait s’embêter seul pendant une journée entière. Mais si vous n’avez pas d’autre question, on se retrouve samedi devant le parc ! »
La réunion s’acheva sur ces joyeuses paroles. Malheureusement pour moi, je n’avais jamais fait de camping et encore moins en montagne. Je fus donc obligé de me documenter pendant les jours qui suivirent et d’acheter le matériel nécessaire avec le maigre argent de poche du professeur car il était hors de question que je m’abaisse à demander à Fuyuku, elle aurait été bien trop contente de me rabaisser…
Finalement, le week-end arriva plus vite que je ne l’aurais pensé avec tous ces préparatifs et je me levai dès l’aube pour rejoindre Fuyuku et Hoshino dans le parc.
https://www.youtube.com/watch?v=J5cgX1Pxx-U
L’air était frais en cette matinée et la rosée perlait encore sur les plantes et les feuilles des arbres, leur donnant un arome assez singulier que je n’avais pas eu l’occasion de sentir souvent jusqu’à maintenant mais qui était loin d’être désagréable.
Le soleil n’était pas encore tout à fait levé et projetait ses rayons orangés sur le parc, presque à l’horizontal, créant des ombres gigantesques et modifiant les couleurs du parc en lui donnant un aspect flamboyant que je ne lui connaissais pas.
Il n’y avait pas encore grand monde à cette heure et tant mieux parce que nous n’avions vraiment pas l’air malin avec nos sacs à dos aussi gros que nous et nos divers accessoires tous plus ridicules les uns que les autres, tels que des casseroles, des tapis de sols et d’énormes bouteilles d’eau.
Mis à part cela, Fuyuku avait revêtu un pantalon marron assez large, ainsi qu’une veste kaki et de grosses chaussures tandis qu’Hoshino avait opté pour une tenue plus légère avec une simple jupe noire, des bottes et un t-shirt beige. Je me sentis tout à coup idiot de m’être habillé comme tous les jours mais je gardais ma dignité et m’avançai vers elles comme si de rien n’était.
« Salut les filles ! Lançai-je joyeusement.
-Hello Hinata ; me répondit Hoshino avec un large sourire. Prêt pour camper ? On va bien s’amuser, j’ai tout prévu pour que ça soit parfait !
-On ne part pas vraiment camper mais chasser un monstre répugnant je te rappelle ; rétorqua Fuyuku qui n’était visiblement pas du matin à en juger par ses cernes immenses. Bon sang, quelle idée de donner rendez-vous à l’aube…
-Et sinon, nous te suivons, c’est ton expédition après tout ; reprit-je, voyant que la ville commençait à s’éveiller.
-Oui, oui…allons-y…Soupira-t-elle en prenant la tête. »
Nous nous rendîmes aux montagnes les plus proches en bus, ce qui n’était pas exactement le genre de moyen de transport que j’aurais imaginé pour une Esper comme Fuyuku mais au moins nous arrivâmes en moins d’une heure au pied du mont Hiuchi qui, vu d’aussi près, était vraiment magnifique, perdu dans la brume du matin.
Notre aventure commença là…même si nous nous contentâmes de suivre le sentier balisé traversant une petite forêt, elle-même longeant un cours d’eau tranquille. Le trajet était vraiment magnifique en cette fraiche matinée. Le vent était frais mais pas désagréable, le soleil désormais complètement levé réchauffait l’atmosphère sans nous aveugler et les oiseaux se réveillaient en chantant. Avec tout cela, j’en finis presque par oublier quel était notre objectif et je m’abandonnai totalement à profiter de cette sortie.
Sur le chemin, je discutai beaucoup avec Hoshino qui m’apprit beaucoup de choses utiles sur le camping même si, étrangement, j’avais l’impression de savoir déjà comment faire la plupart de ses astuces. Certainement encore en rapport avec ma vie passé, pensais-je.
Fuyuku, quant à elle, était étonnement silencieuse pour une fois. Elle ne me fit même aucune remarque sur la vitesse à laquelle nous allions qui n’était franchement pas rapide puisque Hoshino s’arrêtait dès qu’elle voyait un animal ou une plante hors du commun. Cependant, je n’osais pas lui demander ce qui clochait, de peur de me prendre une avalanche de reproches sans queue ni tête.
Nous marchâmes ainsi deux bonnes heures avant de prendre une pause au bord de la petite rivière, sur une sorte de plateau où la vue était assez dégagée sur les environs. Mon premier réflexe fut de chercher la ville et je ne mis pas très longtemps à la trouver. Je fus néanmoins surpris par la distance qui nous séparait d’elle. Vus depuis la forêt, les monts paraissaient tout proches mais vue d’ici, la ville n’était qu’un minuscule point perdu entre l’océan et la marée d’arbres.
« Ah, les marches en montagne, il n’y a rien de tel pour changer d’air ! S’exclama Hoshino en inspirant un grand coup.
-Je vous rappelle qu’on est ici pour détruire un monstre ; grogna Fuyuku.
-Tu ne me sembles pas vraiment de bonne humeur ; fis-je enfin remarquer. Pourtant tu avais l’air enthousiaste il y a encore quelques jours.
-Non, je suis de très bonne humeur, ça ne se voit pas ?! Allez, finis la pause, il est temps de repartir ou ce familier va nous filer entre les doigts. »
Sans ajouter un mot, la rouquine remit son sac sur le dos et partit sans même nous attendre. Nous nous regardâmes avec Hoshino, surpris par tant d’agressivité mais nous ne cherchâmes pas à en savoir davantage et nous reprîmes nous aussi notre chemin à travers la forêt.
La deuxième partie de l’excursion fut légèrement plus compliquée car nous nous éloignâmes un peu des sentiers battus qui, selon Fuyuku, étaient bien trop fréquentés pendant la journée et nous continuâmes notre chemin à travers les rochers et la végétation dense, ce qui n’avait pas l’air de ravir Hoshino qui n’était pas du tout habillée pour cela.
Vers midi, nous prîmes une seconde pause pour le déjeuner, cette fois-ci, assis sur des arbres morts mais l’humeur de notre organisatrice ne s’était toujours pas améliorée. Je commençais sérieusement à me demander s’il n’y avait pas un problème dont elle préférait ne pas nous parler pour une raison obscure…
« Nous en avons encore pour deux heures de marche je pense ; déclara-t-elle en regardant vers le sommet. Une fois en haut, nous installerons notre campement et il n’y aura plus qu’à attendre que ce monstre se pointe.
-Et…Comment peux-tu être certaine que nous allons le voir ? Lui demanda Hoshino, sceptique.
-Juste une intuition…Répondit Fuyuku évasivement. »
Je fronçai les sourcils. Décidemment, quelque chose n’allait pas avec mon amie et je comptais bien découvrir le problème. Certes, je n’appréciais pas spécialement quand elle passait son temps à me dénigrer mais la voir ainsi était vraiment trop étrange pour moi.
Nous levâmes le camp une demi-heure plus tard pour continuer notre ascension et, plus nous montions, plus je sentais que quelque chose n’allait pas ici. Peu à peu, les bruits de la forêt tels que les chants des oiseaux ou même le vent bruissant dans les feuilles des arbres, disparaissaient pour ne faire place qu’à un silence pesant. Même les insectes se raréfiaient, y compris les moustiques si agaçants…
Au bout d’un moment, le bruit de nos pas et nos respirations devinrent les seuls sons que nous pouvions entendre tant la forêt était calme. Je ne savais pas si c’était un phénomène naturel lorsqu’on gravissait les montagnes mais l’expression d’Hoshino me disait le contraire…
Je décidai de lancer quelque chose, histoire de détendre l’atmosphère qui commençait à vraiment devenir pesante.
« Dites, Hoshino, Fuyuku, vous savez à quoi ressemble le sommet ?
-Non mais j’ai entendu dire qu’il était vraiment beau. Il parait qu’il y a même un lac mais il est assez difficile d’accès donc peu de gens s’y aventurent ; me répondit la blonde tout en râlant contre une branche qui s’était encore accrochée à sa jupe.
-Ouai, c’est ce qu’il parait ; enchaina Fuyuku sans conviction.
-Tu sais ce qu’elle a ? Murmurai-je suffisamment bas pour que notre meneuse ne nous entende pas.
-Si seulement. Elle était encore de très bonne humeur hier, non ?
-De bonne humeur, c’est relatif mais oui, elle était normale en tout cas…
-Va savoir, peut-être qu’elle ne s’est pas levée du bon pied qui sait ; hasarda-t-elle en haussant les épaules. »
Cette explication ne me convainquait pas du tout mais je voyais qu’Hoshino n’avait pas plus de réponse que moi et je laissai tomber pour le moment.
Finalement, notre ascension prit beaucoup plus de temps que prévu entre les détours à cause des broussailles ou des taillis trop épais et des nombreuses pauses faites à cause de la fatigue, si bien que nous n’arrivâmes au sommet qu’une fois la nuit presque tombée.
Même si la visibilité était réduite, je pouvais néanmoins affirmer que nous nous trouvions sur un grand plateau recouvert d’herbe et entouré de sommets bien plus hauts, dont certains étaient même enneigés.
« Bon, installons-nous ici, ça ne sert à rien de continuer alors qu’on y voit rien, on risquerait même de tomber dans le lac sans même s’en apercevoir ; déclara Fuyuku en posant ses affaires. »
Nous n’eûmes aucune objection et nous nous attelâmes à monter la tente, récolter du bois pour le feu de camp et sortir tous les ustensiles qui allaient nous être utiles.
Cependant, monter une tente dans le noir n’était pas la chose la plus simple à faire et, après trois coups de marteau sur mes doigts en voulant enfoncer les piquets, je décidai d’abandonner et de dormir simplement à la belle étoile et personne ne fut contre cette idée.
Le diner fut assez sommaire, de simples saucisses au feu de bois et du riz, le tout cuisiné par Hoshino qui s’avéra presque aussi douée que Daichi. Une fois le repas terminé, alors que je pensais que nous allions simplement nous coucher, Hoshino me retint près du feu et afficha un sourire malicieux.
https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8
« Bien, maintenant c’est l’heure de la traditionnelle histoire de fantômes ; déclara-t-elle.
-Vous n’avez pas passé l’âge pour vous faire peur avec ce genre de truc ? Rétorquai-je, exténué après notre marche de la journée.
-C’est la tradition, Hinata, tu n’as pas le choix ! »
Vaincu et surtout trop fatigué pour protester, je me rassis à côté de Fuyuku qui n’avait presque pas dit un seul mot depuis le début du diner et Hoshino se râcla la gorge avant de commencer d’une voix lente et se voulant mystérieuse.
« Ce que je vais vous raconter ici est une histoire totalement vraie. C’est celle de la poupée Robert, une poupée hantée. Un jour, un peintre nommé Robert Eugène Otto reçut une poupée de la part d’un des serviteurs et prêtre vaudou de sa famille qu’il prénomma de son propre nom. Au début, tout allait bien, il jouait avec elle, inventait des histoires où il la faisait parler mais un beau jour, les parents d’Eugène entendirent un vacarme assourdissant provenant de sa chambre et, lorsqu’ils arrivèrent, ils le virent recroquevillé dans un coin, tous les meubles saccagés et la poupée seule au milieu du désastre. Voyant cela, les parents décidèrent d’enfermer la poupée au grenier mais les voisins affirmèrent alors l’avoir vue bouger seule et…
-Ce serviteur devait être un bien piètre invocateur ; la coupa Fuyuku sans prêter vraiment attention à l’histoire. Après tout, le vaudou n’est qu’une dérive plus ou moins fidèle de la création de familiers.
-Hein quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ? M’étonnai-je.
-ça fait bien longtemps que je ne crois plus aux histoires de fantômes. La plupart sont bel et bien vraies mais ce ne sont ni des fantômes, ni des esprits, simplement des familiers, très faibles pour la plupart.
-Je ne suis pas d’accord Yuki ! Rétorqua Hoshino, frustrée d’avoir été interrompue dans son histoire. Peut-être que Robert est bel et bien un familier mais comment expliques-tu le diamant Hope par exemple ? On ne peut pas créer de familier autour d’un objet pareil !
-Ah ça…Pour le coup, c’est de la superstition, rien de plus, mais moi j’ai une histoire vraiment flippante ; lui répondit-elle avec un léger sourire au coin de la bouche qui me rassura un peu, me montrant qu’elle était simplement ailleurs pendant la journée et que rien de grave ne se passait.
-Vas-y, je t’écoute, essaie de nous faire peur ; la défia la blonde en croisant les bras sur sa poitrine.
-Laissez-moi donc vous raconter l’histoire d’Hanako-san.
-Eh, mais c’est nul ça, tout le monde la connait cette histoire et elle ne fait même pas peur ! Protesta la jeune fille, déçue.
-Donc tu vois que toi-même tu n’y crois pas ; s’amusa la rouquine. »
Pour toute réponse, Hoshino gonfla les joues et alla directement se coucher.
« Tu devrais y aller aussi, Hinata, il se fait tard et une longue journée nous attend demain.
-Tiens, tu ne me traites pas de monstre aujourd’hui ? m’étonnai-je.
-Je suis trop fatiguée pour ça ; se contenta-t-elle de répondre. »
Mon amie alla se coucher à son tour et, même si son comportement continuait à m’intriguer, j’étais moi aussi bien trop épuisé pour me poser des questions.
Cependant je fus réveillé assez rapidement par les moustiques et le froid dans mon sac de couchage. Décidemment, je n’étais pas habitué à la vie en plein air car Hoshino, elle, avait prévu sa moustiquaire et dormait profondément. Fuyuku, quant à elle…
Je m’étonnai soudain de voir que son sac de couchage était vide. Je pensais d’abord qu’elle était simplement allée faire un tour mais au bout de dix minutes, ne la voyant pas revenir, je commençai à sérieusement m’inquiéter et je partis à sa recherche…ce qui était stupide puisque je ne voyais pas à deux mètres devant moi…
Heureusement, je n’eus pas à chercher bien longtemps car je la trouvai assise sur un rocher non loin de là, recroquevillée sur elle-même. Je fis exprès de faire un peu de bruit en arrivant pour ne pas lui faire peur mais ma présence ne sembla même pas l’étonner.
« Désolée pour aujourd’hui, le monstre, je n’étais pas vraiment dans mon assiette ; déclara-t-elle d’une voix mélancolique.
-Ca je l’ai bien remarqué oui ; lui répondis-je en prenant place à côté d’elle. »
Je vis alors qu’elle tenait dans sa main le pendentif qu’elle utilisait toujours avant de se battre.
« Alors, qu’est-ce qui ne va pas ?
-Rien, je repensais simplement à ma dernière excursion ici ; soupira Fuyuku. Nous avions dû faire demi-tour à mi-chemin parce que je m’étais foulé la cheville. »
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La jeune fille émit un petit rire amusé en prononçant ses paroles mais, même si elle n’était pas très précise, j’avais très bien compris de quoi elle parlait.
« J’imagine que tu n’as jamais vu le sommet encore dans ce cas ; lui répondis-je sans oser la regarder.
-Non. J’avais même piqué une crise en demandant à mon père de me porter alors que j’avais douze ans…ce qu’il avait refusé catégoriquement, évidemment ; s’amusa la rouquine, se parlant plus à elle qu’à moi.
-C’était donc ça ton véritable but ?
-On va dire qu’il y avait de ça oui…Avoua-t-elle en baissant les yeux. Sincèrement, je ne sais pas si on va trouver ce familier ici…mais je voulais simplement trouver une excuse pour vous emmener ici…Je ne voulais pas y retourner seule…Mais désolée si je n’ai pas paru très agréable aujourd’hui, j’étais vraiment perdue dans mes souvenirs… »
Je ne trouvais rien à répondre à cela. Je n’avais aucun souvenir de ma vie d’humain et encore moins de mes parents si j’en avais eu. Mais étrangement, je pouvais comprendre ce que Fuyuku ressentait rien qu’à l’entendre. J’avais certainement vécu une situation similaire un jour…
Je levai les yeux au ciel et je fus étonné de constater à quel point le ciel était pur ici. Le maigre croissant de lune était à peine visible dans la mer d’étoiles qui planaient au-dessus de nos têtes. Finalement, je ne regrettai pas d’être venu ici. Rien que pour voir ce spectacle, le déplacement en valait la peine.
« Tu as de la chance…de pouvoir te souvenir d’autant de choses ; finis-je par lâcher dans un murmure. Les souvenirs, heureux ou douloureux, restent des souvenirs, des preuves de ta vie passée.
-Crois-moi le monstre, je peux t’assurer qu’il y a des choses qu’il vaut mieux oublier ; rétorqua-t-elle avec un léger sourire. Mais j’imagine que tu as raison, j’ai de la chance… »
Nous restâmes là pendant une bonne dizaine de minutes, sans rien nous dire, à simplement contempler les étoiles au-dessus de nous, dans l’infini silence de la nuit. Je ne pensais à rien. J’étais juste heureux d’être là, en compagnie de Fuyuku et Hoshino qui étaient peut-être agaçantes la plupart du temps mais qui restaient deux amies précieuses.
« Un jour, toi aussi tu retrouveras la mémoire ; déclara-t-elle soudain.
-Comment peux-tu l’affirmer avec autant de certitude ?
-Une intuition on va dire et au pire, on t’aidera ; me répondit mon amie avec un large sourire. »
Je rougis en la voyant. C’était la première fois qu’elle me souriait de la sorte, sans ironie ni arrière-pensée, simplement de l’espoir.
Sur ces mots, nous retournâmes dormir, l’aube étant encore loin mais je me pris à vouloir que cette sortie ne s’arrête jamais et que ces jours paisibles continuent éternellement, loin de ces histoires de Savior et de fondation, comme si nous n’étions que trois amis ordinaires, souhaitant simplement passer du temps ensemble…