5 – Nouveaux et disparus
Spoiler :
Fergus se dirigeait vers le dortoir Rouge, pour y retrouver Jinid, et profiter ensemble du repos du dimanche, probablement un des derniers beaux jours avant l'hiver, lorsqu'il fut percuté par un jeune homme avec une valise, surgi de nulle part. Il le jaugea du regard : un inconnu, il était assez petit, gringalet, blond, avec des yeux marrons, avec un écouteur dans une seule oreille, une paire de lunettes non cerclées, il portait un pull gris, rien qui n'indique l'appartenance à un dortoir. – Excuse-moi, déclara Fergus, je ne t'avais pas vu. D'ailleurs, je ne t'avais jamais vu. Tu es nouveau ?
– Pas grave, les gens ne me voient jamais, dit-il avec une pointe de lassitude dans la voix. Oui, je suis nouveau, je m'appelle Jam, à partir d'aujourd'hui je serai dans le dortoir Jaune. Mais je dois aller dans le bureau du doyen, tu sais ou c'est ?
– Dans le bâtiment central. Ah, mais tu ne connais pas l'île. Bon, je t'y emmène, si on court. Je n'ai pas envie d'être en retard.
– En retard où ? le questionna Jam. Mais Fergus était déjà parti. Il partit à sa poursuite, tant bien que mal. Ayase était en train de ranger le réfectoire du dortoir. Mauvaise idée, cette fête. Les petits avaient mis un bordel pas possible. De qui était-ce l'anniversaire, déjà ? Mais, bizarrement, l'air était empli de tristesse, et non de cette euphorie qui suit les soirées. Bizarre. En plus, il n'aurait sûrement pas de temps pour ses recherches aujourd'hui, ni pour une exploration. Le doyen lui avait demandé de repérer les lieux cachés ou dangereux de l'île, inquiété par les rumeurs qui circulaient à propos du passé de l'île Neuvie. Tout serait plus simple s'il parvenait à trouver la porte, et à repérer les trois élèves dangereux… Mais ce n'était pas la priorité, il fallait d'abord ranger tout ça. Quelle stupide idée, cette fê… Il vit passer un éclair rouge devant la fenêtre. Quelque chose ou quelqu'un venait de tomber du toit. Ayase se rua vers la sortie, saisi d'inquiétude. Il se remémora cette peine qu'il avait perçu, un peu plus tôt. Serait-ce un… il préférait ne pas y penser. Pourvu que son imagination l'ait trompé. Dorie entra dans la chambre de Mathys, inquiète. Personne ne l'avait vu depuis ce matin. C'était la première fois qu'elle entrait dans la chambre ; elle constata avec surprise que la teinte dominante était le gris, et non le noir. Le lit de Mathys était défait ; un cahier vert était posé sur le bureau. Son regard fut attiré par une petite table, dans un coin de la pièce, près d'une bibliothèque. Il y avait dessus la photo d'une jeune fille, de 13 ans tout au plus, assez jolie, et deux roses rouges étaient posées au pied de la photo. Les roses étaient fraîches et mouillées. Il faudrait qu'elle demande à Mathys tout ce que cela signifie. Sa petite amie hors de l'Académie ? Il n'en avait pas parlé. Elle ressortit, sans penser à regarder le cahier, et sans voir le dossier, posé sous la petite table. Akiro attendait, dans le pavillon du nord. Le bâtiment, où se regroupaient les élèves qui ne quittaient pas l'île pendant les vacances scolaires, était inoccupé le reste de l'année. Elle lui avait donné rendez-vous ici, ce qu'il avait trouvé assez absurde, vu qu'ils pouvaient se retrouver dans la chambre de l'un ou de l'autre, mais il ne pouvait ignorer la beauté du lieu. Cela faisait quelques temps que leur relation évoluait peu à peu ; la frontière entre les sentiments d'amitié qu'il éprouvait pour elle, et une naissance possible d'amour, ce flot de l'encre des poètes, ce flot de bonheur et de larmes, était de plus en plus ténue. Tout en lui tourbillonnait, il n'y voyait plus clair, mais bientôt, il aurait ses réponses.
Akiro fut tiré de sa réflexion par l'arrivée d'Aurore.
Aurore.
Celle qui était avec lui depuis le début, à ses côtés. Effacée, mais infiniment plus belle dans les brumes et les ombres, dans lesquelles elle se cachait si bien.
Quand elle arriva, quand il la vit, il sut, au plus profond de lui ; elle s'assit à ses côtés, et il voulut lui transmettre tout ce qu'il ressentait, tout ce qui l'emplissait. Il prit sa main, et, rougissant, commença à lui murmurer maladroitement : « Ça fait un moment… Aurore… en fait, je… »
Elle ne le laissa pas finir. Elle l'embrassa sans lui laisser le temps d'ajouter un mot. Sans plus d'hésitation, il lui rendit son baiser. Tout autour s'estompait ; ils étaient seuls au monde. Il n'y avait qu'eux. Plus rien n'avait d'importance. Même pas l'ombre qui rôdait, de l'autre côté du mur, de l'autre côté du miroir.
L'ombre regagna sa cachette. Fausse alerte, ce n'étaient aucun des deux qu'elle attendait… Des fleurs.
Deux gros bouquets de roses rouges.
Pourquoi ?
Pourquoi les avait-on jetés du toit ?
C'était la question que se posait Ayase. C'était probablement un élève de son dortoir qui avait fait ça, mais l'absence de raison apparente de cet acte tourmentait le professeur. Il caressa la pierre indigo, aux reflets irisés hypnotiques, qu'il portait en pendentif. Tout allait bien. Alors pourquoi s'inquiétait-il ? Pourquoi avait-il ce mauvais pressentiment ? Il se tourna vers le nord.
Il sentait une odeur de mort, faible mais inéluctable.
Une odeur qui ne venait pas du présent.
Une odeur qui venait juste de l'avenir.
Des jours sombres s'annoncent. Quand Jinid vit déboucher Fergus des bois, elle ne put contenir une remarque sur un ton ironique
– Eh bien ! J'ai cru que je m'étais trompée d'heure. Heureusement que personne ne nous attend !
– Désolé, fit-il, je dois faire visiter l'île à un nouveau. Un petit des Jaunes nommé Jam.
– D'accord, lui murmura-t-ellemais ne traîne pas trop, sinon on va se f…
– Salut, jolie jeune fille, la coupa Jam.
Jinid aurait juré qu'une seconde plus tôt, il n'y avait personne aux alentours. D'où sortait-il ? Et puis, ce nouveau dégageait… quelque chose qu'elle ne parvenait pas à définir, une aura, qui lui rappelait…
– Je m'appelle Jinid, enchantée, répondit-elle en lui souriant, ignorant la lueur mortifiée dans les yeux de Fergus. Je pense qu'on va bien s'entendre… Mais je dois y aller, à plus tard, monsieur tonnerre.
Elle lui fit la bise, et partit en courant vers le volcan. Jam et Fergus repartirent dans la direction opposée, l'un un peu rouge, l'autre l'air renfrogné. À quoi jouait Jinid ?
– Tu crois qu'elle fait ça à tout le monde, ou bien elle a eu le coup de foudre pour moi ? demanda Jam.
– C'est la première fois que je la vois se comporter comme ça, répondit le colosse, un peu amer. Et pourtant, je la connais depuis bien longtemps.
– Donc, j'ai une touche ? Elle est assez jolie, mais peut-être un peu PMP. Et puis, elle avait l'air… lumineuse.
– PMP ? Qu'est ce que c'est encore que ça ?
– Oh, laisse tomber, rétorqua-t-il avec un regard condescendant, je t'expliquerai ça un jour. Mais comment a-t-elle deviné que je joue un deck tonnerre ?
– Elle a pu deviner ton deck ? C'est pour ça qu'elle t'aime bien, supposa Fergus.Mais tu verras, ça devrait s'inverser au cours de l'année. Ne te fais pas de faux espoirs.
Et toute trace de rancune avait disparu de sa voix.
6 – Crépuscule du jour funèbre
Spoiler :
Le soir tombait sur la Duel Académie, dernier soir avant l'hiver. Le ciel prenait peu à peu une teinte à la fois rose, violette, rouge. Ce jour de deuil s'achevait enfin. Cette fois, c'en était trop. Éploré, perché sur ce toit, Mathys n'avait cessé de réfléchir. Ça ne pouvait pas être… ce serait une trop grosse coïncidence. Mais après tout, n'était-ce pas comme ça qu'il avait commencé à jouer ? Pesant le pour ou le contre, il avait évalué toutes les possibilités. Et il avait pris sa décision. Il lui demanderait vérification en face. Et, s'il avait raison, après deux ans, ce cauchemar, son cauchemar, serait enfin vengé. Camille est encore en larmes. Elle se relève, mais est chancelante. Elle a conscience que quand elle est comme ça, le seul moyen de retrouver de l'énergie, c'est de se faire un mec. Pff… 15 ans seulement, mais elle commence déjà à trouver ça banal, et un petit peu à en avoir marre. Enfin, ce n'est pas sa faute. Après tout, il y a des filles beaucoup plus malheureuses sur ce point. Allez, aujourd'hui, un de chez les Bleus. Elle repassa par sa chambre, pour troquer ses vêtements chauds contre quelque chose de plus aguicheur. Jam se dirigeait vers le château des Bleus. C'était le seul endroit que Fergus n'avait pas pu lui faire visiter, car les Obelisk avaient la sale manie de jeter les intrus dehors. Mais Jam connaissait ce genre de situation. Jam ne se faisait pas jeter dehors. Il passait. On n'attrapait jamais Jam, on n'entendait jamais Jam, on ne voyait jamais Jam. Il avait découvert, au fil des ans, sa capacité presque surnaturelle pour passer inaperçu s'il le voulait. Pratique quand on est un gringalet incapable de se servir de ses poings. Ce qu'il avait été toute sa vie. Ce qu'il serait peut-être pour toujours.
Refoulant le questionnement sur lui-même qui montait en lui, sans être vu par la quinzaine d'élèves discutant dans le hall, il entra dans le dédale blanc. Après avoir fait visiter l'île au nouveau, Fergus se prit à errer sur l'île, contemplant pour la première fois en trois mois la beauté de la forêt. La fin de l'automne était proche, mais autour de lui volaient encore des tourbillons de feuilles de feu, et les arbres nus chantaient une élégie à leur parure perdue. L'hiver était proche, et bientôt le monde serait couvert de nappes blanches et immaculées. S'asseyant sur le rebord d'un puits abandonné, il huma l'air marin, mêlé à une pointe d'odeur de menthe poivrée. Empli de cet air frais, il repris sa route.
Fergus finit par rejoindre Jinid près du dortoir Rouge. Elle revenait tout juste d'une excursion solitaire du lieu où ils auraient dû aller ensemble. Saleté de nouveau. Il repéra des fleurs par terre. Rouges, formant deux bouquets. Le genre d'objet totalement incongru ici.
– Est-ce que tu sais à qui sont ces fleurs, par terre ? demanda-t-il
– Aucune idée. Alors, comment s'est passée cette promenade ? À cause de ça, j'ai dû rester seule, lui dit-elle, mais c'est tout à fait compréhensible. Jam est un des élèves promis au plus grand avenir.
– C'est vraiment lui ? demanda-t-il. Qu'a-t-il de si spécial ?
– Il a une aura. La même que l'autre. Et il peut aussi voir les auras des autres, contrairement à l'autre, qui ressens juste de l'attirance pour moi. Et qui s'en sort très bien au lit…
– Quoi ? fit-il, estomaqué.Tu as… avec…
– Si tu avais vu ses avances… rétorqua-t-elle d'un air malicieux. Je ne pouvais pas lui dire non. Et puis, je ne t'ai jamais promis d'être fidèle…
– Mais… Mais…
– Et puis, mets-toi à leur place. Tu as vu comment Jam me regardait ? Je dois être la plus belle chose de l'Univers, à ses yeux.
– Justement, répliqua Fergus, à nouveau sérieux, je n'aime pas trop la façon dont il te regarde. Ni tes histoires
– Tu sais bien que c'est toi que je préfère, lui dit-elle en se blottissant contre lui. Infiniment.
Elle déposa sur ses lèvres un baiser fugace.
– Tu viens ? demanda-t-elle. Camille vient de partir, il n'y a que nous Mathys fut étonné de croiser Camille dans le dortoir Bleu, dortoir où elle avait été, juste quelques semaines plus tôt, un objet de haine générale, et qui plus est, pendue au bars de Vin, un gars qui l'avait bien détestée. Mais il choisit de ne pas relever et de la saluer.
– Bonjour Camille. Je crois que certaines personnes te cherchent ; on raconte que tu as disparu toute la journée. Mais je crois t'avoir aperçue sur le toit de ton dortoir, c'était bien toi ?
Elle répondit qu'elle allait aux toilettes. Mathys ne put s'empêcher de sourire. Il échangea quelques mots avec Vin et repartit. Il avait du boulot. Entre la préparation de ce foutu tournoi hivernal, et ça, il n'avait plus une seconde à lui. Jam avait observé la scène. La fille blonde – Camille, s'il avait bien entendu – était jolie, et le fait qu'elle se promène à moitié nue ne lui déplaisait pas. Mais elle n'était pas aussi belle que Jinid, tout de même. Il se glissa dans la chambre où elle s'enferma avec le jeune Obelisk. Caché dans un coin, il attendait de voir ce que ferait le garçon en noir ; car il voulait du mal à la fille, c'était sûr. Sinon, pourquoi aurait-il demandé à son camarade de lui donner un somnifère ? Quand ils eurent fini, elle se remplit un verre de soda (light, évidemment), et partit se doucher sans le boire. Vin, même pas rhabillé, mit le cachet blanc que lui avait remis Mathys dans le verre.
Quelques minutes plus tard, elle revint, et but son soda, se dirigea vers ses vêtements toujours en boule au pied du lit, et tomba d'un coup dans le sommeil. Efficace, le produit.
Il suivit Mathys quand il sortit par la porte de derrière, la transportant dans ses bras ; il le suivit jusqu'au pavillon des vacances. Puis, il partit en courant vers le dortoir rouge, pour prévenir Jinid qu'une de ses camarades s'était fait enlever. Lorsqu'elle se réveilla, Camille était totalement ligotée. Mathys se tenait debout, une lueur de haine sans son regard.
– C'est du solide… dit-elle sur un ton ironique. Et donc, toi ton truc c'est plus le bondage ?
– Oh, bientôt tu ne rigoleras plus. Et ce pour très longtemps.
– Je ne crains rien de ce que tu peux me faire, cracha-t-elle
Alors il se pencha vers elle, et lui dit un seul mot.
Un mot.
Un nom.
Dans le cri de Camille se mêlèrent la peur et la souffrance. Infinies. Aurore se releva, s'étira, bailla, et, sortant des feuilles d'une poche de son manteau, dit à Akiro :
– Je veux bien sortir avec toi, mais seulement si tu signes ce contrat. Je te laisse lire, je rentre au dortoir, je suis crevée.
Et elle repartit, laissant Akiro seul avec le document. Il le ramassa.
– 6… 7… 8 pages ? Qu'est-ce que ça raconte, ça ?
Contrat de relation de couple Partie d'Aurore : Article 1 : Aurore a tous les droits Ta partie, dude : Article 1 : Tu obéis sans réplique à Aurore
Article 2 : Tu ne touches pas les autres filles
Article 3 : Tu ne regardes pas les autres filles
Article 4 : Tu ne penses pas aux autres filles
…
Article 39 : Tu te brosses les dents 4 fois par jour pour garder une haleine impec
Article 40 : Tu es le meilleur dans tout ce que tu entreprends
…
Article 107 : Tu ne fais pas de crise de jalousie si Aurore fréquente d'autre garçons
…
8 pages, 150 articles ! Il fut interrompu dans sa recherche d'un stylo au fond de ses poches par l'irruption de Fergus, Jinid et un petit blond qu'il n'avait jamais vu.
– On sait tous que vous êtes débridés, les deux, déclara-t-il, mais maintenant vous invitez des gamins ?
– Camille a été droguée et enlevée par Mathys, répondit Jinid. Ils sont dans le bâtiment. C'est Jam qui les a vus entrer ici. Mais qu'est-ce que tu fais là, toi, au juste ?
– On verra ça plus tard ; d'abord, il faut la retrouver. Mais le bâtiment est immense, et on va devoir faire toutes les chambres une par une. Espérons qu'on arrive avant que ce malade ne fasse un truc dangereux. Lorsque Jinid, Jam, Fergus et Akiro arrivèrent, Camille était attachée sur la table. Elle ne portait pas de traces de blessures graves, sont corps était constellé de nombreuses coupures, et on pouvait voir à son expression ravagée qu'elle avait éprouvé une grande souffrance, autant psychologique que physique.
Mathys, un scalpel à la main, abordait cet air enragé, mais en même temps ravagé ; on aurait dit que lui aussi avait souffert. Jinid et Jam, l'air choqués, commencèrent à détacher Camille ; Akiro, pris par une rage incroyable, s'élança pour le frapper magistralement, mais Fergus le retint.
– Ne lui fait pas de mal, déclara-t-il, cela pourrait nous attirer de gros ennuis. Réglons cela par un duel.
– Non, je me fiche des conséquences, laisse-moi lui défoncer la gueule !
– Personne n'en sortirait gagnant. On se ferait tous virer. Mais là, je propose que si tu gagnes, on le dénonce, il sera renvoyé, et passera sûrement au tribunal. Mais il faut une contrepartie. Qu'est-ce que tu proposes, le bourreau ?
– J'accepte, répondit Mathys. Mon adversaire sera donc Akiro ? Si tu perds, vous me lassez une heure avec Camille, et vous ne dénoncez rien de tout ça. Je m'engage à vous la rendre vivante et en un seul morceau. Ce qui n'est rien, pour ce qu'elle a fait.
– Hors de question ! cria Akiro. On ne la laissera pas plus entre les mains de ce malade. Je ne sais pas ce qu'elle a foutu par le passé, si elle a tué, volé, ou je ne sais quoi d'autre, et je m'en fous. Tu ne lui feras pas de mal !
– J… j'accepte, dit d'une voix faible et brisée Camille, que Jinid avait détachée pendant la discussion. Ce qu'il… dit est… vrai. Je… je le mérite. L'accord était ainsi passé. Chacun des deux adversaires dégaina son Disk et son deck. La tension était palpable. Le silence s'abattit.
7 – Songe d'une nuit d'hiver
Spoiler :
Par l'unique fenêtre tombaient les premiers rayons de la dernière lune d'automne. La lumière flamboyante avait chuté derrière l'horizon. Et l'ombre planait sur le monde, observant avec application. Camille laissa son regard aller sur ceux qui se battait pour elle. Pour son châtiment. Pour son passé. Akiro et Mathys se faisaient face. Ils avaient des apparences très différentes, l'un grand et menaçant, dans son manteau bleu presque noir, un air froid et le visage blafard ; l'autre rayonnant dans son manteau jaune terne, vif, le visage fermé, respirant la vie avec son teint bronzé ; mais ils se ressemblaient, avec leurs cheveux de jais, organisés ou en bataille, et leurs yeux de ténèbres, trempés dans l'encre noire de la nuit, criant la rage sans bruit. Ils tirèrent leurs cartes d'un geste. Le silence est bien plus que l'absence de bruit. C'est une âme qui erre par le monde. Et cette nuit, le silence avait pris possession de toute chose dans le dortoir. Même le vent se taisait. Même les souffles, même les cœurs. Tous les souffles et tous les cœurs. Mathys commença par invoquer Héliotrope Colonie du Mal et posa deux cartes. Akiro activa Destruction de Main, et se défaussa de Tranchant Cyberténébreux et de Partisan Dragunité, tandis que Mathys envoyait Golem Colonie du Mal et Lame Malveillante, Héros Du Mal au Cimetière. Akiro posa une carte, et invoqua spécialement Cyber Dragon, puis Corne cyberténébreuse qu'il équipa de Partisan Dragunité. Il attaqua, mais Mathys activa sa carte Annulation D'attaque. Pas une parole n'avait été échangée. Le silence broyait toute chose dans son étau de néant. Le Duel continuait. Un affrontement n'est qu'un souffle, qu'un seul geste, qu'il dure une seconde ou une heure chantait la brume, à mille lieues. S'invoqua spécialement Mandragora Colonie du Mal, qui se sacrifia pour faire venir l'Émissaire du Pandémonium. Un autre monstre apparut à son côté. Deux jumeaux. Entre le démon et l'humain, emplis d'éclairs, ils n'étaient que haine foudroyante. L'un blanc, l'un noir, unis dans le but de détruire.
Puis se révéla la Forme Sœur, qui, se synchronisant avec l'Héliotrope Colonie du Mal, fit apparaître le Guerrier Gravité, dont l'attaque monta a 2700 points. Les Jumeaux Voltaïques se synchronisèrent avec l'Émissaire du Pandémonium, et apparut sur le terrain le gigantesque Highlander des Ténèbres, faucheur implacable, seigneur d'un Achéron soudain moins lointain. La faux de l'Highlander s'abattit sur le Partisan Dragunité équipé à la Corne cyberténébreuse ; les points de vie d'Akiro chutèrent à 3600. Puis ce fut l'offensive. Le Guerrier Gravité se jeta sur le Cyber Dragon ; ce dernier, après quelques instants de lutte, fut anéanti. Alors, l'Highlander fit tomber sa faux, d'abord sur la Corne cyberténébreuse, puis directement sur Akiro. Si le monstre avait été réel, Akiro n'aurait plus eu de tête. Il n'avait que 1000 points de vie. Et Mathys en avait toujours 4000. Camille était calme. Prête à affronter ce qui arriverait. Elle avait été surprise que Mathys l'aie trouvée, mais elle savait qu'elle paierait un jour. Elle était prête à payer le passé, prête à souffrir.
C'était sa faute, après tout. Akiro invoqua spécialement un autre Cyber Dragon, puis Cyber Dragon Drei, dont l'effet augmenta son niveau. Ayant ainsi deux monstres de niveau 5, il fit l'invocation Xyz du Numéro 33 : Machu Mech Chronomal. Il activa l'effet de la citadelle, sur le Guerrier Gravité. Les points de Machu Mech montèrent à 3000, tandis que ceux de Mathys tombaient à 3400. Le monstre gigantesque attaqua l'Highlander des Ténèbres d'un grand coup de canon, toujours silencieux. Akiro posa une carte. Le néant sonore perdurait. Pas un mot n'avait été échangé. Tout au monde n'existait plus que par ce duel. Au dehors, il n'y avait plus d'oiseaux ni d'insectes dans le ciel. Le temps même semblait s'être arrêté. Le Duel continuait, inexorable. Atemporel. Le Cyber Dragon revint à la vie par une magie, et la venue d'un Diapason Des Ténèbres lui permit de se synchroniser aux ténèbres, pour faire naître l'Archdémon du Monde Mental. Il coûta au ténébreux 1000 points, afin que le monstre de trépasse dans une Trappe sans Fond. Le compteur affichait 2400. Machu Mech se gorgea une fois de plus de la force du Guerrier Gravité, jusqu'à 3600. De sa nouvelle puissance, il agressa l'Archdémon, qui repartit en ses limbes. 1000 – 1000
Les chiffres flottaient dans l'air, sans rien signifier. Le combat ne s'achèverait plus avec les points, mais avec l'écrasement de l'un par l'autre. Les ténèbres de Yami, mais le Guerrier Gravité ne put que chercher la défense. Balayé par les canons lumineux de la cité volante, il retourna à la terre. Puis, dans la lumière de la Surcharge prit vie la bête mécanique, dont la position offensive malgré sa faiblesse annonçait un dénouement proche.
L'Appel des Ténèbres résonna sans un bruit. L'Émissaire du Pandémonium et la Lame Malveillante, bannies de l'outre-tombe, fusionnèrent en un Démon Malicieux, Héros du Mal, immense, flamboyant, tranchant même l'air de ses serres. C'était la fin. Le Démon Malicieux fondit sur la Cyber Chimère. Les griffes du démon s'abattirent sur la machine, signant la fin du dernier rempart d'Akiro. Le Duel était terminé. Une explosion, flamboyante mais incroyablement silencieuse, aveugla le monde.
Quand on put à nouveau voir, les compteurs des deux joueurs affichaient un nombre nul.
La Chimère avait été pris dans la carte d'Akiro. Un Anneau de Dévastation. Une égalité. Akiro lança à Mathys la carte de l'Anneau de Dévastation. Mathys l'attrapa au vol, et, sans une seconde d'hésitation, la déchira. La chance ne sauverait plus jamais Akiro. Il deviendrait un puissant ou un faible.
Lorsque la carte céda , ce fut le silence qui se déchira. L'âme de néant ne possédait soudain plus rien. Le temps reprit son cours, les cœurs battirent à nouveau, les souffles reprirent. Les oiseux volèrent à nouveau dans le ciel, jouant avec les bourrasques hivernales. Ils repartirent, Camille s'appuyant sur Akiro et Jam ; Jinid dans les bras de Fergus. Les silhouettes s'éloignaient sous la pleine lune. Fergus avait discuté avec Mathys ; ce dernier renonçait à faire du mal à Camille, et eux ne feraient pas suite à l'histoire. Camille et Jinid, laissées par les garçons au dortoir Rouge, se dirigèrent vers la salle de bain commune. L'heure tardive avait éloigné les autres élèves, et la plupart étaient déjà dans ces contrées où vivent les rêves, rêves d'espoir, lumière au firmament ; rêves brisés, terreau des rêves à venir ; rêves perdus, bulles dans le vent. Elles laissèrent l'eau masser et réchauffer leurs corps endoloris. Elles prirent leurs temps, se frottèrent tour à tour le dos. Puis, Jinid aida Camille à désinfecter les nombreuses cicatrices dispersées sur son corps ; la plupart étaient superficielles, et devraient guérir rapidement, mais certaines avaient une apparence inquiétante. Il faudrait peut-être la recoudre.
Jinid se mit à éprouver un léger malaise lorsqu'elle remonta jusqu'à la poitrine de Camille. D'habitude, il n'y avait nulle pudeur entre elles, mais ce soir-là, voir ces seins proéminents et blessés la gênait, indéniablement. Le fait qu'elle soit de petite taille et à faible poitrine était la faille dans l'image que Jinid avait d'elle ; et même si cela laissait Fergus comblé, cela ne la satisfaisait pas, elle. Elle aurait aimé attirer tous les regards, comme Camille, mais son corps ne faisait pas tourner les têtes. Distraite, elle pinça les objets de convoitise, tirant un inaudible gémissement de douleur à Camille. Toutes deux subitement prises par la gêne, elles décidèrent, sur cet incident, de quitter le bain ; lavées et réchauffées, elles s'endormirent ensemble, côte à côte, la main dans la main, rêvant ensemble vers des jours plus chaleureux. Akiro et Fergus arrivèrent ensemble au bâtiment jaune. Ce dernier partit immédiatement se coucher, tandis qu'Akiro, passant sans regarder devant l'affiche annonçant le début du grand tournoi dans trois jours, se dirigea vers la chambre d'Aurore, d'un air décidé. Elle dormait paisiblement, ses cheveux bruns tombant en cascade sur son oreiller, étendue dans son lit qui aurait été assez grand pour accueillir une personne en plus. Baignée dans la douce lueur nocturne, elle était magnifique, sereine, dans l'innocence du sommeil.
Discrétion incarnée pour ne pas la réveiller, Akiro posa les feuilles sur le bureau. Nulle signature sur l'acte de soumission ; mais, à la place, était écrit « Dompte moi, si tu peux… » « Moi, l'Inconnu, je vais – seul – à la Grande ténèbre.
Le passé est stérile, l'avenir est funèbre
Aux tréfonds de mon âme, là n'est plus cette flamme
Et mon cœur torturé lacèrent en chœur ses lames Le temps et le destin l'ont reprise en leurs serres
Dans la nuit, cette vie, plume grêle, frêle et belle
Triste sort de nos fins à la main si cruelle
S'écoulant, flot ardent, au sort qui nous enserre Le fier roi du passé, le Xerxes, le brisé
N'a plus que de la vie les éternels supplices
Et les suppliques à Sélène obscure des sauvés Elle savait qui je fus, elle est parmi les ombres
Prise à l'orfèvre monde, lumière, délires, délices
M'emportant à la Nuit qui perdra le grand nombre… » Le sonnet ornait la page de garde du cahier vert. Apaisé par les alexandrins, Mathys se mit à tourner les pages, jusqu'à arriver à une feuille encore vide. Là, il entreprit de se raconter, lui, tel qu'il avait vécu. Son passé, sa haine, sa peine, son drame. Tout ce qui était la base de son être. Mais au final, il n'y avait qu'une phrase d'importante. Son cœur de granit ne put s'empêcher de libérer une larme, unique saphir roulant sur son visage, lorsqu'il en arriva à elle… « Elle s'appelait Minako… »
Fin de la première partie
Chapitre Hors-série – Mathys
Spoiler :
"Je suis le le ténébreux, – le veuf, – l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie ." Nerval Je m'appelle Mathys. Mon père est japonais d'origine, et ma mère, française ; j'ai grandi entre ces deux cultures. Mes parents sont tous deux cadres d'une multinationale franco-japonaise, et mon enfance a été une succession de déménagement entre ces deux pays. Nous partions toujours avant que j'aie eu le temps de me faire de véritables amis ; j'ai donc eu une enfance des plus solitaires, plongé dans des livres. J'aurais pu m'entendre avec mon frère et ma sœur, me dira-t-on, mais ceux-ci sont bien plus âgés que moi, et je n'étais pour eux qu'un petit morveux : ma sœur a 10 and de plus que moi, et termine ses études de médecine en Europe ; mon frère, de 15 ans de plus que moi, est cadre dans la même société que nos parents. Il vit au Japon, est marié, et son enfant devrait naître d'ici la fin de l'année. Lui a un poste fixe, donc son enfant devrait avoir une enfance paisible. Je lui apprendrai à jouer aux cartes, dans quelques années ; je pourrais être le protecteur que mon frère n'a jamais été…
Nos parents étaient très pris par le travail, et ils pensaient pouvoir se faire pardonner avec des cadeaux. Les sots. Je voulais juste de l'amour. Mais je n'ai reçu que des biens, des cartes à profusion, et même, ces dernières années, un studio à Paris, un à Genève, et un à Domino City.
Mais jamais je n'ai reçu de preuve d'affection.
Jamais.
Mes parents étaient des inconnus, et j'étais pour eux un inconnu.
Durant toute mon enfance, je n'ai eu de cesse d'être le meilleur, pour les impressionner ; j'étais le meilleur partout, j'ai travaillé sans repos, des années.
Mais en vain. Toujours plus de cadeaux, pour me récompenser, mais pas d'amour. J'aurais très bien pu ne fournir aucun effort, ne pas aller en cours, ça n'aurait rien changé pour eux. Il suffisait que je sois là les soirs où ils rentraient pour qu'ils soient satisfaits. La seule oasis dans cette vie de labeur, c'était elle.
Elle s'appelait Minako.
Je n'ai jamais très bien compris le lien qui unissait nos familles, sa famille modeste, la mienne riche, elle vivant parmi les masses, moi enfermé dans le luxe, … le seul rapport était l'origine franco-japonaise, mais chaque été, je partais chez elle. Quoi qu'il en soit, elle était la seule personne qui m'aimait vraiment. Elle était la personne pour qui je survivais toute l'année ; elle était tout pour moi.
Elle vivait près de Paris, dans un coin avec un immense centre commercial, qu'on appelle "la Défense", je crois, dans un appartement assez grand.
Je passais l'été avec elle, elle me faisait découvrir son monde : une piscine et une patinoire sous un centre commercial ("le Charas"), les passages secrets dans la Défense, …
Son anniversaire était juste avant l'été, et le mien juste après ; nous aimions nous dire que nous avions le même âge juste pendant l'été. Chaque année, à la moitié des vacances, nous allions ensemble acheter chacun un cadeau pour l'autre, même si, au final, nous prenions tous les deux la même chose. L'année de nos 10 ans, chacun acheta des cartes "Magic & Wizard", une nouveauté arrivée des Etats-Unis, crée par Pegasus. Ces cartes devinrent notre grand jeu : elle jouait les elfes, et moi les mages. Un petit jeu d'enfant qui est vite devenu une passion pour nous deux : nous nous entraînions pendant l'année pour être plus forts.
Mais, avec les victoires et défaites, rien ne changeait entre nous. Nous étions complémentaires. Elle était la seule personne que j'aimais.
L'an suivant, nous nous sommes offerts des cahiers, de la couleur préféré de l'autre : je lui en offris trois noirs, et elle m'en donna trois verts. C'est dans un de ces cahiers que j'écris mon histoire. Nous avons mis, en première page, MY, car c'étaient nos initiales à nous deux. MY… mon nom que je ne porte qu'en souvenir d'elle, sinon, je serais déjà une ombre anonyme, un souffle dans le ciel arpentant le monde… L'été suivant est plus net dans ma mémoire : nous étions allés plusieurs fois à la piscine, à la patinoire, et avions exploré la ville : une vieille bibliothèque en briques, un théâtre, une basilique romaine, un parc, fendu en deux par un plan d'eau incliné, en face d'une école rouge et blanche, …
Et puis, cet été là, Minako m'avait fait découvrir ma passion, mon rêve d'avenir : le Duel Turbo. J'ai tout de suite compris que ce type de duel est plus intense : la puissance du Runner, la vitesse, le ronronnement du moteur, … Une expérience inégalable. D'ailleurs, quand j'aurai fini mes études à l'Académie, je partirai pour Domino City, capitale, non, terre sainte des duels turbo.
C'est aussi cet été là que j'ai commencé à comprendre ce que j'éprouvais vraiment pour elle : auparavant, je n'étais qu'un gamin, et je me suis mis à ressentir cette émotion, chantée par les poètes, ce brasier froid qui fait trembler la cœur, ce chant multicolore qui dénigre la raison, cet amour indomptable que je lui portais.
Le dernier soir d'été, j'avais pris son cahier noir, et avais écrit mon amour, en un sonnet, agençant les mots, bâtissant une partition, une cathédrale, pour elle. Je savais qu'il me faudrait attendre presque un an pour avoir une réponse, mais c'était une épreuve que je m'imposais, par timidité, par une peur du rejet. Cette année fut la plus longue et la plus douloureuse de mon enfance. Je rejetais plus que jamais la présence des autres, je m'enfermais dans la lecture, et je commençai à composer, vers harmonieux, continuai plus que jamais à jouer du piano, toujours plus seul, une ombre n'attendant que l'été. Et il survint enfin. Je revis Minako.
Nous n'avions que 13 ans, mais nous ressentions déjà toute la force des sentiments. Durant deux mois, une véritable idylle. Il n'existait plus rien au monde que nous. Nous n'existions que l'un pour l'autre ; l'univers se résumait à nous. Nous découvrîmes ensemble l'amour. Le moment de la séparation vint en une seconde, les adieux furent déchirants.
D'autant plus que c'était la dernière fois que je voyais Minako.
Elle est morte trois mois plus tard, dans un accident. Tombée du haut d'un immeuble.
La nouvelle me détruisit. Je ne parlais plus, je mangeais à peine. À ce moment là, nous vivions au Japon, mais mes parents nous m'emmenèrent à son enterrement. Nous passâmes aussi chez elle, et, dans sa chambre, j'ai trouvé un paquet emballé, avec marqué dessus "Pour Mathys".
Dedans se trouvaient des cartes, des cartes redoutables ; celles que j'utilise aujourd'hui. Les démons. Ils sont depuis lors la voix en moi de la vengeance ; vengeance contre ceux mentionnés dans son journal, ceux qui l'avaient envoyée à la mort. Tout était écrit dans son journal, notre cahier noir.
Elle s'était faite une amie, une jeune fille de son âge, blonde, incroyablement belle, nommée Camille. Elle adorait elle aussi les Duels.
Mais, un jour, disant l'inviter chez elle, elle l'entraîne dans un guet-apens tendu par quatre jeunes hommes. Ces derniers connaissent Camille ; d'ailleurs, celle-ci ne se débat pas quand ils l'attachent et la violent. Rejoints par d'autres compères, ils s'en prennent aussi violemment à ma douce. Traumatisée, elle reste cloîtrée chez elle pendant plusieurs jours. La police ne trouve rien. Elle n'a plus foi en le monde.
Elle se sent de plus en plus faible ; un simple rhume la ravage. Inquiète, elle fait une analyse de sang, et apprend que ses agresseurs lui ont transmis des infections dont elle ne guérira jamais.
Elle raconte ensuite sa longue dépression, son envie de mort. Et les derniers mots du cahier, avant qu'elle ne parte, sont "Je ne fais qu'abréger mes souffrances. Désolée pour notre amour détruit. Adieu Mathys, je t'aimerai toujours." J'ai décidé de vivre comme elle l'indiquait : suivre notre passion jusqu'au bout. C'est pour ça que j'ai intégré l'Académie. Mais, il me reste une chose à faire. Les mois qui ont suivi le suicide de Minako, j'ai consacré tous mon temps à la vengeance. J'ai quitté, fui ma famille, et je suis parti vivre seul à Genève, là où mes parents n'avaient pas d'influence. De là, j'ai enquêté, retrouvé tous les noms, tous ces porcs. Mais, ils se mirent tous à mourir dans des incendies.
Quelqu'un d'autre voulait venger une autre victime, apparemment. On nomma cette affaire "le pyromane des bas quartiers".
Quoi qu'il en soit, la seule personne coupable encore en vie est cette Camille, envoyée sur le chemin par le destin.
Et, même si j'ai renoncé à lui faire du mal, pour un pari, un bête pari, tant qu'elle vivra, je ne pourrai pas pleinement vivre. Alors, cette histoire finira inexorablement par la mort d'un de nous deux.
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